Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Yovan Menkevick

Plus dure sera la chute…

(Ce deuxième tour des présidentielles n'est peut être pas pathétique pour rien du côté du président sortant. Parce qu'au delà d'avoir pratiqué une politique du coup de menton, divisé les citoyens, démonté les services publics, enfoncé le pays dans le marasme économique, fait exploser le chômage, laissé l'industrie disparaître, cautionné les thèses d'extrême droite, N.S a surtout servi la cause de ses puissants amis qui l'ont hissé au pouvoir.

(Ce deuxième tour des présidentielles n'est peut être pas pathétique pour rien du côté du président sortant. Parce qu'au delà d'avoir pratiqué une politique du coup de menton, divisé les citoyens, démonté les services publics, enfoncé le pays dans le marasme économique, fait exploser le chômage, laissé l'industrie disparaître, cautionné les thèses d'extrême droite, N.S a surtout servi la cause de ses puissants amis qui l'ont hissé au pouvoir. Et aujourd'hui, sa réélection est avant tout une affaire de survie personnelle, tant les affaires judiciaires le cernent. Que risque-t-il s'il n'est pas réélu et perd son immunité présidentielle ? Petit rappel des affaires en cours…)

Le mensonge est pratiqué par l'exécutif comme une seconde nature. Au point que Nicolas Sarkozy peut affirmer une chose un jour et dire son contraire le lendemain, voire, et c'est nouveau, s'excuser sur un plateau de télévision d'avoir menti. "Je n'ai jamais dit fête du vrai travail", donnera ensuite "c'est une expression malheureuse, je n'aurais pas dû l'employer". Mais là, nous sommes encore dans du mensonge de campagne, avec des fausses affirmations tellement nombreuses que plus personne ne peut les relever : "François Hollande est soutenu par Tariq Ramadan, Hollande a proposé de construire 700 mosquées etc, etc…". Bon, on commence à être habitués, c'est fatiguant, indigne, redoutablement déstructurant pour la société…mais comme ça ne peut lui être reproché, que faire ? Oui, parce que si un gamin ment, il se prend une torgnole, ou se voit privé de DS pendant 2 jours. Pas un président de la République. Mentir, dans une entreprise, est aussi un exercice qui peut s'avérer périlleux, le licenciement pour faute peut s'appliquer dans ces cas là, surtout si l'entreprise en subit des conséquences. Et dans le cas de la gestion d'un pays ? Pour financer une campagne électorale ? Et s'il y a des morts à la clef ?

Résumé rapide des affaires qui cernent notre bon président

L'affaire Bettencourt est emblématique, mais ne pèsera pas lourd dans la balance judiciaire. Nicolas aurait été chercher des enveloppes de gros billets chez Liliane pour financer sa campagne électorale de 2007. Avec Eric Woerth son premier super ministre du budget qui gérait les comptes de campagne avant d'être nommé au poste. Bon, ça peut être ennuyeux et les juges auraient une peine à prononcer, mais certainement avec sursis et amende si le citoyen Sarkozy devait se présenter devant eux.

Vous, vous risqueriez de la taule, c'est vrai. Mais en république fromagère, un ancien président, on a du mal à le croire. Il y a aussi son affaire d'appartement de Neuilly avec le "faux-prêt" de l'assemblée nationale (le montant prêté est nettement inférieur à celui qu'il prétend) quand il n'était "que" député le Nicolas : comment l'a-t-il véritablement payé cet appart, et surtout comment et pourquoi l'a-t-il payé bien en dessous du prix du marché pour le revendre ensuite avec une belle plus-value ? Ca peut être pour les juges une affaire de corruption, peut-être d'abus de biens sociaux, avec une peine de sursis, grosse amende…si tout ça est prouvé, bien entendu.

Nous arrivons ensuite à du plus lourd. Du beaucoup plus lourd. En premier lieu, le financement supposé de 50 millions d'euros de la campagne de 2007 par Khadafi et ses sbires : le document publié par Mediapart n'est pas encore authentifié, mais les dires de Takieddine, ainsi que de hauts placés libyens viennent conforter des soupçons confirmant cette possibilité.

Là encore, nous ne savons pas, mais un juge aurait du mal à laisser passer la chose : 20 millions d'euros déclarés, 50 millions touchés en plus et en douce par le biais d'un dictateur ayant pratiqué le terrorisme, c'est assez lourd, non ? Surtout qu'en face, le camp qui a perdu l'élection peut se demander si les 70 millions (et le reste, si Liliane a financé) n'ont pas permis de faire un porte-à-porte tellement imposant qu'ils se seraient fait voler la campagne ? Mais la dernière affaire, elle, est beaucoup plus grave, et pourrait, si un juge prouvait l'implication de Nicolas Sarkozy, l'envoyer en taule pour un sacré bout de temps.

Mentir peut s'avérer risqué

Lorsqu'il a été demandé au chef de l'Etat si il admettait avoir participé, être au courant des commissions pour les ventes d'armes au Pakistan dans l'affaire Karachi, alors qu'il était ministre du budget d'Edouard Balladur, sa réponse a été la suivante :

 

Karachi : Sarkozy parle de "fable" (19/06/09) par LeNouvelObservateur

 

Sarkozy est un chef d'Etat doué pour l'humour, d'ailleurs il fréquente Jean-Marie Bigard et Christian Clavier qui ont su lui apprendre les rudiments de cet art, mais seulement l'aspect potache. Sauf que là, nous sommes dans une affaire terriblement inquiétante, douloureuse, puisque onze employés d'une entreprise française et trois Pakistanais ont péri dans un attentat. Les familles des victimes françaises demandent à être reçues une fois par an, l'Elysée en avait fait la promesse et ne l'a pas tenue.

Sur le blog des familles des victimes, on trouve ce type de réponses donnée au collectif des familles par un conseiller de Sarkozy: "un de ses conseillers nous a un jour rétorqué  « Monsieur le Président en a assez qu’on l’importune avec des bobos personnels »…

Résumons donc l'affaire en quelques lignes. Il est supposé et visiblement prouvé que : la France vend des armes au Pakistan, Balladur est premier ministre mais aussi en campagne présidentielle. Il a Nicolas Sarkozy comme ministre du budget ainsi que directeur de campagne. Ce système de vente d'armes est organisé autour de commissions à des intermédiaires qui ensuite font verser des rétro-commissions qui reviennent donc en France. Ce système aurait été stoppé par Jacques Chirac, et les pakistanais, furieux auraient décidé de se venger en tuant les employés français sur place.

La justice n'est pas passée. Nous ne pouvons donc pas affirmer que le chef de l'Etat est véritablement impliqué dans cette affaire. Mais quand on lui demande de s'expliquer, il exprime que les pièces prouvant son implication n'ont qu'à être données à la justice. Il y a par exemple, au cours de l'enquête, la preuve que des sociétés écrans, comme Heine et Eurolux, ont permis de faire circuler les commissions et rétro-commissions. L'Elysée avait fait savoir que le nom de  Nicolas Sarkozy " n'était nulle part dans le dossier". Sarkozy ment. Guéant ment. Là dessus, c'est une certitude. Et le document qui suit, publié par Mediapart, le démontre. Alors, si la justice peut faire son travail après cette élection, que Nicolas Sarkozy la perd, il y a de fortes chances que son avenir soit aussi peu radieux que celui qu'il avait prédit au Roms de France et autres "racailles".

 

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