Prévenu d'agression sexuelle sur un élève, l'ex directeur de St. Jean de Passy oppose sa réputation
L'ordinateur de Daniel Chapellier contenait des fichiers porno pouvant représenter des mineurs
Alors directeur de l'établissement catholique Saint-Jean-de-Passy, Daniel Chapellier, 75 ans, est jugé depuis mercredi 21 mai par le tribunal de Nanterre pour agression sexuelle sur un élève de 4ème , âgé de 14 ans à l'époque. Au tribunal, il a rappelé son parcours exemplaire d'éducateur, a crié à la calomnie et a balayé les accusations du garçon. L'audience reprendra le 6 juin.
À son procès pour agression sexuelle sur un mineur de moins de 15 ans, Daniel Chapellier a convoqué douze témoins. Douze hommes sévères engoncés dans des costumes stricts, alignés au fond de la salle bondée du tribunal de Nanterre, ont décliné leur identité avant de rejoindre les bancs en ferraille déglingués de la salle des pas perdus. A travers la baie vitrée, ils ont pu contempler un bon moment des immeubles de bureau. Vers 18h, ils ont été rappelés, non pour enfin témoigner, mais pour écouter la présidente leur dire qu’il va falloir revenir le 6 juin, parce que, faute de temps, on ne pourra pas les entendre aujourd’hui. Ils sont restés apparemment stoïques, bougonnant à peine et prenant note dans leur agenda surchargé. L’un a quand même demandé : « On pourra envoyer un témoignage vidéo ? »
Pour se laver des accusations d’un élève de 14 ans, qui l’accuse du lui avoir touché le sexe et de lui avoir fait toucher le sien lors d’un entretien dans son bureau, l’ancien directeur de l’établissement catholique sous contrat Saint-Jean-de-Passy (SJP), dans le 16e arrondissement de Paris, a choisi la stratégie de la réputation, et la sienne serait immaculée.
Saint Martin de Pontoise (95), Juilly (77), Stanislas (Paris), Sainte Marie (Blois), Saint Jean de Passy, l’intransigeant pédagogue se targue d'avoir redressé des établissements parfois moribonds et dirigé les plus prestigieux établissements scolaires catholiques, « soucieux d’une éducation intégrale. » Septuagénaire rigide aux méthodes « à l’ancienne », Daniel Chapellier incarne un système : la discipline inflexible et l’excellence scolaire.
Dans son sillage, des parents reconnaissants, des enfants propulsés vers l’excellence, des hommes façonnés par le brillant éducateur de l'élite française. Des centaines de lettres de soutien et douze hommes en costume à l'air important, venus ce 21 mai à Nanterre pour défendre l’honneur d’un homme, et qui devront encore patienter pour chanter ses louanges au tribunal.
Et puis il y a Vincent, élève de 4ème à SJP, qui accuse le directeur de 71 ans à l’époque de l’avoir agressé sexuellement. « Il venait d’avoir 14 ans, c’était un garçon souriant et sympathique, d’une intelligence vive. Il était d’une grande générosité, avec beaucoup d’empathie que masquait une certaine nonchalance, » décrit sa mère à la barre.
Aujourd’hui âgé de 18 ans et scolarisé en Angleterre, il n’a pas pu faire le déplacement pour soutenir sa version des faits, qu’il a maintenue avec constance et dans le détail pendant toute la procédure.
La présidente demande à la mère : « Comment Vincent vous a parlé de ce qu’il dit avoir subi ? _»
« Il est rentré un peu en avance, vers 13h30. J’étais à la maison avec nos trois autres enfants. Il a posé son sac et est monté prendre une douche, ce qui est assez inhabituel. Il est redescendu changé, s’est assis à table. Il ne touchait pas à son assiette. Nous, on savait qu’il avait un rendez-vous avec le directeur, alors je lui ai demandé comment ça s’est passé. Il m’a répondu : "ils m’ont laissé une seconde chance". »
Depuis quelques mois, l’aîné est dans une mauvaise passe. Des notes «pas fameuses» (28ème sur 35), quelque 17 mots dans son carnet de liaison (1er sur 35), qui signalent des incidents selon les critères de SJP : un pan de chemise qui dépasse du pantalon, un masque sous le nez, des cheveux trop longs. Ce cumul lui vaut un conseil d’éducation, le 16 décembre 2020. « Vincent a affirmé à cette occasion qu’il voulait rester à Passy », témoigne la mère. L’enfant et ses parents, « très en phase avec SJP, » dit-elle, étaient investis pour l’aider à remonter la pente et poursuivre sa scolarité dans cet établissement d’excellence.
