Manifestation des gilets jaunes à Paris le 2 février - Acte XII
Reportage photo
Rebelote : la manifestation a fini avec des affrontements violents sur la place de la République. Alors qu'il s'agissait d'une marche pour les blessés, quelques excités ont fait basculer la fin de manif dans des violences (de toutes parts)

Cela devait être une manifestation en soutien aux blessés. Ceux qui ont subi la violence des armes dites "intermédiaires" mais que le fabriquant, Brügger & Thomet, appelle lui, "moins létales". Au départ de la manifestation, Jérôme Rodrigues et Franck (que nous avions interviewé pour cet article) semblaient personnifier le mouvement. Calmes et déterminés. La manifestation s'est ébranlée de la place Felix Eboué pour se rendre à la Bastille, puis à République. Les forces de l'ordre se sont à nouveau montrées très discrètes pendant tout le trajet. Les mêmes policiers que les semaines précédentes étaient présents en tête de cortège, ce dernier étant précédé par des voitures de police qui, à distance, ouvraient la route.
C'est dans le calme, comme à chaque manifestation, que le cortège a traversé les rues de Paris. Aucun incident majeur n'est intervenu. Seuls quelques antifa un peu tendus se sont opposés à des supposés membres de l'extrême-droite.
Place de la Bastille, le cortège qui a compté 13.500 manifestants selon le cabinet Occurrence et 10.500 selon la préfecture, ont fait une pause festive. De nombreuses sonos diffusaient de la musique et les gens dansaient ou parlaient politique.
Le cortège est ensuite reparti pour la République où devait se tenir une "nuit jaune". Une fois arrivée place de la République vers 15h45, les manifestants se sont éparpillés sur la place. Les forces de police, pour une fois, ont parqué leurs véhicules un peu en retrait dans les avenues menant à la place. La nasse était effective, mais discrète, ce qui changeait un peu.
Un homme venu de Senlis quitte la manifestation alors que des affrontements commencent. Ancien manutentionnaire, il vient d'avoir son diplôme de psychologue du travail et est en recherche d'emploi. "Ça suffit pour aujourd'hui, il y avait du monde, c'est bien. Maintenant des manifestants sont là pour en découdre avec la police. C'est a chaque fois pareil. Ça m'énerve car ils discréditent le mouvement."
Un attroupement s'est en effet rapidement formé environ 200 mètres à l'intérieur du boulevard Saint-Martin, devant les camions de police et le cordon de gendarmes et de policiers en civil. Quelques énervés, décidés à en découdre avec la police sont venus au contact et ont envoyé des projectiles sur les forces de l'ordre. Un canon à eau a rapidement douché les manifestants et un SDF qui a promené sa valise pendant tous les affrontements. Rapidement, les cailloux ont volé et les gazs ont été utilisés en retour. Les forces de police ont dès lors entamé une avancée vers la place. Ces premiers affrontements ont marqué le début d'échanges tendus entre manifestants et forces de l'ordre. Ces dernières ont répliqué violemment à des jets de projectiles assez variés. Une sorte de carburateur de mobylette, des engins explosifs, des grilles de trottoirs, des morceaux de contreplaqué... Dans l'ensemble la police a visiblement fait plus usage de gazs lacrymogène que de LBD (en comparaison avec les premières manifestations de décembre et début janvier).
Vers 18h, il restait plus de journalistes et de policiers sur la place de la République que de manifestants. Pour la prochaine éventuelle "nuit jaune", il faudrait sans doute que les organisateurs réfléchissent à mettre en place des tentes, des chaises, et faire asseoir les gens pour les faire discuter. Il est plus compliqué pour les forces de l'ordre de charger des personnes assises en train de papoter que des excités qui leur balancent des objets variés...
Dans un bar, juste derrière le cordon de CRS du Boulevard du Temple, des Gilets Jaunes discutent. "Cette révolte des Gilets Jaunes est historique. Nous écrivons l'Histoire et je veux pouvoir dire à mes enfants : j'y étais." Les manifestants engagent la discussion sur les raisons de leur mobilisation. Ce qui revient ce sont les inégalités dans le partage des richesses, l'optimisation fiscale des grandes entreprises et des plus fortunés. Macron est accusé de servir "ses copains les plus riches qui ont financé sa campagne électorale". Le passage d'un CRS venu utiliser les toilettes fait sourire. Mais aucune animosité.
Les nouveaux rebondissements de l'affaire Benalla font à peine réagir. "De toute façon, on n'a pas besoin de Benalla pour savoir que ce président est un charlot. Et s'il croit nous endormir avec son débat national, il se trompe. On sera là la semaine prochaine."










































