Nicolas Sarkozy : Auteuil, Neuilly, Passy, se mobilisent!
Petite manifestation de soutien à l'ancien président pour son départ en prison
On se serait cru dans le clip des Inconnus sur le « ghetto » du 16ème arrondissement et de son voisinage. Quelques centaines de personnes se sont réunies ce mardi matin dès potron-minet afin de rendre hommage à leur idole : Nicolas Sarkozy, un grand homme « injustement condamné par les juges qui sont de gauche ». Reportage dans une réalité alternative.
Il fait frais ce mardi 21 octobre à 8 heures du matin. Mais ils sont là, armés de leurs doudounes, de leurs manteaux en loden vert bouteille. Nombreux sont ceux qui disent être à ses côtés depuis le début. De vieux t-shirts un peu flétris « les jeunes avec Sarkozy » ont même été ressortis des placards. Alors vous pensez, aujourd'hui, ils n'allaient pas manquer ça. Il faut soutenir l'ancien président contre « les juges qui ont voulu l'humilier ». Dans un abracadabrantesque cirque médiatique organisé par sa garde rapprochée, Nicolas Sarkozy s'apprête à quitter le 16ème arrondissement pour la prison de la Santé.
Le quartier est bouclé. On avait rarement vu telle animation policière à Auteuil depuis... Depuis toujours ? Des dizaines de cars de police ont littéralement fermé l'accès à tout un pâté de maisons et d'immeubles. Les barrières métalliques empêchent l'accès à la rue de la Source où attendent sagement plusieurs voitures munies de gyrophares. Nicolas Sarkozy, accompagné par Carla Bruni, a fini par émerger de la Villa Montmorency et, après avoir salué la foule des soutiens du matin, ils se sont engouffrés dans une voiture qui, accompagnée de nombreux motards, est partie vers la prison de la Santé où l'ancien président a été incarcéré.
Il y avait là environ 200 ou 300 personnes, 200.000 selon Véronique Waché. La foule a entonné quelques marseillaises. Une manière de saluer, sans doute, la condamnation pour association de malfaiteurs de Nicolas Sarkozy. De quoi l'accuse le tribunal ? D'avoir laissé ses plus proches collaborateurs et amis discuter avec Abdallah Senoussi, le beau frère de Kadhafi. Cet homme a été condamné par la justice française à la réclusion criminelle à perpétuité pour son rôle dans l'attentat du DC-10 d'UTA qui a coûté la vie à 170 passagers dont 54 Français. Le tribunal pense que ces discussions visaient à obtenir une sorte de révision de la situation pénale d'Abdallah Senoussi en échange d'un financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy. Tout cela méritait bien une marseillaise. Les parents des victimes de l'attentat apprécieront (non).
Dur métier que celui de reporter de guerre devant se rendre à Auteuil, dans le 16ème arrondissement de Paris. Il faut slalomer entre les voitures de la France qui se lève tôt pour aller travailler. Arrivé sur place, c'est la guerre avec la Police : « Non monsieur, vous ne pouvez pas être là. Il faut aller avec les autres, en bas de la rue ». Visiblement, même derrière les barrières qui empêchent l'accès à la rue de la Source, c'est interdit. « Oui, c'est intéressant, mais pouvez-vous m'indiquer quel article de loi m'empêche d'être ici et de faire mon métier de journaliste ? ». Embarras des policiers. « C'est comme ça ». Mouais... « Et les personnes qui sont là près des barrières, elles ont le droit ? ». Eh bien oui... « Elles ont une autorisation ». Ah. Ça se complique. « Très bien, sur la base de quel article de loi ? Qui donne ces autorisations ? ». La maréchaussée, de guerre lasse, laisse approcher l'intrépide reporter.
« J'espère qu'il sera relaxé avant Nöel », lance une dame à sa voisine, laissant transparaître une connaissance très relative des procédures. « Ils l'ont fait pour l'humilier », s'empresse de lui répondre sa nouvelle amie. Elle s'énerve : « Et Trump ? Lui, avec tout ce qu'il a fait, il mérite d'être en prison ». Pas faux, mais le tribunal de Paris n'y peut pas grand chose.
« Je le suis depuis le premier jour » explique une autre dame. Elle semble déifier Nicolas Sarkozy et ne tarit pas d’éloges sur le grand homme (politique). Sur le même registre qu'une groupie de Claude François ou de Johnny Hallyday à leur mort, elle semble absolument ravagée par ce qui se déroule sous ses yeux ce matin.
Dans le même temps, une grosse vingtaine de parents défilent, les uns après les autres et se heurtent aux barrières et aux policiers : « Tout est bloqué, on fait le grand tour ce matin », répète inlassablement un policier. Les parents s'énervent : « mais la crèche de mon enfant est juste en face, laissez-moi passer... ». Rien n'y fait. Les poussettes ne sont pas de taille contre les barrières et les policiers. Tout le monde fait marche arrière et s'apprête à faire le fameux grand tour. Vu l'énorme blocage du quartier, il va en effet être long.
Seul un papa s'énerve. Les policiers l'ont laissé traverser la rue de la Source dans un sens en lui promettant qu'il pourrait ensuite contourner les blocages. Paf ! le revoilà : « Vos collègues m'ont interdit de passer. Laisser moi rentrer chez moi si je ne peux pas aller à l'école ce matin. » Étrangement, dans l'autre sens, le passage lui est désormais interdit. La moutarde lui monte au nez : « Non, mais laissez moi passer ! Ma patience a des limites. Surtout quand tout ce truc est organisé avec mes impôts ». L'argument a porté ? La police cède.
Les deux dames reprennent leur dialogue et replongent le reporter de guerre dans la réalité alternative : « sa femme est très digne, je la croise souvent à la pharmacie » lance la première. « Vous savez, le discours de Nicolas Sarkozy à la sortie du tribunal était fantastique », rétorque sa voisine. Et la première de conclure par l'argument massue : « de toute façons, les juges, ils sont de gauche ».









