Quel avenir pour l'Europe de la Défense ?
Le contexte international pourrait permettre l'émergence d'un début de mécanisme de défense européen
Le serpent de mer qu’est l’idée d’une Défense européenne est peut être prêt à sortir de l’eau. Depuis quelques années, les déclarations des dirigeants européens et les décisions prises par leurs alliés laissent à penser qu’une Europe qui assure sa propre sécurité n’est pas si loin que cela. Cependant, la complexité de la machine de l’Union européenne et des relations internationales pourraient entraver ce projet.
Fin juin, neuf pays européens ont officiellement lancé l'Initiative européenne d'intervention (IEI). Contrairement à ce que son nom pourrait indiquer, l'IEI n'a pas vocation à devenir une force d'intervention au service de ses contributeurs ou de l'Union européenne (UE). Il s'agit en fait d'un mécanisme indépendant de l'UE et de l'OTAN. L'objectif de l'IEI est de rapprocher les états-majors européens pour faciliter les échanges et la constitution d'une culture stratégique commune. La création de l'IEI est un pas supplémentaire vers l'Europe de la Défense.
D'où vient l'idée d'Europe de la Défense
Si, dans les années cinquante, la France est à l’initiative de la proposition et, finalement, du rejet du projet de Communauté européenne de défense (CED), sa position a aujourd’hui changé. Dans le contexte historique et géopolitique de l’époque, il était inconcevable, pour les autorités françaises, de réarmer l’Allemagne (la RFA en l’occurrence) moins de dix ans après le second conflit mondial. À noter que les britanniques et les américains y étaient très favorables. Les derniers, inquiets de leur engagement en Corée et de son coût, voyaient d’un bon œil le réarmement du Vieux continent face au bloc communiste et un éventuel conflit qui éclaterait en Allemagne. Le projet de CED, amorcé en 1950 avec l’idée d’une Europe fédérale, est finalement réduit à néant, en 1954, par le refus français de ratifier le...