La situation empire lorsque l’élève est pris en train de tricher lors d’un contrôle de physique, au début du mois de janvier 2021. Le 1er février, le directeur écrit un mail aux parents de Vincent pour leur exposer les difficultés de l'enfant, auquel les parents répondent le jour même. Le 2 février, Vincent croise le directeur et le surveillant général des élèves de 4ème et 3ème dans le couloir. Il a été renvoyé de son cours d’espagnol pour ne pas avoir rendu un devoir. Le surveillant le tance, Vincent répond, le directeur le rabroue et lui demande de passer le lendemain matin dans son bureau, à l’heure de la récréation.
« J’étais totalement off à ce moment là, j’avais envie de tomber dans les pommes »
Il faut donc imaginer un adolescent de tout juste 14 ans convoqué dans le bureau du commandeur, et l’état de stress, voire de terreur qui le tenaille lorsqu’il pousse la porte du notoirement autoritaire Daniel Chapellier. Aux policiers puis au juge d’instruction, il raconte en substance : « J’arrive dans le bureau vers 10h25, je toque à la porte et j’attends. Il ne m’a pas fait asseoir. J’avais une érection avant d’entrer dans le bureau, à cause du stress. Il me parle de mes notes, puis de mes cheveux longs, puis de Saint Raphaël » (dans le Var, où l’enfant a passé des vacances). Daniel Chapellier lui dit qu’il avait été directeur là-bas. Il ouvre Google maps pour lui montrer son parcours de course à pied, puis demande à Vincent où il habite. « Il me demande si je passe beaucoup de temps sur mon téléphone, je lui réponds 30, 45 minutes par jour. Il me demande si je vais sur de sites, des sites porno. ». Vincent lui répond que non.
« Vincent, pourquoi j’ai l’impression que tu me mens ? »
« D’accord, oui ».
« Qu’est-ce que tu y fais ? »
« Je me masturbe »
« Qu’est ce que ça te fait ? »
« Du bien. »
Là, dit le plaignant, « il remarque mon érection et me demande de la recaler. Je suis très gêné. Je vois qu’il a une érection. Quand il a vu que je l’ai remarqué, il me demande si je veux toucher. Je ne réponds pas et là, il répète : touche, touche, touche. » Qu’as-tu fait ? demande le policier. « J’ai touché du bout du doigt. J’ai ouvert sa braguette. Je crois qu’il m’a chuchoté "est-ce que tu peux me sucer ?" Il m’a attrapé par la ceinture, a sorti mon sexe par le haut, l’a décalotté et dit "ah oui, elle est belle, elle est grosse". J’étais totalement off à ce moment là, j’avais envie de tomber dans les pommes. »
La scène s’arrête là : Vincent repart en cours avec un mot de Daniel Chapellier pour son retard, et le directeur reçoit son prochain rendez-vous.
« Si je parle, je vais gâcher ma vie, si je ne parle pas cela va être compliqué »
Le soir, poursuit sa mère, alors qu’elle est couchée, Vincent pousse la porte de sa chambre et lui dit : « Maman, qu’est-ce que tu me conseilles ? Si je parle, je vais gâcher ma vie, si je ne parle pas cela va être compliqué, dans les deux cas il aura gagné. » Le père est dans la même pièce, au téléphone. Elle décide de s’isoler avec son fils. Il ne veut pas s’ouvrir. « Je lui ai tiré les vers du nez ». Vincent raconte tout, cela dure trois heures. « Je n’en reviens pas. Évidemment, je le crois, ça ne s’invente pas ce genre de choses. »
« Qu’est-ce qui fait que nous ne remettiez pas en question sa parole ? », lui demande la présidente.
