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Dossier
par shaman

Mémoires de tours à détruire

Sociologie historique d'un quartier populaire à l'heure d'une grande remise à plat

Après avoir analysé en détails l'opération des marchands de sommeil du quartier de la Mosson à Montpellier, plongée dans l'histoire de ce quartier populaire du sud de la France, le micro tendu vers ses habitants. Documentaires à l'appui.

L'installation "Souffles", oeuvre de l'artiste Al Sticking, trône à l'entrée du quartier de la Mosson depuis début mai - © Reflets

Baignée par la lumière du soleil du sud de la France, avec en bruit de fond le crissement des cigales, la tour d'Assas trône à l'entrée du quartier de la Mosson à Montpellier. C'est la plus haute d'Occitanie et elle vit ses derniers jours. La face sud, visible de loin depuis l'extérieur du quartier, semble agitée d'une vie propre, changeante avec le vent. Lorsque celui-ci s'apaise, sur une énorme fresque en tissus, un personnage apparait, de dos, avec son imperméable des années 60 et un chapeau. Une mallette dans une main, l'autre posée sur la tête, il semble débarquer, se demandant ce qu'il peut bien faire ici. Mais lorsque le vent reprend son œuvre, et que les tissus composant l'installation se mettent à voleter, un autre personnage apparait. Une femme, de face, le poing levé, en jupe avec un foulard sur la tête, témoignage des luttes locales qui aboutiront à la décision de destruction de la tour. Sur chacune des cases composant cette toile vivante, des témoignages de cinquante-cinq ans d'habitation. L'artiste Al Sticking, auteur de l'installation « Souffles », explique :

« Quand il y a un enterrement, on fait une cérémonie. Pour conserver la mémoire. Pour ne pas que les expériences, comme la pierre, disparaissent totalement  »

Le chantier permanent

Le quartier de la Paillade nait avec le grand plan logement de la fin des années 50 et la création des ZUP. En France, le logement est en crise et Montpellier n'y fait pas exception. La décision de construire ce quartier à 6 km au nord-est du centre historique est prise par la mairie en 1961. Il absorbera l'explosion démographique de la ville qui passera de 97.000 habitants en 1954 à 196.000 en 1976. En 1967, la première tranche d'habitation est livrée et le quartier compte déjà 10.000 habitants qui vivent au milieu d'un chantier permanent. On y croise des ouvriers agricoles mis au chômage par les vagues de froid des hivers 56 et 57 qui ont détruit les vignobles régionaux et des pieds-noirs rapatriés d'Algérie. La tour d'Assas est livrée en 1969 et sera occupée majoritairement, pendant les dix premières années, par des fonctionnaires et des cadres d'IBM.

En 1972, l'esprit du temps est la modernité, les trente glorieuses tirent doucement sur la fin - © Reflets
En 1972, l'esprit du temps est la modernité, les trente glorieuses tirent doucement sur la fin - © Reflets

Le quartier émerge ainsi tout-en-un, sur les terres du domaine viticole de la Paillade. Écoles, plan de transport, équipements sportifs et culturels, le mas viticole deviendra la maison pour tous Léo Lagrange. En 1972, un membre de l'équipe municipale affirme : « À mon sens, c'est actuellement le quartier de Montpellier le mieux équipé ». Antoine Mendoza, instituteur à la retraite, témoigne : « Moi, quand je suis venu habiter à La Paillade, c'était le grand luxe. C'était neuf, c'était spacieux, confortable, fonctionnel ». Mais ne sommes nous pas allés un peu vite en besogne ? Odèle Besème, architecte au CAEU de l'Hérault explique : « En dix ans, on a construit dans l'urgence 2 millions de logements à l'échelle nationale, ce qui est tout de même important. On a utilisé les moyens de l'industrialisation, avec du béton préfabriqué. Et on n'a pas engendré une architecture très qualitative [...] avec une voirie en angle de droit. C'est ce qui a permis de construire rapidement »

Vue, depuis le haut de la tour d'Assas sur le quartier de la Mosson, anciennement nommé La Paillade  - © Reflets
Vue, depuis le haut de la tour d'Assas sur le quartier de la Mosson, anciennement nommé La Paillade - © Reflets

