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Édito
par redg

Pratiquer la guérilla électrique citoyenne (2/2)

Plus subversive que des attaques DoS sur le web d'EDF, quoique d'un impact à court terme d'importance comparable, cette action ne vous séparera ni de votre ordi, ni ne vous ramènera à la bougie, malgré les sombres pronostics des fanatiques.   Vous avez lu la première partie : Tyrannie de la centralisation énergétique (1/2)   Alors passons aux choses sérieuses. Trêve d'ergotages philosophico-humanistes, du concret, un devis !

Plus subversive que des attaques DoS sur le web d'EDF, quoique d'un impact à court terme d'importance comparable, cette action ne vous séparera ni de votre ordi, ni ne vous ramènera à la bougie, malgré les sombres pronostics des fanatiques.

 

Vous avez lu la première partie :

Tyrannie de la centralisation énergétique (1/2)

 

Alors passons aux choses sérieuses.

Trêve d'ergotages philosophico-humanistes, du concret, un devis !

En premier lieu il s'agit de se séparer de tout appareil électrique à forte composante «effet Joule», tout bidule produisant de la chaleur en excès est au mieux suspect, généralement à proscrire. Adieu plaques de cuisine électriques, chauffe-eau à 2000w, éclairages à filament, idem les pseudo ampoules «économiques», mais aussi le Pentium4 avec des ventilos gros comme le poing...

Dans l'ordre on remplace tout ça avec: une cuisinière à bois ou à gaz, des panneaux solaires thermiques couplés à un chauffe eau à gaz/bois pour les sombres jours d'hiver, des éclairages à LEDS triés sur le volet (https://www.dotlight.de/), un ordi avec un microprocesseur économe style Atom et un écran raisonnable (plutôt Netbook que 25 pouces). La machine à laver le linge puisera son eau chaude dans le circuit de la maison plutôt que d'actionner sa vulgaire résistance, le frigo/congelo sera de classe A++ , de dimensions réduites et disposé dans un endroit frais.

Rien que ça et déjà la facture EDF se réduit quasiment... à l'abonnement. Ce qui est évidemment encore trop cher pour un guerillero anti-centraliste épris de nobles idéaux.

On continue...

La consommation électrique restante est certes devenu minime par rapport au standard occidental mais reste chose compliquée à produire chez soi avec par exemple une installation photovoltaïque à batteries, dans sa configuration classique. En effet l'hiver on consomme probablement davantage que l'été, alors que l'ensoleillement «efficace» peut s'approcher du néant, parfois durant des semaines.

Puiser dans des batteries n'est alors ni écolo, ni durable. En pratique on détruit rapidement les batteries pour affronter la consommation hivernale. La parade extrêmement vulgaire et au final très peu rentable, était de grossir l'installation (capacité des batteries + nombre de module photovoltaïques), et ne dispensait pas d'être pointilleux sur la maîtrise de la consommation.

Or que fait-on généralement quand il fait froid ou à la nuit tombée: on chauffe nos maisons, de préférence au bois, mais pourquoi pas au biogaz, au pire avec un carburant fossile. L'astuce consiste à prélever une partie de cette chaleur importante, de l'ordre de plusieurs kilowatts, pour continuer à maintenir les batteries à leur charge maximale. L'avantage d'une batterie toujours chargée est qu'elle fonctionne alors avec un rendement optimal, que ce soit en charge, ou en consommation. Elle peut affronter alors des pointes de consommation importantes, et correspond ainsi davantage à un «condensateur» qu'à une réserve qui ressemblait fort à un «découvert» coupable. Cette utilisation de la bonne vieille batterie plomb/acide correspond à un fonctionnement de type automobile, où elle excelle, d'autant plus qu'elle sera dans un lieu tempéré. Elle tiendra ainsi minimum une dizaine d'année, voire le double si de conception robuste.

Venons-en à ce chapitre essentiel, la transformation de chaleur en électricité, cœur de tout système de cogénération.

Les rares dispositifs complets et commercialisés sont prévus pour être reliés au réseau ( http://www.whispergen.fr/fr.html , http://www.electrotech.be ), ou de dimensions «industrielles», seuls les premiers sont éventuellement détournables pour nos besoins, les seconds serviront plutôt dans le cadre du réseau électrique «local» d'un immeuble ou d'un hameau et seront mis en œuvre par du personnel qualifié.

 

La micro-cogénération est en plein développement, on relèvera agréablement que Siemens, en parallèle de sa séparation pertinente avec Areva, a conçu et commercialisé un «moteur stirling» orienté cogénération individuelle et d'une puissance de 1kw.