« Je l’ai trouvé bizarre, il a pris cette douche. Et il avait un regard de peur. Il était blanc comme un linge et a fondu en larmes comme un petit garçon. »
Il y a un autre détail :« Vincent a écrit la date du 3 février 2021 au marqueur sur le pas de sa porte. Pour ne pas oublier. La date est toujours là. »
Le père rejoint la conversation, écoute nerveusement le récit de son fils. « On a remercié Vincent de sa confiance, puis on lui a dit qu’il pouvait compter sur ses parents et qu’il était hors de question qu’il retourne à SJP. Ensuite, on lui a dit qu’on allait déposer plainte, » précise la mère.
Le lendemain comme tous les matins, Daniel Chapellier est à l’entrée de SJP à 8h30. Vincent n’est pas là. Dans la journée, il envoie un mail aux parents de Vincent, en réponse à leur mail du 1er février, dans lequel il propose des dates de rendez-vous et écrit un message d’encouragement. Le 5 février à 9h16, il leur renvoie un mail dans lequel il adresse de nouveau ses encouragements à Vincent. Dans la soirée, Vincent et ses parents déposent plainte à la brigade des mineurs. Ses parents l'ont inscrit dans un autre établissement, dont le directeur appelle Daniel Chapellier pour l’informer : le garçon nouvellement inscrit dans son école aurait subi une agression de la part d’un membre de la direction de SJP. Daniel Chapellier réécrit aux parents pour leur faire part de son souhait de s’entretenir avec eux. Le 6 février, le père de Vincent écrit à SJP pour leur demander un certificat de radiation.
Deux jours plus tard, la brigade des mineurs perquisitionne chez le directeur, et le lendemain aux aurores, il est cueilli au saut du lit pour être placé en garde à vue à l’issue de laquelle une information judiciaire est ouverte. D’abord à Paris, puis dépaysée à Nanterre, car la grand-mère de Vincent, ancienne avocate générale à la cour d’appel de Paris et aujourd'hui retraitée, est magistrate à titre temporaire au tribunal judiciaire de Paris.
Son grand-père est par ailleurs l’ex garde des Sceaux Pascal Clément (2005-2007), et le cousin éloigné de son père est l’ex directeur de SJP, que Daniel Chapellier a remplacé.
Ces éléments alimentent l’idée d’un complot pour faire tomber l’irréprochable directeur, raide comme un piquet lorsqu’il vient planter sa svelte carcasse de septuagénaire dynamique cintrée dans un costume bleu à la barre de la 20e chambre correctionnelle de Nanterre.
Dans une de ses nombreuses digressions à sa propre gloire, il claironne que des gens importants, « et même un ministre que je ne citerai pas », lui faisaient une confiance absolue pour l’éducation de leurs enfants. Le directeur personnifie une conception autoritaire et rigoriste de l’éducation, que certains nomment pudiquement « exigeante », mais que d’autres - comme certains personnels de SJP interrogés par les enquêteurs - qualifient de méprisante et d’humiliante.
Ces éléments de personnalité énoncés, la présidente s’attache, dans son interrogatoire sur les faits, à recueillir puis à questionner la version du prévenu, qui s’oppose à celle du plaignant.
« Ça paraît énorme, mais c’est que la vérité »
« Quel était le but de ce rendez-vous ? »
« C’était extrêmement banal, j’ai passé ma vie à recevoir des élèves. »
« Donc le 3 février, Vincent va se présenter à votre bureau. Portes fermées ? »
« Toujours les portes fermées. »
« Vous savez qu’on dit qu’il est préférable de laisser les portes ouvertes. »
« J’ai toujours pratiqué comme ça, ça ne m’a jamais posé de problème. J’ai fait mettre un oculus dans chaque bureau sauf dans celui du directeur. »
« Pourquoi ? ça peut conduire à la procédure dans laquelle vous vous trouvez aujourd’hui. »
« Ça pourrait. »
« Ah, je confirme, c’est le cas aujourd’hui. »
Il souligne que son assistante pouvait entrer sans frapper. Ce jour-là, elle a frappé avant d’entrer, pendant l’entretien avec Vincent.
