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par Antoine Champagne - kitetoa

Qui connaît l’échelle ouverte de l’ONU ?

Au Yémen, les morts s’accumulent. Parfois même des enfants, si l’on en croit cette photo qui devrait, assez logiquement refroidir n’importe quel diplomate endurci par les négociations et les compromissions inhérentes à ce rôle. Et demain, lorsque la Chine réprimera avec encore un peu plus de violence qu’à son habitude des manifestations pour la démocratie, que fera l’ONU en se basant sur son échelle ouverte ? Le Charles de Gaulle sera-t-il envoyé au large des côtes chinoises ?

Qui pourrait condamner la décision de l’ONU visant à interdire le colonel Kadhafi de bombarder la population libyenne ? Pas grand monde. Toutefois, les décisions de l’Organisation des nations unies sont difficilement lisibles. Il manque une échele, un peu comme pour celle de Richter. Grâce à l’échelle ouverte de Richter, chacun peut mesurer la puissance d’un tremblement de terre. Ils sont tous égaux en ce qu’ils sont des soubresauts de la planète, mais sont plus ou moins violents et classés dans un ordre précis. Avec les décisions de l’ONU, c’est un peu plus compliqué. Jusque il y a quelques jours, le colonel Kadhafi faisait partie de la commission des droits de l’Homme de l’ONU. Aujourd’hui, c’est un proscrit. Et l’ONU autorise des Etats à déclencher une guerre. Même si on ne l’appellera pas comme ça, il s’agit bien d’une guerre. Avec des avions de chasse, des militaires et tout le toutim. Pour une intervention en Irak, pas besoin de décision de l’ONU. Ah, tiens… Et pour les autres pays ?

Nicolas Sarkozy, le nouveau va-t-en-guerre, on ne peut pas comparer les événements en Tunisie, en Egypte et en Libye. De fait, la répression en Tunisie et en Egypte n’avait pas pris de telles proportions. Fort bien. Mais pour des pays comme Bahreïn, la Syrie, la Côte d’Ivoire ou le Yémen, on les classe comment sur l’échelle ouverte de l’ONU ?

A Bahreïn, les opposant appellent également au secours et depuis le couvre feu, des rapports alarmants font état d’exactions révoltantes. On comprend bien qu’avec un pays comme l’Arabie Saoudite qui est entrée militairement dans le royaume de Bahreïn, c’est un peu plus compliqué que pour la Libye. Pas simple de s’opposer à un allié de poids qui en outre est le premier fournisseur d’or noir. Ajoutons à cela qu’il est difficile de trouver une logique à s’élever contre  la présence de troupes saoudiennes à Bahreïn tandis que l’on se félicite de leur appui pour aller bombarder le colonel Kadhafi.

Au Yémen, les morts s’accumulent. Parfois même des enfants, si l’on en croit cette photo qui devrait, assez logiquement refroidir n’importe quel diplomate endurci par les négociations et les compromissions inhérentes à ce rôle.

Et demain, lorsque la Chine réprimera avec encore un peu plus de violence qu’à son habitude des manifestations pour la démocratie, que fera l’ONU en se basant sur son échelle ouverte ?

Le Charles de Gaulle sera-t-il envoyé au large des côtes chinoises ? Si tant est qu’il puisse enfin sortir de la rade de Toulon ?

Quant aux avions que l’on annonce pour les bombardements imminents en Libye, les Rafales, que l’on voulait vendre au colonel Kadhafi il y a quelques années… Est-ce pour en prouver l’efficacité aux insurgés, histoire qu’ils en achètent lorsqu’ils seront au pouvoir ? Comment ça le trait est forcé ? N’est-ce pas Nicolas Sarkozy qui profite de la catastrophe nucléaire au Japon pour vanter l’EPR et la filière française du nucléaire ?

Les insurgés libyens ont déjà probablement fait connaissance avec les armes françaises et ont sans doute pu en juger l’efficacité. La France a beaucoup exporté vers la Libye. Ils connaissent aussi les mirages français. Vu leur soudain engouement pour le président français, ils seraient quand même bien peu reconnaissants s’ils n’achetaient pas quelques missiles Milan eux aussi, pour bombarder on ne sait qui.

Il est vraiment temps que l’ONU publie les informations qui lui permettent de composer son échelle permettant de prendre une décision d’intervention pour sauver les populations. Et même, si elle était cohérente, l’ONU pourrait prendre le problème à la racine et interdire l’exportation d’armes. En règle générale. Quand à ceux qui en produisent, ils seraient mis à l’index de la communauté internationale des êtres HUMAINS.

 

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