Mémoires de tours à détruire
Sociologie historique d'un quartier populaire à l'heure d'une grande remise à plat
Après avoir analysé en détails l'opération des marchands de sommeil du quartier de la Mosson à Montpellier, plongée dans l'histoire de ce quartier populaire du sud de la France, le micro tendu vers ses habitants. Documentaires à l'appui.
Baignée par la lumière du soleil du sud de la France, avec en bruit de fond le crissement des cigales, la tour d'Assas trône à l'entrée du quartier de la Mosson à Montpellier. C'est la plus haute d'Occitanie et elle vit ses derniers jours. La face sud, visible de loin depuis l'extérieur du quartier, semble agitée d'une vie propre, changeante avec le vent. Lorsque celui-ci s'apaise, sur une énorme fresque en tissus, un personnage apparait, de dos, avec son imperméable des années 60 et un chapeau. Une mallette dans une main, l'autre posée sur la tête, il semble débarquer, se demandant ce qu'il peut bien faire ici. Mais lorsque le vent reprend son œuvre, et que les tissus composant l'installation se mettent à voleter, un autre personnage apparait. Une femme, de face, le poing levé, en jupe avec un foulard sur la tête, témoignage des luttes locales qui aboutiront à la décision de destruction de la tour. Sur chacune des cases composant cette toile vivante, des témoignages de cinquante-cinq ans d'habitation. L'artiste Al Sticking, auteur de l'installation « Souffles », explique :
« Quand il y a un enterrement, on fait une cérémonie. Pour conserver la mémoire. Pour ne pas que les expériences, comme la pierre, disparaissent totalement »
Le chantier permanent
Le quartier de la Paillade nait avec le grand plan logement de la fin des années 50 et la création des ZUP. En France, le logement est en crise et...