Procès bâillon, accusations bidon ?
Les avocats d’Altice s’embourbent dans leurs contradictions
Le procès du groupe de Patrick Drahi entend interdire aux médias d’utiliser les documents diffusés par le groupe de pirates HIVE en invoquant le secret des affaires et un trouble à l’ordre public. Si leur demande était suivie par le tribunal, elle pourrait remettre en cause la possibilité pour les journalistes d’investigation d’utiliser des leaks à l’avenir. Compte-rendu d’audience.
Mardi 27 septembre, le tribunal de commerce de Nanterre se penchait sur le référé lancé par Altice Group Lux S.à r.l., Altice France et Valais Management Services (le Family Office de la famille Drahi). Les trois sociétés, par la voix de leur avocat demandent le retrait de quatre articles de notre site sous astreinte de 500 euros par jour de retard, la suppression des données issues du piratage par le groupe de ransomware HIVE dont nous aurions éventuellement copie. Les trois sociétés souhaitent également «interdire à Rebuild.sh la publication ou la diffusion de tout contenus se rapportant aux données piratées, interdire à Rebuild.sh d’accéder aux données piratées par le groupe HIVE ou de les télécharger ». On ne saurait mieux définir la censure des journalistes d’investigation. Un comble pour une entreprise qui détient autant d’organes de presse. Le juge, accompagné de sa greffière, semble un peu ennuyé. «C’est mon premier référé et c’est une grosse affaire», glisse-t-il aux avocats.Dans la salle, l’AFP, Mediapart, la Lettre A… et Reflets, ont fait le déplacement. Pourtant c’est tout un pan des méthodes de travail des journalistes d’investigation qui est menacé dans cette affaire. Celle-ci concerne in fine tous les médias.
«La presse peut-elle écrire des articles basés sur des documents volés par des pirates informatiques? Cette question est au cœur d'une procédure en justice intentée par Altice, le groupe du milliardaire Patrick Drahi, contre le journal en ligne...