Voisin, le quartier du Petit Bard sort, lui, de terre en deux ans. Livré en 1962, il accueille les pieds-noirs qui ont, pour beaucoup, achetés sur plan depuis l'Algérie. André Bernard, ancien conseiller municipal, témoigne : « Et c'est comme ça qu'a commencé à sourdre la mauvaise réputation du quartier, parce qu'il y avait des malfaçons, les promoteurs avaient construit extrêmement rapidement. Ça a été un départ très compliqué avec des procès des habitants contre les promoteurs. Finalement les copropriétaires ont fini par gagner, des malfaçons ont été réparées, pas mal d'argent distribué. Les proprios ont acheté ailleurs des logements encore plus confortables et ont mis en location. C'étaient les logements les moins chers de Montpellier. »

Le village vertical

En 2009, Laure Pradal publie « Le village vertical », un documentaire de 52 minutes sur la tour d'Assas et ses habitants. Un film en forme de témoignage sur la vie dans cette tour, avec en toile de fond les parcours migratoires et la vie dans les quartiers populaires dans les années 2000.

Une jeune femme, assise dans un salon à côté de sa mère, prend la parole pour elle : « Quand on est arrivé ici, ma mère avait un peu peur. C'est un immeuble de 22 étages, elle ne connaissait personne, elle ne parlait pas français. Pour une femme, c'est dur. Mon père était arrivé en 75, six ans plus tôt. Il avait eu le temps de s'intégrer. Et les hommes, eux, ils sortent ». Un jeune homme sur des marches, devant la tour : « Elles avaient une vie sereine dans les champs. Bien sûr, une vie difficile, mais elles étaient chez elles, elles vivaient leur vie naturellement. Et puis elles ont débarqué dans un quartier, dans un immeuble, enfermées... Ma mère disait à mon père : franchement, je vais retourner au pays. Ce n'est pas possible, je ne peux pas vivre là ».

Entre le 1er avril et le 26 juillet, le 22ème étage de la tour était visitable, avec des installations créées par Créature.s.Créatrice.s et le collectif plume en collaboration avec les habitants. - © Reflets
Entre le 1er avril et le 26 juillet, le 22ème étage de la tour était visitable, avec des installations créées par Créature.s.Créatrice.s et le collectif plume en collaboration avec les habitants. - © Reflets

Au cœur de ces ensembles de béton, la vie s'épanouit. « Les jours d'école, on était 10 à 15 gamins à partir. La tour, c'est un quartier : 176 appartements ! Le matin, c'est comme si vous allez à la gare » « C'est vrai que c'est une ambiance. Quand on est jeune, c'est super, on a des copains, des amis » Une jeune femme, chez elle, renchérit : « C'est comme si c'était une famille. Les jours de fête, les jours de ramadan, il y a une ambiance là-dedans... je sais qu'on ne retrouvera pas ça ailleurs ». Dans les années 80, la sociologie de la tour a basculé avec l'arrivée de nombreux habitants d'origine marocaine de la région de Ouarzazate et plus spécialement du village de Tinghir. Une amie venue en visite : « Moi je venais de Gange, je ne m'en était pas trop rendu compte. Mais l'été quand je suis partie au Maroc avec vous et que je voyais toutes les têtes de la tour d'Assas dans le village, ça m'a fait trop bizarre »

Une relation paradoxale s'établit avec ces quartiers, à l'image de celle qui s'établit avec le pays. « Un de mes meilleurs souvenirs, c'est quand on part pour le Maroc que mon père allume la voiture et qu'on voit la tour d'Assas s'éloigner. Mon autre meilleur souvenir, c'est quand on revient et qu'on voit toutes les fenêtres de la tour allumées. Je sais que je rentre à la maison. Je suis marocaine, mais je suis française aussi. On a besoin de faire ces allez-retour » Un homme devant des platines : « Je suis parti dans le nord à Anger pendant un an. Pourquoi j'ai fait ça, je ne sais pas. Le premier mois, ça allait. Mais après ça a commencé à me peser. Et du coup je suis revenu  »

L'exposition du 22ème étage a investi les appartements, témoins de cinquante années d'habitation  - © Reflets
L'exposition du 22ème étage a investi les appartements, témoins de cinquante années d'habitation - © Reflets

