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par Rédaction

Pfizer France invente le ruissellement vers le haut

Pas de prime exceptionnelle pour les (petits) salariés

En dépit de bénéfices mirobolants, vaccin contre le Covid oblige, Pfizer France ne semble pas disposé à offrir une prime aux employés et la participation risque de s'envoler... vers d'autres cieux.

Vaccin Pfizer - Ministère de la défense US - CC BY 2.0

Avec un chiffre d'affaires France qui affichait le 31 novembre 2021 une augmentation de +134% à 2,7 milliards d'euros sur 12 mois grâce au vaccin contre le Covid, les 929 salariés de Pfizer France espéraient en être récompensés dès Noël.

Las! Malgré ces résultats époustouflants, la direction rechigne de réunion en réunion à s'engager sur le principe même d’une prime exceptionnelle réclamée par le CSE pour tout le monde. « Pour l’heure, aucune décision n’a encore été prise » répondait la direction du laboratoire dans le dernier compte-rendu du CSE. Certes, le personnel de cette société qui emploie essentiellement des cadres n'est pas à plaindre dans l'absolu (on est dans la pharmacie, pas dans le nettoyage) mais tout de même.

Ainsi Pfizer France avait déjà refusé de verser la prime Macron défiscalisée conçue pour préserver le pouvoir d’achat des salariés gagnant moins de trois SMiCs. Reste la participation assise sur les bénéfices mais il ne faudra pas trop compter dessus pour se rattraper: cette année encore, une bonne partie des profits générés par un vaccin remboursé par la sécurité sociale devrait partir en toute légalité se domicilier en Irlande, optimisation fiscale oblige.

Selon un expert du CSE, Pfizer France s’était ainsi débrouillé sur l’exercice 2020-2021 pour payer seulement 36 millions d’euros d’impôt sur les sociétés pour un chiffre d’affaires France de 1,06 milliards, alors même que sa marge opérationnelle (résultat d’exploitation divisé par le chiffre) au niveau mondial avoisinait les 25%. Conséquence de ces artifices comptables, Pfizer France paie a priori bien moins d'impôt sur les sociétés que ce qu'il devrait et rogne la participation des salariés.

Seul le haut de la hiérarchie tire son épingle du jeu: bénéficiant de discrètes distributions de stock options qui concernent moins de 15% de l'effectif, les managers de la filiale française vont pouvoir actionner le ruissellement vers le haut en profitant de l'envolée du cours de bourse. Sollicitée pour réagir à ces faits et chiffres, la direction de Pfizer fait savoir qu'elle ne « communique pas sur ce type de données ».

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