« Ce rendez-vous n’était pas dans votre agenda. »
« Je ne prends jamais de rendez vous le matin avant la fin de la récréation. »
« Vincent entre dans votre bureau, comment se passe l’entretien ? »
« Je lui parle de ses difficultés, de ses conditions de vie, de la nécessité de changer.Je lui dis "tu travailles pas, tu fais quoi ? Tu as un ordinateur ? Une tablette ? Un smartphone ?" Il me répond "oui". Est-ce que ça t’arrives d’aller sur des sites pornographiques ? »
« Pourquoi cette question ? »
« Qu’est-ce qu’ils font les jeunes sur leur téléphone ? A partir de la 5e, ils font un usage abusif du porno. »
« Pourquoi commencer par ça ? Il y a des jeux, comme clash of clan. »
« Si vous regardez les statistiques, c’est un problème qui apparaît en 5e. Je me dis que ce garçon est déjà grand et je lui demande si ça le gène d’en parler. Il me fait une réponse époustouflante. »
« Du genre ? »
« Il me dit : Rien que d’en parler, ça me met en érection. »
« Je prends son dossier, et je lui tends un billet pour son retard. Et là il me lance : "Et vous, vous êtes en érection ?" Ça paraît énorme, mais c’est que la vérité. Le temps que je range son dossier, il avait ouvert son pantalon et montré le bout de son sexe. »
« Vous aviez dit qu’il vous avait demandé "est-ce que tu veux me sucer" »
« C’est exactement ça. J’étais sidéré. C’est sidérant madame, 50 ans de carrière. »
« Ben, justement. Moi je pense que c’est tellement sidérant que ça ne peut pas en rester là. Surtout quand on a la réputation d’être quelqu’un de solide. Vous imposez une certaine autorité, une certaine valeur morale. »
« Imaginez que je suis sidéré, tétanisé sur le moment. Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas avoir alerté les personnes concernées. Je n’imaginais pas qu’il aurait inventé sa version des choses. »
« Personne n’y était, et je suis d’accord pour dire qu’il y a votre version et celle de Vincent. Mais je m’explique difficilement les mails d’encouragement que vous adressez aux parents le 5 février à 9h16. »
« Le lendemain, je suis allé en cours d’EPS à la première heure, j’ai constaté qu’il n’était pas là. Je voulais lui parler pour le faire réfléchir. »
« Ça ne méritait pas un renvoi direct ? »
« Il faut d’abord parler. Je regrette que les parents ne soient pas venus me parler. Puis les choses se sont enchaînées. »
« J’insiste, mais vous n’étiez pas quelqu’un connu pour être faible, vous avez la réputation d’être quelqu’un qui sait gérer ses établissements, les situations. Admettons : vous êtes sidéré, vous arrivez à donner le change avec la professeur d’allemand que vous recevez juste après (cette dernière, interrogée, assure n’avoir noté aucun trouble chez le directeur, ndlr). Le soir vous n’en parlez pas à votre épouse. »
« Je suis parfaitement d’accord. J’ai 52 ans de carrière, jamais un incident comme ça ne m’est arrivé. Même pas un élève qui aurait dit que j’ai eu un geste ambigu. »
La présidente lui rappelle la version de Vincent. Daniel Chapellier persiste : « Je n’ai qu’une chose à dire : je n’ai jamais touché un élève. »
« Je ne vais pas le cacher » insiste la présidente « je reste surprise de votre absence de réaction en sortant ce rendez-vous. Absence de réaction qui persiste. »
« L’ordinateur est un objet de perversion »
Elle poursuit : « Des élèves considèrent que c’était particulièrement gênant, déplacé lorsque vous receviez un élève dans votre bureau et faisiez immédiatement le lien entre le manque de travail et la consultation de sites pornographiques et la masturbation. »
« Quelques élèves ont essayé de m’enfoncer. »
« À quel moment un directeur d’établissement aborde de manière aussi frontale ce genre de sujets avec un élève ? »
« Ce n’est pas si frontal. »
« Est-ce que tu te masturbes ?" _Vous croyez pas que vous franchissez une ligne rouge ? Quelle est votre légitimité à aborder ce genre de sujets ? »
« J’étais éducateur. »
« Donc encore aujourd’hui vous ne remettez pas en question la pertinence de ces interrogations ? »
« Grâce à mon intervention, ils ont arrêté leurs mauvaises pratiques devant l’ordinateur. »
« Vous n’avez pas le sentiment que ça pouvait être une situation gênante pour un élève de parler de ce sujet avec un directeur ? Que c’était un sujet à manier avec beaucoup de précaution ? »
« Je le faisais dans un cadre éducatif. Le problème de l’effet affectif avec la pornographie est un vrai problème ». Plus tard, il proclame : « L’ordinateur est un objet de perversion ».
