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par Antoine Champagne - kitetoa

« Nous étions séparés par un simple mur, j'ai perdu mes quatre enfants »

Depuis Gaza, Islam Idhair, collaborateur de Reflets raconte son calvaire

Traducteur de profession, Islam est aussi fixeur pour de nombreux journalistes. Il a collaboré avec Reflets par le passé. Le 21 octobre, une bombe a détruit sa maison. Lui et sa femme ont été blessés. Ses quatre enfants sont morts.

Ce qui reste de la maison d'Islam Idhair après le bombardement - © Islam Idhair

Nous avions recontacté Islam peu après le 7 octobre. Il avait écrit avec Jacques Duplessy plusieurs articles en 2021. Le 21 octobre vers 11 heures du matin, sa maison a été soufflée par une bombe. Elle était à Rafah, dans le Sud de la bande de Gaza, là où Israël demandait aux Gazaouis de se rendre. « Il y avait seulement un mur entre moi et mes enfants, un seul mur. Moi je suis vivant, mes enfants sont morts. Juste un seul mur », a-t-il expliqué à Vanessa Descouraux sur France Inter. Islam était injoignable pendant une dizaine de jours. Lorsque l'on a pu le joindre à nouveau, c'est un homme brisé qui répond sur un téléphone prêté par des amis. « J'ai perdu toute ma vie. Le petit... Il avait seulement cinq ans. Il souriait tout le temps, il avait beaucoup de rêves ».

La guerre lui a pris deux garçons et deux filles. Ils avaient de 5 à 13 ans. Ils étaient des civils innocents.

Hier soir, Islam nous a envoyé quelques mots inspirés par la trêve de quatre jours :

Dans la bande de Gaza, on a 4 jours de trêve ...

4 jours de calme ...

4 jours sans bombardement...

4 jours sans sang...

4 jours de soleil clair...

4 jours sans fumée noire...

4 jours sans victimes...

4 jours sans corps dans les rues...

4 jours sans les restes des victimes....

4 jours sans blessés...

4 jours à respirer de l'air frais ou une partie...

4 jours sans destruction aveugle....

4 jours sans douleurs ...

4 jours sans fatigue...

4 jours sans larmes...

Aussi... 4 jours sans mes 4 enfants... mes 4 étoiles... mes 4 vies... mes 4 roses... mes 4 anges...

Islam nous a demandé de les poster sur les réseaux sociaux. Nous lui avons proposé de raconter son calvaire dans un article sur Reflets. Ce qu'il a accepté.

Il n'y a pas de mots pour décrire la conversation que nous avons eue après le bombardement.

Les partisans de la guerre sont toujours du mauvais côté de l'histoire. Ils entrainent dans leur folie une cohorte d'innocents. Les responsables du Hamas qui ont déclenché l'horreur du 7 octobre sont au Qatar, Benyamin Netanyahou ne risque rien non plus. Les enfants, eux, meurent.

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