Procès du vol Rio-Paris : l’implacable loi de Murphy
Omerta généralisée, complaisance institutionnelle, manque de réactivité… le crash était-il écrit d’avance ?
La loi de Murphy communément appelée « loi de l’emmerdement maximum » est en réalité une théorie élaborée par un ingénieur aérospatial, Edward Murphy, à la fin des années 40. Dans la conception des avions et des fusées on part du principe que « le pire est certain ».
Ce précepte établi peut se traduire par « tout ce qui est susceptible d’aller mal, ira mal, tôt ou tard ». Or, dans l’affaire des sondes Pitot qui ont occasionné le crash du vol AF 447, l’administration française et européenne, Airbus, et Air France, ont réagi comme si la loi de Murphy ne s’appliquerait pas. Là n’est apparemment pas la seule entorse faite au respect des procédures et à la logique des choses, dans un milieu où l’erreur et le laisser-aller ne pardonnent pas.
Au procès du crash de Rio, on se croirait parfois dans une unité Alzheimer tant les témoins ont la mémoire qui flanche sur ce qui demeure le plus grand drame d’Air France, survenu avec un Airbus A 330 en 2009. Il faut dire qu’au regard des manœuvres dilatoires orchestrées par Air France et Airbus (13 ans d’instruction), certains appelés à la barre ont avancé en âge ; d’autres sont décédés en emportant au ciel leur savoir et leurs secrets. Cela rend la tâche de la juge Sylvie Daunis et des avocats des parties civiles encore plus ardue.
Alors qu’Air France accuse Airbus d’avoir manipulé une expertise, on pressent que l’entente cordiale entre ces deux prévenus se fissure au gré des audiences. Mais l’heure est venue d’entendre l'ancien pilote d’essai d'Airbus, Armand Jacob, qui comparait en tant que témoin mais semble subir les affres d’une mémoire en pointillé. Notamment quand il s’est agi de se souvenir des circonstances d’un incident arrivé dans une autre compagnie, Air Caraïbes, en septembre...