Quand un élève sortait du bureau du directeur, ses copains lui demandaient s’il l’avait questionné sur le sujet. L’obsession de Daniel Chapellier pour l’activité masturbatoire de ses élèves était un fait connu.
Elle l'a poussé jusqu’à faire des recherches sur internet, qui s’étalent entre le 1er juillet 2015 et le 8 janvier 2016. Dans Google, il a tapé « teen boys wank », « jeunes garçons qui se masturbent », traduit-il. « Curiosité malsaine », a-t-il balayé devant les policiers et à l’audience. Il voulait voir ce que ses élèves faisaient ou regardaient - on ne comprend pas trop, puisqu’a priori, ses élèves - comme Vincent le confessera au juge - visionnaient majoritairement des vidéos pornographiques mettant en scène des femmes adultes dans des rapports hétérosexuels.
Des fichiers pédopornographiques dans le cache de son ordinateur
Cette « curiosité » l’avait déjà conduit à faire des recherches comme « sauna gay Rouen » et à se connecter à des sites de pornographie gay ; en 2013, pendant les débats sur le mariage pour tous - auquel il était officiellement opposé - il avait voulu en savoir plus sur une pratique qu’il récusait, prétend-il, et bien que ces recherches interpellent au vu de la personnalité de leur auteur, elles demeurent légales.
Mais en tapant « teen boys wank », ce professeur d’anglais pouvait s’attendre à tomber sur du contenu un peu moins légal. Les policiers ont retrouvé 57 fichiers uniques dans le cache de son ordinateur, « de sujets pouvant être mineurs dont certains les mettaient en scène dans des situations pornographiques ». Ces clichés ont été classés en catégorie 4 ou « indéterminés », c’est-à-dire que les enquêteurs ont estimé qu’il n’était pas possible de s’assurer qu’ils étaient bien mineurs, et c’est pour cette raison que le prévenu n’est pas poursuivi pour détention d’images pédopornographiques.
Mais puisqu’il est prévenu d’agression sexuelle sur mineur et malgré les protestations de ses avocats, la présidente a jugé utile à la manifestation de la vérité de projeter les images à l’audience. Daniel Chapellier y a à peine jeté un oeil, réfutant avoir déjà vu « ça », c’est-à-dire de jeunes adolescents pratiquant des actes sexuels, qui paraissent pour certains avoir l’âge de Vincent à l’époque des faits. Et s’il n’a pas enregistré lui-même les fichiers, leur présence dans le cache de son ordinateur signifie qu’il les a bien consulté les pages web affichant ces photos et vidéos.
Cela n’a pas assombri le prévenu. Il a martelé n’avoir jamais agressé Vincent sexuellement, que sa réputation et sa carrière sans accroc (« pas une seule accusation en 50 ans ») sont la démonstration implacable de sa totale innocence.
Empruntant au lexique victimaire, il maintient n’avoir pas réagi de manière adéquate du fait de sa « sidération ».
« Je suis victime d’une campagne abominable. Le préjudice que j’ai subi avec cette dénonciation calomnieuse est inimaginable ».
« Vous avez reçu combien de lettres de soutien ? »
« 500 ! »
La mère de Vincent avait ouvert l’audience et vient la clore. « Comment va Vincent ?», lui demande la présidente?
« Il a eu une phase post trauma assez lourde (le psychiatre lui a notifié 8 jours d’ITT, ndlr). Il prenait trois douches par jour et était proche de la phobie scolaire. » Puis, comme en réponse à l’ancien directeur, elle dit : « Nous on a vécu les regards qui se détournent, les reproches de salir la réputation de SJP ; on a vécu les dîners en ville où on parle de notre enfant comme d’un menteur, d’un affabulateur ; on a vécu la formation d’un comité de soutien pour son agresseur et on n’a pas eu un seul mot du diocèse. »
L’audience reprendra le 6 juin avec l’audition des témoins de moralité du prévenu.