Plongée dans l’apnée : le matériel, c’est essentiel
Ou pas
Comme pour tout sport extrême, lorsque vous plongez en apnée, votre sécurité repose beaucoup sur le matériel que vous utilisez. Personne ne part gravir l’Everest avec de la ficelle à rôti, personne ne saute d’un avion en utilisant un sac en plastique en guise de parachute, même grand.
Il y a apnée et apnée… Certains plongent pour chasser, d’autres, juste pour descendre. A chacun son matériel même si certains peuvent se recouper. Mais les besoins ne sont pas forcément les mêmes. Si l’on chasse dans les 10 à 15 mètres, le matériel utilisé peut différer de celui nécessaire pour atteindre 20, 30, 40 mètres ou plus.
Pour la chasse, on trouve désormais des combinaisons camouflage, des fusils énormes, des palmes spécifiques… On peut souhaiter disposer d’un masque un peu classique, dédié à la chasse mais pas aussi petit que ceux utilisés pour le freediving qui offriront peut-être une moins bonne vision. Les palmes sont également un peu différentes.
Tomber le masque ?
Pour les amateurs de profondeur, et donc de freediving, les masques sont désormais ridiculement petits. Cela évite la présence de trop d’air autour des yeux et donc l’écrasement du masque sur le visage avec la pression et limite ainsi l’utilisation d’air pour le décoller pendant la descente. On peut observer des accidents oculaires si cette contre-pression n’est pas exercée, le masque faisant « ventouse ».
On trouve même désormais des tubas spéciaux pour l’apnée. Je peine à comprendre véritablement ce qu’ils apportent réellement mais pourquoi pas. Selon le vendeur et l’attaché de presse, ils sont conçus pour améliorer la respiration (ils sont plus larges). Dans les profondeurs que je souhaite atteindre, le tuba ne sert qu’en surface et il est conseillé de l’enlever de la bouche au moment de plonger. Cela évite par exemple d’avoir à effectuer un effort pour repousser l’eau à l’arrivée, ce qui pourrait violenter les poumons déjà bien sollicités.
Dans tous les cas, chasse ou apnée, il est important de s’assurer que le matériel est en bon état avant chaque plongée. Il est essentiel également de ne pas faire l’impasse sur certaines choses. Une combinaison s’impose, même l’été. Elle évite la déperdition, souvent non ressentie, d’énergie (le corps lutte contre le froid). Le masque doit être adapté à la pratique. Les grands champions utilisent des lentilles de contact spécifiques. Ce n’est pas nouveau puisque c’est une pratique qui existait déjà lorsque Jacques Mayol plongeait, mais c’est encore un autre niveau.
En apnée les palmes sont souvent plus longues, plus fines et plus souples. On trouve aujourd’hui les palmes à des prix incroyablement élevés (aux alentours de 800 euros) qui semblent bien chères pour ce qu’elles apportent, sauf à être l’un des participants à une compétition pour devenir champion du monde.
Peut-on faire l’impasse ?
S’il est évident que la performance sera impactée par l’utilisation d’un matériel de bonne qualité et adapté, il n’est pas du tout certain que cela soit essentiel. Si vous devez évoluer dans les 10 mètres, le choix entre un masque classique et un masque spécifique pour l’apnée ne fera aucune différence Vous ne gagnerez pas 4 ou 5 mètres de profondeur avec votre nouveau masque. En revanche, il n’est pas impossible que vous descendiez plus profond avec des palmes dessinées pour l’apnée.
Lors du stage avec Umberto Pelizzari en décembre dernier, j’ai été pris de court. Je n’avais pas du tout prévu d’y participer et mon matériel est en Méditerranée (je ne plonge jamais à Paris). J’ai donc dû utiliser un masque de snorkling totalement inadapté. Il avait, en plus de sa couleur criarde jaune fluo, des pans de verre sur les côtés (pour une bonne vision périphérique). Cela m’a valu quelques remarques des autres participants au stage. Tous étaient des pratiquants assidus, s’entraînant plusieurs fois par semaine et bénéficiant d’un matériel de pointe. Pour autant, ce masque ne m’a pas empêché d’atteindre le fond de la fosse à 20 mètres.
Pendant à peu près quarante ans, j’ai conservé le même matériel. Il m’avait été offert après mon bac. Je viens juste d’en changer (masque, palmes, profondimètre). Avoir un matériel peu adapté ou démodé a-t-il joué sur mes performances ? Pas certain. Il faut dire que pendant la première vingtaine d’années, je l’utilisais pour la chasse. J’évoluais plutôt entre 5 et 15 mètres.
Par exemple, j’avais fait concevoir un baudrier (un harnais) répartissant les poids sur le dos et le torse. Très pratique mais complètement aberrant en termes de poids total. Il y avait là au moins 5 kilos de trop. On descend plus vite mais on s’épuise en remontant. J’ai également changé au fil des années de combinaisons. Réduisant peu à peu leur épaisseur et donc, leur flottabilité (si cela flotte moins, on a moins besoin de poids pour compenser).
Bref, comme un bon touriste de l’apnée que je suis, j’ai utilisé pendant très longtemps un matériel inadapté ou dépassé sans que cela impacte profondément ma pratique. En choisissant le bon matériel, on réduit l’effort. C’est un gain, bien sûr, mais pas crucial. D’ailleurs, si l’on se réfère aux anciens, ils plongeaient à des profondeurs qui sont bien plus importantes que celles auxquelles la majorité des personnes parviennent mais avec un matériel totalement dépassé au regard de ce qui se fait aujourd’hui. Ceci étant dit, soyons honnêtes, je suis certain que pour dépasser ma limite actuelle de 20 mètres, si j’y parviens, le nouveau matériel jouera un rôle.
Mesurer sa profondeur...
Avons-nous besoin de savoir jusqu’où nous plongeons ? Oui et non. Le cerveau et le corps disent où l’on est. La pression de l’eau sur le corps (sur les poumons surtout) permet d’évaluer l’approche des 20 mètres. Regarder un profondimètre ou des marques dans une fosse nous conditionnent. Cela détourne notre esprit et augmente la pression, intellectuelle cette fois. Vais-je y arriver ? Aurai-je assez d’oxygène pour remonter après ?
Se fixer un but et observer sur un écran que l’on s’en approche nous conditionne, car une fois atteint, on n’ira pas plus loin. Peut-être que sans profondimètre, nous serions descendus plus bas ? Ce problème est pour moi une évidence pour les 15 premiers mètres. Là, je n’ai pas besoin de repères. Après, il me semble important de savoir où l’on est, tant que l’on est pas à l’aise dans la zone où l’on se trouve. Le profondimètre dédié à l’apnée permet également de calculer les temps de repos à la surface et d’éviter ainsi un accident (Taravana).
Toujours dans une optique de sécurité (faites ce que je dis, pas ce que je fais), il est essentiel d’être accompagné. En cas d’accident (syncope), un plongeur seul multiplie les risque de ne pas ressortir de l’eau. C’est là sans doute « l’outil » le plus important du plongeur : un ami.
Le matériel choisi pour tenter les 30 mètres
Masque : C4 Falcon
Combinaison : pantalon et veste Explorer Lava 50 de chez Mares (5mm)
Palmes : Mares X Wing Carbone
Profondimètre : Omer
Caméra : GoPro Black 13
Le masque, la combinaison et les palmes ont été achetés chez Plongequilibre à Paris pour des conseils avisés. Le reste, en ligne.