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Dossier
par Antoine Champagne - kitetoa

Paris confiné le 17 mars...

Comme un dimanche de mois d'août, en pire...

Petite balade dans un Paris confiné depuis quelques heures ce mardi 17 mars. Quasiment tous les commerces ont baissé le rideau. Quelques rares passants. Et quelques policiers.

Contrôle de police en bas des champs. Le seul. - © Reflets

Le ministre des boites de nuit de l'intérieur l'avait annoncé la veille au soir, quelque 100.000 policiers allaient contrôler les Français qui s'aventureraient à l'extérieur. En fait, sur un parcours Champs-Elysées, Gare Saint-Lazare, Boulevard Magenta, République, Arts-et-Métiers, Beaubourg, Rivoli, Concorde, Étoile, seul un barrage de police faisait des contrôles, en bas des Champs. Ce qui était bien pratique pour que les journalistes puissent faire les images attendues.

Les rues étaient quasiment désertes. Quelques personnes promenaient leur chien, ou eux-mêmes, rarement en groupe. Un vrai dimanche de mois d'août, sans les touristes, sans les parisiens. Dans l'ensemble la population s'est enfin pliée aux demandes de l'exécutif. Les consignes continuent pourtant d'être troublantes. Alors que l'on demande un confinement complet 24h/24h, telle ville de banlieue annonce que le marché se tiendra toujours les jeudi et dimanche, mais que le cimetière est fermé. Comprenne qui pourra.

Marchés ouverts, cimetière fermé... - Copie d'écran
Marchés ouverts, cimetière fermé... - Copie d'écran

Au cours de la traversée de la capitale, on remarque les sans domicile fixe sont toujours dans la rue, personne à la préfecture ne semble avoir eu l'idée de les mettre à l'abri. Ils errent en groupe, comme quelques migrants. Mais dans les quartiers plus populaires de Paris, on ne croise plus de policiers.

Petite halte sur le parcours chez un médecin qui continue de recevoir ses rares patients. « C'est calme. Quelques personnes viennent pour des attestations, des papiers. Je viens de recoudre un gamin. Les parents étaient partis à la campagne mais ils n'ont trouvé personne sur place. Ils ont fait 80 kilomètres pour rentrer et je m'en suis occupé. De mon côté, j'attends toujours que quelqu'un me contacte pour les masques ou le gel, je n'ai rien. Une patiente chinoise m'a donné quelques masques et m'a intimé l'ordre de les mettre. Le fabriquant que je contacte généralement pour ça m'a envoyé paître. Leur production est réquisitionnée. Le fait que je sois médecin et que je reçoive mes patients ne change rien. De toutes façons, ça va passer. On en reparle en juin pour faire un point. Mais il y a des chances pour que le virus ait quasiment disparu à ce moment là. Il y aura des morts c'est sûr. 1000 ? 2000 ? Personne n'en sait rien. Ça reste bien en dessous des victimes de la grippe. Chaque année 350.000 personnes meurent de la coqueluche. Et il y a un vaccin... Mais bon, personne ne fait des émissions spéciales toute la journée là-dessus. Peut-être parce que la majorité des morts se trouvent dans des pays en développement ? Loin des yeux... Espérons que je ne ferai pas partie de ceux qui vont l'attraper parce que bien sûr je suis un peu dans la catégorie à risque vu mon âge, plus de 70 ans. »

Médecin de ville - © Reflets
Médecin de ville - © Reflets

Dans la salle d'attente une femme s'inquiète : « Je travaille en EHPAD. On n'a pas de masques, pas de gel. Nous ne sommes pas considérés comme du personnel médical. Mais en revanche, on est obligés de venir travailler. On reçoit les parents des résidents qui nous déposent des choses pour leur famille. On leur fait passer. Bref, on est vraiment au contact. Et moi j'ai un enfant asthmatique... Je ne sais pas quoi faire.». Plus de deux mètres nous séparent. Elle finit par se détendre et baisse son masque de fortune pour nous parler. Mais pas les gants en plastique. « Vous n'avez rien ? Pas de masque, pas de gants ?». Non...

Sur le chemin du retour, la rue de Rivoli habituellement complètement embouteillée est quasiment vide. L'ambiance est un peu irréelle...

Porte Saint-Marin - © Reflets
Porte Saint-Marin - © Reflets

Un passant qui fait ses courses avec un masque - © Reflets
Un passant qui fait ses courses avec un masque - © Reflets

Beaubourg désert - © Reflets
Beaubourg désert - © Reflets

Fin de parcours (désert) - © Reflets - Une pensée pour les soignants...
Fin de parcours (désert) - © Reflets - Une pensée pour les soignants...

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