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par Antoine Champagne - kitetoa, Jean Cloadec

Olivier Doire se bat pour que le meurtre de son frère soit élucidé

Une émission de télévision pourrait relancer l’enquête sur cette affaire datant de 1995

À l'époque du meurtre l'enquête s'était complètement enlisée et finalement, personne n'avait été inquiété. De nouveaux éléments redonnent espoir au frère de la victime dont la vie a été totalement bouleversée.

Olivier Doire, dans le documentaire Cold Case, à la recherche du coupable.

Une émission de fait-divers contribuera-t-elle mettre fin à un énigme vieille de vingt-six ans ? L’unique émission de Cold case, à la recherche du coupable diffusée sur C8 le 9 mars pourrait avoir fourni des éléments permettant d’élucider le meurtre de Christophe Doire, un jeune homme de 28 ans, marié et père de famille, sauvagement tué près de Vichy. Selon nos informations, les gendarmes sont venus saisir l’intégralité des images tournées pour l’émission. Contacté en juillet, Christophe Neveu, le procureur de Cusset, confirmait que « de nouvelles investigations sont en cours » et qu’il réservera ses premières déclarations à l’avocate de la famille Doire. Mais depuis, Olivier Doire, frère de la victime, n'a toujours pas eu la moindre nouvelle.

L’affaire remonte au 16 décembre 1995. Ce soir-là, Christophe est venu regarder un match de football chez son frère cadet, Olivier. Il repart chez lui vers 23H30 au volant de sa voiture. Personne ne le reverra vivant. L’enquête révélera qu’il est repassé chez lui.

Le 17 décembre au petit matin, Françoise, la mère de Christophe découvre son véhicule abandonné sur un parking de Cusset, à trois kilomètres de son appartement. La Renault 18 est ouverte. Mais aucune trace de son fils. Et puis, étrangement, la façade de son autoradio est présente alors que Christophe ne s’en sépare jamais de peur qu’il ne soit volé. On retrouve aussi son fusil de chasse dans l’habitacle. Prise d’un mauvais pressentiment, la famille signale sa disparition à la gendarmerie. Et la suite va leur donner raison. Pendant plus d’une semaine, Olivier et sa mère Françoise sillonnent toutes les routes des environs pour le rechercher. Sans résultat. Au fil des jours, l’inquiétude grandit… Jusqu’à ce qu’un gendarme vienne frapper à leur porte, le 25 décembre, pour leur annoncer la terrible nouvelle : le corps de Christophe a été retrouvé dans un fossé sur une route départementale à une quinzaine de kilomètres de son domicile. Son corps est congelé. Détail atroce, sa tête a disparu. L’argent et les papiers d’identité du défunt sont restés dans ses poches.

L’autopsie révèle que Christophe a été tué le 17 ou le 18 décembre, peu après sa disparition. Il a été décapité post-mortem et son corps a été saigné. Le médecin légiste ne trouve pas de sang, même dans son cœur. Puis il a été congelé. Le crime évoque celui d’un boucher ou d’un chasseur. Une chose est sûre, c’est quelqu’un qui connaissait Christophe qui l’a tué.

« Nous sommes des petits gens, donc on a mis de petits moyens d’enquête et il y a eu des petits résultats. » Olivier Doire, frère de la victime

Une personne fait rapidement figure de suspect n°1, D.

A l’origine pourtant les deux hommes avaient noué une relation très forte, presque fraternelle. Les deux amis partageaient une passion commune : la chasse. Mais, selon l’entourage de Christophe, ces derniers temps, la belle amitié s’était transformée en une haine viscérale. La raison : une jalousie autour du chien de Christophe, Flora, qui n’avait pas son pareil pour lever le gibier. Deux jours avant le meurtre, quelqu’un a volé Flora alors que Christophe et sa femme faisaient leurs courses. Des témoins auraient aperçu la chienne dans un 4 x 4 semblable à celui de D. Tout aussi étrange, le lendemain de la mort de Christophe, Flora est réapparue comme par magie dans son chenil. L’homme sera interrogé, mais jamais mis en examen malgré des éléments troublants.

Mais il n'y a aucun élément matériel. A cette époque, les techniques d’investigation criminelle ne sont pas aussi poussées qu’aujourd’hui. L’enquête s’enlise.

Christophe Doire le jour de son mariage. - D.R.
Christophe Doire le jour de son mariage. - D.R.

Personne ne sera jamais inculpé dans cette affaire sordide et deux ordonnances de non lieux seront rendues par la Justice. « Je n’ai jamais rencontré un juge ou un procureur en 26 ans, s’indigne Olivier Doire. Nous sommes des petits gens, donc on a mis de petits moyens d’enquête et il y a eu des petits résultats. Je suis en colère, je voudrais rencontrer au moins une fois le procureur. » A aucun moment, ni pendant la première enquête, ni pour l'enquête en cours, Olivier Doire n'a pu consulter le dossier. Nous avons tenté de recontacter le procureur en charge des nouvelles investigations il ya quelques semaines. En vain.

« Je voudrais savoir si mon mari est coupable d'un meurtre ? » questionne la femme du principal suspect à un medium

Début 2020, une équipe de journalistes s’intéresse à l’affaire et reprend contact avec les différents protagonistes. L’un d’entre eux contacte la femme de D..

Surprise, elle qui avait toujours soutenu son mari tient des propos très troublants. A la question « Avez-vous remarqué quelque chose ce 17 décembre, jour de la disparition de Christophe ? », elle répond : « Je n’ai rien vu d’anormal avec mon mari tout le mois de décembre 1995, sauf ce dimanche 17 décembre. Ce matin-là, je m’en souviens très bien, il y avait beaucoup de brouillard. D. est parti tôt de la maison. Il a laissé la porte grande ouverte en partant. J’ai trouvé ça bizarre car il faisait très froid ce jour-là. Ça m’a étonné. Était-il pressé ? Impatient ? Je l’ignore ? Le soir, il est rentré très tard. Il faisait nuit. Quand il est arrivé, il m’a dit qu’il avait raccompagné Christophe Doire chez lui ! » Or Christophe avait déjà disparu à cette date. Quand on lui demande : « Avez déjà douté de l’innocence de votre époux ? », elle rétorque : « Est-ce qu’on connaît vraiment les gens qui sont autour de soi ? » Et lors d'une rencontre de voyance à Vichy, elle n'hésite pas à interroger le médium sur scène devant tous les spectateurs : « Je voudrais savoir si mon mari est coupable d'un meurtre ? » D’autres éléments troublants inconnus des enquêteurs ont également été révélés par les journalistes. La propre soeur de D. l'appelle, face à la caméra, « le coupeur de tête ».

« Ces éléments nouveaux et cette réouverture de l’enquête, c’est mon dernier espoir, déclare Olivier Doire. Je ne voudrais pas mourir sans savoir qui a fait ça à mon frère. »

Mais pour l'instant, il n'a toujours pas été contacté par la Justice.

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