Les témoignages rapportent aussi les difficultés d'intégration dans la société française. « Quand tu es enfant, tu ne vois que les bons côtés, tu es naïf. Tu ne t'imagines pas qu'on puisse ne pas t'aimer parce que tes parents sont nés dans un autre pays, ça parait débile. En grandissant, tu te rends compte que c'est une réalité. Moi, ça m'a dégouté. Aujourd'hui, j'ai 28 ans, je suis née en France, mes deux enfants aussi, ma grand-mère et mes parents vivent ici. Mais je me sens plus marocaine que française. Je le sens à travers le regard et le comportement des gens qui sont autour de moi »

Une de ses amies poursuit : « On a l'impression qu'un jour il y aura un dérapage et qu'on aura beau montrer notre carte d'identité, on nous dira "non ce n'est qu'un papier". On tient sur un fil. Du jour au lendemain, ils peuvent nous dire, prenez vos cliques et vos claques et au-revoir. Nos parents ont construit une maison au Maroc, au cas où. Ils ont un compte bancaire marocain, au cas où. Ils refont leurs papiers marocains au cas où. À force d'avoir été déçu, on n'arrive pas à avoir confiance. »

Et comment faire confiance quand, avec le changement des populations, vient l'abandon des structures publiques ? Un texte, faisant partie de l'œuvre de l'artiste Al Sticking : « Vers la fin j’avais l’impression qu’on était un peu laissés à l’abandon. Tout était cassé, pas d’ascenseur, pas d’électricité. Avec tous ces dysfonctionnements, on développe un sentiment d’infériorité, le sentiment d’être abandonné, comme si tout le monde s’en foutait de nous  »

D'autres témoignages de l'exposition "Souffles" ont été reproduits et affichés à différents endroits de la ville - Al Sticking - © Reflets
D'autres témoignages de l'exposition "Souffles" ont été reproduits et affichés à différents endroits de la ville - Al Sticking - © Reflets

On va vous en débarrasser de ces racailles

Dès 2003, la société a fait volte face et ces grands ensembles, anciennement synonymes d'émancipation, deviennent foyers de communautarisme. Raffarin, alors premier ministre, l'affirme : « La menace est grande dans notre pays [...] il faut casser les ghettos physiques, mais aussi casser tous les ghettos qui sont dans nos têtes ». Jean-Louis Borloo, alors ministre délégué à la ville, sort son plan et crée dans la foulée l'ANRU ou « Agence Nationale de Rénovation Urbaine ». À l'heure de la crise des dépenses publiques, 45 milliards d'euros d'investissements vont être engagés sur 10 ans. Cette manne est issue des lignes de crédit dédiées au logement social. Cette fois, elles sont fléchées vers la réhabilitation urbaine, synonyme de destruction pour reconstruire. L'objectif affiché : la mixité sociale. Paris a décidé d'agir et la communication va marcher à plein régime pour ce « plan Marshall des banlieues ». Des conventions sont signées avec les villes qui ont des projets de destruction, ces opérations générant un flux d'images spectaculaires impliquant explosions de tours et de barres conclues autour d'une poignée de main avec un maire fort satisfait.

Sur le terrain, en revanche, les usagers semblent moins convaincu. En témoignent ces premières luttes des habitants de la tour d'Assas contre la fermeture d'un local associatif. L'atmosphère est tendue lors d'une réunion avec le représentant du bailleur social, ACM. Un père : « Ils veulent que nos enfants soient livrés à eux-mêmes, qu'ils trainent dehors, sans but ? Ici, on leur faisait l'école, ce n'est pas normal ! ». Les reproches fusent : « Pourquoi ce local vous dérange ? Dites-le que c'est pour la salle de prière. Parce qu'ici, il y a aussi des élus du même parti politique qui viennent distribuer du matériel politique. Et là, on ne nous dit pas qu'il y a trop de monde ». Mais les plaintes vont plus loin que le simple local : « Là ça suffit. L'ascenseur a pratiquement été tout refait et des pièces continuent à tomber ! Et vous nous dites que c'est parce que les locataires ont recommencé à uriner sur ces pièces ? Non, il y a quelqu'un qui fait pas son boulot ! Vous envoyez des gens qui font du bricolage ! ».