On peut également mentionner une technologie du XIXème, donc à priori maîtrisable à notre modeste échelle: la vapeur ! On trouvera sur ce site un petit moteur à vapeur moderne, idéal pour notre application.

Bien plus accessible financièrement mais assez marginal, donc nécessitant toujours un certain investissement technique (ce qui ne fera pas peur aux électro-guerilleros déterminés), la thermo-électricité (basée sur l'effet Peltier/Seebeck), qui comme le moteur Stirling exploite un différentiel de température.

Je vous invite à visiter illico http://thermalforce.de/ pour y découvrir différents systèmes, dont certains parfaitement dimensionnés et conçus pour notre utilisation (comme par exemple le modèle qui récupère la chaleur dans le tuyau d'évacuation des fumées). La régulation de la charge des batteries est similaire à une installation «solaire», la partie refroidissement sera typiquement un circuit d'eau avec circulateur et échangeur de chaleur. Un avantage de la thermoélectricité est l'absence de pièces mobiles, gage d'une faible maintenance.

 

Les puissances électriques disponibles grâce à cette technologie sont certes très faibles, mais n'oubliez pas qu'elles servent à maintenir la charge des batteries, qui elles peuvent assurer des pointes de consommation beaucoup plus importantes.

Un tel dispositif est assez simple à mettre au point sur un chauffage régulé (gaz par ex.) mais des expérimentations élégantes et très rustiques, intégrés à des cuisinières à biomasse, sont menées par des universitaires et une ONG au profit du tiers monde, où la centralisation énergétique n'a pas encore exercé ses ravages...

 

 

Quel sera donc l'investissement financier minimum pour une installation typique de production d'énergie décentralisée, installée par un electro-guerillero soigneux et débrouillard ? Un calcul de coin de table, pour une maisonnette abritant deux personnes, à titre indicatif...

  • 2 modules photovoltaïques :  400€
  • Régulation de charge :  200€
  • Batteries :  600€
  • Convertisseur/onduleur 220v : 300€
  • Chauffe-eau solaire, réservoir avec échangeur, tuyauterie : 1500€
  • Un voltmètre : 20€
  • Cables, divers :  300€

Puis au choix, pour un  coût approximatif de 1000€  :

  • Génération Thermo Electrique (modules, régulation, pompe etc...) ou
  • Eolienne et son mat, si vents fréquents et endroit propice
  • Picocentrale hydroélectrique si présence d'un cours d'eau adapté.

Total approximatif 5000€

Maintenant une configuration minimaliste à vocation urbaine, adaptée à un studio de prolétaire, avec toutefois un balcon plein sud. On remplace ici la cogénération par le « human bike generator »

  • 1 module photovoltaïque 100w : 200€
  • Régulation de charge : 100€
  • 1 batterie de camion 150a/h : 150€
  • 1 convertisseur 12/220v «pur sinus» : 150€
  • 1 bike power generator : 600€

Total 1200€

On transforme ici avantageusement la nourriture et/ou la cellulite en électricité:) En plein blackout électrique, votre appart sera illuminé de mille Leds, sonorisé généreusement avec ce genre de merveille d'efficacité énergétique:

Module Amplificateur AUDIOPHONICS V2 Stéréo TA2020 TRIPATH

Pour donner un ordre d'idée, une heure de pédalage soutenu, permettra jusqu'à huit heures d'utilisation d'un netbook économe, et ce même en plein hiver nucléaire...

 

Tout ceci peut être revu à la baisse comme à la hausse selon vos capacités et possibilités de récupération. Je vous laisse comparer avec vos factures EDF, car je n'en reçois plus. Mais également avec les 227 milliards d'euros et des brouettes qu'ont nécessité la recherche et l'exploitation du nucléaire, probablement considérablement actualisés à la hausse quand on aura démantelé ne serait-ce que le premier de nos réacteurs...

Certes les compétences à acquérir pour gagner son autonomie représentent également un investissement en temps, mais les techniques nécessaires pour une telle installation sont amplement documentées sur le net, et en attendant que des industriels clairvoyants nous préparent des offres clés en mains, voilà, certes au prix d'un moindre confort insouciant, de quoi ne plus se compromettre en finançant EDF/Areva et leurs actionnaires.

Et peut-être même que dans un avenir pas si lointain, nous pourrons avec nos excédents de production électrique, non pas les revendre au réseau, mais recharger notre automobile électrique, et par là même ajouter Total à notre tableau de chasse, en s'affranchissant ainsi de cet autre talon d'Achille de nos sociétés, l'addiction maladive au pétrole.

 

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