Numérique et protection des sources : on n’est pas sortis de l’auberge
Quand des associations de journalistes voient des plateformes sécurisées partout
Penser en 2022 qu’une base permettant de mettre en relation des sources et des journalistes sur un terrain de guerre avec des formulaires Google est une « base de données sécurisée » pose quelques soucis.
Le Réseau international des journalistes (Ijnet) a publié un long papier mettant en avant une « plateforme » permettant de mettre en relation des journalistes avec des sources « validées » sur les terrains de guerre. Pour l’instant UABRAVE (c’est le nom du site) concerne des interlocuteurs en Ukraine, mais le développeur voudrait l’étendre.
Ce outil, à en croire l’Ijnet, « pourrait révolutionner la manière dont les reporters entrent en lien avec leurs sources en temps de guerre. UABRAVE relie les journalistes aux personnes sur le terrain à l'aide d'une base de données sécurisée, ce qui permet aux journalistes de trouver des sources tout en réduisant les risques pour la sécurité de ces dernières ». Le traitement est humain. Les sources et les journalistes sont ajoutés et validés à la main.
Sur le papier, pourquoi pas ? Un tel outil peut en effet simplifier la vie des journalistes à la recherche de fixeurs ou d’interlocuteurs sur un terrain de guerre. Mais dans les faits, l’utilisation d’outils informatiques pour stocker des noms, des « CV » de personnes engagées d’un côté ou d’un autre dans un conflit, pose problème. Même si les numéros de téléphones des personnes ou leurs noms ne sont pas accessibles via la plateforme (cela reste à démontrer), la corrélation et le renseignement en source ouverte permettent souvent de se faire une idée très précise de la personne cachée derrière un pseudonyme.
Par ailleurs, UABRAVE communique toutes les informations récoltées à...