Dans la tour d'Assas, la lutte contre le mal-logement reprend dans les années 2015 - 2017, menées par une nouvelle génération, plus jeune et plus féminine. Une lutte qui trouvera cette fois un écho auprès de la politique montpelliéraine. Une lutte qui inspirera l'artiste “Al Sticking”. - Exposition tour d'Assas - © Reflets
Dans la tour d'Assas, la lutte contre le mal-logement reprend dans les années 2015 - 2017, menées par une nouvelle génération, plus jeune et plus féminine. Une lutte qui trouvera cette fois un écho auprès de la politique montpelliéraine. Une lutte qui inspirera l'artiste “Al Sticking”. - Exposition tour d'Assas - © Reflets

Dans le reportage « Tomber les murs », produit par le collectif « Les Ziconophages » en 2008, André Berland, ancien élu de Montpellier témoigne : « Le projet de réhabilitation du quartier du petit bard semble maintenant sur les rails, mais il a mis pas mal d'années à accoucher. Ça a été une gestation fabuleuse. Moi j'ai eu connaissance de trois plans subventionnés depuis les années 80 ». Monique Vally, de la Confédération Nationale du Logement rajoute : « Le drame, c'est que pendant ce temps, il n'y a pratiquement plus d'entretien. Et ça, c'est parfaitement anormal parce que ces quartiers sont déjà dégradés, et sous prétexte de les rénover, on ne fait plus rien du tout. C'est injuste, car les locataires continuent à payer leurs charges ». Simone Bascoule, de l'association Consommation Logement Cadre de vie : « Ah ça, il y a plein des gens célèbres qui sont venus. Mais entre une volonté qui vient de loin et la réalisation des choses… Quand on est sur le terrain et qu'on entend les grandes annonces, c'est fatiguant ». IIies Medjaher, animateur et habitant du quartier : « Les gens se sentent humiliés. Je ne sais pas si vous êtes déjà rentré dans un appartement du petit bard ? Disons que ce n'est pas très catholique de faire habiter les gens comme ça ».

Renaud Epstein, sociologue et spécialiste des questions de rénovation urbaine, va jusqu'à comparer le gouvernement à Georges Bush, déclarant en 2003 « Mission accomplie » en Irak, avec la suite que l'on connait. Les immeubles détruits laissent la place à de nouveaux logements sociaux, sans réellement changer la composition socio-économique des quartiers. Sylvie Tissot, sociologue des politiques urbaines, souligne : « Moi, les retours de chercheurs ou professionnels, c'est un bilan extrêmement négatif. Les destructions qui sont faites n'ont souvent pas de sens. Pas de sens pour les habitants, mais pas pour les professionnels non plus. C'est une politique qui vient d'en haut, qui est extrêmement autoritaire. Souvent ça se fait au détriment d'une analyse locale. Les immeubles démolis sont les plus vieux avec les loyers les moins chers et les plus grands appartements. On reconstruit des petites unités, plus disséminées, très chers pour du logement social  » Monique Vally poursuit : « La démolition, pour la CNL, c'est quelque part une déportation. On leur fait quitter le quartier pour les envoyer souvent plus loin. Ce sont souvent des gens qui ont des métiers pénibles et en leur faisant quitter la ville, on les oblige à plus de pénibilité par les transports ».

Destinations de rêve pour les anciens habitants de la tour d'Assas ? - © Reflets
Destinations de rêve pour les anciens habitants de la tour d'Assas ? - © Reflets

Abdlekader Amlouk, co-auteur du livre Phobos, les mal famés du nom d'une des premières citées rasées à la Paillade, témoigne : « Aucune personne n'aimerait voir l'endroit où elle a passé une partie de son enfance être détruit. C'est comme si on vous enlevait une partie de vous-même ». Mustapha Laoukiri, co-auteur, poursuit : « Le plan initial, c'était d'être réinsérés dans le quartier après rénovation. Cela n'a pas été fait et on a tous été jetés dans des quartiers aussi mal famés que celui-ci »”. IIies Medjaher, l'animateur, continue : « La mixité sociale, ça doit être des actes. Si vous allez à Malbosc, ou à Saint Nazaire où les gens sont relogés, il n'y a pas trop de mixité ! La mixité, ça peut aider les gens à changer, à penser autrement, parce que les gens qu'on parque ici, que voulez-vous qu'ils pensent ! Il faudrait que ce soit à l'image de la société, mais qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, dans le logement il y a de la discrimination » Sylvie Tissot abonde : « La mixité sociale est venue légitimer les discriminations. »

