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par Jacques Duplessy

« Nous avons pris ensemble un chemin de dialogue »

Le député socialiste Guillaume Garot raconte la réunion de la gauche

A un an des présidentielles, la gauche tente de s'unir. Divisée, elle sait qu'elle n'a aucune chance d'être au second tour. Cette première rencontre qui s'est tenue samedi 16 avril est un point de départ. La route est droite, mais la pente est raide...

Guillaume Garot, le 17 Juin 2012, à la préfecture de la Mayenne - Aubin Laratte - Wikipedia - CC BY-SA 3.0

Quelle était l'ambiance de cette réunion des dirigeants de la gauche ?

Guillaume Garot : J'ai été marqué par le fait qu'il y avait à la fois une grande gravité et beaucoup de sérénité, de respect et d'écoute. Une gravité parce que nous partagions tous le sentiment que nous étions à un moment politique difficile et dangereux pour notre pays. Partout, on nous annonce ce duel Macron - Le Pen qui risque de démobiliser de nombreux électeurs. Et il y a un danger que l'extrême droite gagne. Nous étions tous d'accord pour dire que nous voulons apporter une vraie perspective d'espoir. Nous voulons une gauche de responsabilité qui soit sociale et écologique. Nous avons aussi beaucoup évoqué les questions démocratiques, car nous sommes inquiets des dérives du Président et du gouvernement.

Et concrètement ?

La réunion n'a duré que trois heures. C'est difficile de tout aborder en un temps aussi limité. Tout les participants jouaient franc-jeu. Nous ne sommes pas tous d'accord sur l'issue du chemin. Certains veulent un projet commun et une candidature commune, d'autres veulent un projet commun et plusieurs candidatures. Le PS et les écologistes souhaitent un candidat commun, la France insoumise et le le Parti communiste ont annoncé qu'ils auraient chacun un candidat. Mais l'important est que, depuis ce matin, la discussion est engagée. Et il y a un grand sentiment de responsabilité. Personnellement, je pense qu'une candidature commune serait nécessaire, mais commençons par prendre ce chemin du dialogue. Je retiens que tout le monde a le désir d'une seconde réunion. Elle interviendra au mois de mai. Ensuite il y aura les élections régionales, et j'espère que ce processus continuera. La logique serait de mettre en place des groupes de travail thématiques pour réfléchir et construire ensemble. C'est ce que l'on peut souhaiter.

Quels enjeux voyez-vous dans la réflexion qui se prépare ?

Nous avons besoin d'échanger, et les sujets ne manquent pas ! Il faut reconnaître que nous avons été dans une forme de paresse intellectuelle, mais on ne part pas de rien. Il y a urgence à innover, à inventer. Ça a commencé dans les programmes des candidats aux élections régionales. La crise que nous traversons est un accélérateur du changement et fait surgir des questions et des idées nouvelles. Notamment se pose à nouveau la question du rapport aux investissement et à la dépense publique.

La règle des 3% du PIB de déficit est-elle encore pertinente et d'actualité ? Si non, on la remplace par quoi ? Le green deal, on en fait quoi sur le plan économique ? Quelle doctrine économique élabore-t-on ? On fait quoi pour la santé, pour le social ? La crise fait bouger les réponses.

Dans le même temps, on voit que Macron promet à l'Union Européenne de revenir au monde d'avant, à l'austérité. Est-ce que c'est cela que l'on veut et qui est pertinent ? L'arrivée au pouvoir de Joe Biden est intéressante, car il est sur cette ligne d'invention, pas sur la ligne d'une austérité qui rajoute de la crise à la crise.

C'est certain qu'entre nos partis et nos mouvements il y aura des convergences, des différences et des divergences. Mais nous avons besoin de confronter nos positions pour avancer et arriver à un programme commun. Il faut faire renaître l'espoir.

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