Quand les services du fisc rentrent dans ta chambre à coucher
C'est une histoire qui en dit long sur l'état de la société et du droit. Figurez-vous qu'aujourd'hui même, ce matin, une femme d'un certain âge s'est approchée de mon portail après être sortie d'une banale voiture individuelle à la portière cabossée. Elle tenait une liasse de papier et portait bien son tailleur. — Vous êtes bien Monsieur Drapher de chez Drapher ?, me dit-elle. — Oui, oui, fais-je. — C'est pour le contrôle de la redevance — Ah. — Vous avez déclaré ne pas avoir le télé.
C'est une histoire qui en dit long sur l'état de la société et du droit. Figurez-vous qu'aujourd'hui même, ce matin, une femme d'un certain âge s'est approchée de mon portail après être sortie d'une banale voiture individuelle à la portière cabossée. Elle tenait une liasse de papier et portait bien son tailleur.
— Vous êtes bien Monsieur Drapher de chez Drapher ?, me dit-elle.
— Oui, oui, fais-je.
— C'est pour le contrôle de la redevance
— Ah.
— Vous avez déclaré ne pas avoir le télé.
— C'est toujours vrai. Je n'ai pas la télé. Et ça risque de durer.
— Je peux rentrer pour contrôler ?
Là, je reste un peu désemparée et lui demande les sourcils froncés :
— Rentrer chez moi ? C'est une plaisanterie ?
— Pas du tout, j'ai besoin de vérifier…
Je me gratte un peu la tête et lui dis que "quand même, ce n'est pas autorisé de rentrer chez les gens comme ça, que l'Etat n'a pas tous les droits, hein ?"
Elle ne se démonte pas et me lance :
— Je suis assermentée.
Pourquoi cette phrase à deux centimes d'euros a-t-elle eu une influence sur mon jugement ? Je ne saurais dire. Je lui dis quand même :
— Mais je peux vous dire "non", quand même ?
Sa réponse finit de flinguer ma dernière bribe de jugement :
— " Vous faites ce que vous voulez"
C'est à ce moment que j'ai purement déconné. Je me suis dit "bon, t'as pas la télé, donc tu ne risques rien. Si tu l'envoies péter,...