Un mur de l'exposition à Assas est dédié à l'immeuble Font Del Rey, qui va également bientôt être détruit et dont les propriétaires sont au centre d'un procès en tant que marchands de sommeil - © Reflets
Un mur de l'exposition à Assas est dédié à l'immeuble Font Del Rey, qui va également bientôt être détruit et dont les propriétaires sont au centre d'un procès en tant que marchands de sommeil - © Reflets

Chibanias, les femmes aux cheveux blancs

En juillet de cette année, l'association HabiterEnfin réalise une exposition au centre d'action social de la Mosson. Partant du constat de la part grandissante de femmes âgées et isolées dans les personnes qu'ils accompagnent, l'association décide de les faire témoigner. Cinq d'entre elles acceptent, de manière anonyme, et partagent leur histoire de vie, d'exil et d'immigration. Et pendant que leurs joies, leurs épreuves, leurs espoirs s'égrènent dans le casque audio, le regard se pose sur les objets, les photographies et les parfums qu'elles ont partagés pour cette exposition.

Toutes sont nées à l'étranger, à la campagne. Elles ont émigrés pour différentes raisons : études, rapprochement familial, raisons économiques ou fuite de violences intrafamiliales. Elles ont traversé les frontières légalement ou illégalement. Toutes divorcées, elles ont dû quitter le domicile familial, dans un contexte de violence pour deux d'entre elle. Elles sont en rupture avec le cercle familial, certaines d'entre elles voient encore leurs enfants. La rupture les a rendus vulnérable, passant par des foyers et victimes de marchands de sommeil : deux d'entre elles vivaient dans l'immeuble Font del Rey. L'association observe : « Il en ressort qu’en tant que femmes, et principalement issues de l’immigration, elles ont subi un cumul de facteurs d’oppression. La migration entraine parfois un déclassement social, les violences familiales, un isolement et un éloignement du monde professionnel. Cela impacte aujourd’hui leur qualité de vie aussi bien en termes de ressources qu’en termes de santé physique et mentale. »

Chloé et Marion, membres de l'association HabiterEnfin, expliquent les résultats du projets au public venu voir l'exposition - © Reflets
Chloé et Marion, membres de l'association HabiterEnfin, expliquent les résultats du projets au public venu voir l'exposition - © Reflets

Et pour ces « Chibanias », public vulnérable aux parcours impressionnants, l'importance de l'accès au logement et à un cadre de vie décent est primordiale. Un lieu fondamental pour l'accès aux autres droits et pour vivre dignement. Ces chibanias vivent seules, restent beaucoup chez elles et ont parfois honte d'inviter des gens au vu de leur condition d'hébergement. Elles soulignent l'importance de la luminosité, d'un petit balcon. L'une d'elle n'a même pas la place d'installer une machine à laver. Elles marchent beaucoup, ont besoin d'accès aux transports et aux commerces. Avoir accès à des espaces verts et un tissu associatif permettant de les accompagner.

« Des choses simples » pour parodier Macron, enflammé, citant Robinson Crusoé. Des choses simples que les grands discours politiques et les milliards investis depuis plus de cinquante ans ne semblent toujours pas être en mesure d'apporter.

Les Ziconophages

Pour cette enquête, Reflets s'est appuyé sur le travail des Ziconofages, une association Montpelliéraine composée de vidéastes sociaux. Ils proposent à tout public, mais prioritairement aux personnes précaires, de réaliser des courts et moyens métrages sur l’accès à la culture et sur des thématiques qui impactent les habitants : logement, discriminations, accès à l’alimentation, vivre ensemble, mobilité... Dans ces projets d’outils vidéo participatifs, ils apportent leur savoir-faire audiovisuel et les participant.e.s, leurs connaissances de leurs territoires, leurs regards, leurs paroles. L'idée est de construire ses images plutôt que subir des images. Ces films sont des outils de médiation pour lutter contre les représentations, les préjugés, pour apporter un autre regard, poser des diagnostics sur des problématiques sociales. Ils permettent aux participants de reprendre confiance, de développer des compétences et parfois d’améliorer leurs conditions de vie.

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