Manifestation des gilets jaunes à Paris le 16 novembre 2019 - Acte 53
Le mouvement a un an
L'anniversaire du mouvement des gilets jaunes a été marqué par une répression frénétique et beaucoup de casse. Les manifestations n'ont même pas pu s'ébranler.

Deux manifestations étaient prévues ce samedi 16 novembre, pour marquer le premier anniversaire du mouvement des gilets jaunes. L'une partait le matin de la porte Champerret, l'autre de la place d'Italie à 14h. Aucune manifestation n'a pu démarrer. deux lieux, deux cas différents, un même résultat.
Porte de Champerret, quelques manifestants ont tenté de descendre sur le boulevard périphérique. Tentative de courte durée, la police y mettant fin rapidement. Mais ce mouvement a servi de prétexte pour déclencher des tirs de lacrymogènes sur le reste de la manifestation qui avait à peine eu le temps de commencer à se former. Les forces du désordre de l'ordre on ainsi pu briser le groupe en dizaines de petits groupes qui se sont éparpillés, noyés sous les lacrymogènes.
Il ne s'agissait pas ici de s'opposer à des mouvements de casse ou des désordres. L'usage de gaz était massif et totalement inexplicable dans la plupart des cas. C'est toujours mieux que le LBD, mais in fine, la manifestation n'a jamais pu démarrer. Elle est tout simplement morte avant d'avoir pu commencer.
Nous avons suivi un petit groupe jusqu'à la place d'Italie. Les gilets jaunes avec qui nous avons pris le métro pensaient s'intégrer à la deuxième manifestation à défaut d'avoir pu participer à la première. Peine perdue.
Sur la place d'Italie, à une heure, il y a déjà des traces d'affrontements. La police utilise aussi des masses de gaz lacrymogène et organise une nasse. Personne ne peut sortir de la place. A l'intérieur de la nasse, des black bloc organisent les destructions de mobilier urbain, de la devanture d'une agence bancaire HSBC. Des feux sont allumés tout autour de la place.
"Ils ont réussi à transformer tout un pays en black bloc", lance un manifestant.
La manifestation prévue au départ de la place d'Italie n'aura pas lieu. La nasse est fermée. Elle tiendra jusqu'en milieu d'après-midi. Brisée tout à coup, la place se vide. Dans le lot des manifestants qui s'enfuient après avoir essuyé des tombereaux de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes, peut-être des balck bloc, mais surtout beaucoup de gilets jaunes lambda. La foule en fuite sera indistinctement visée massivement par des gaz lacrymogènes. On croise une jeune femme en pleurs avec son compagnon. Elle a été matraquée dans les côtes.
De nombreux blessés ont été évacués au fil de l'après-midi.
Peu à peu des petits groupes se forment et partent en mini-manifestations sauvages dans Paris. On en retrouve quelques uns à Bastille. Dans le même temps, des heurts ont eu lieu aux Halles. Mais nous n'avons pas pu y assister.
Cette journée est une nouvelle illustration de la problématique de la poule et de l'oeuf. On peut raisonnablement se poser la question : la gestion du maintien de l'ordre sous Christophe Castaner, très violent et souvent complètement irrationnel, contribue-t-elle à faire monter la tension ? Aujourd'hui, les forces de l'ordre ont reçu toutes sortes de projectiles trouvés sur les chantiers en cours place d'Italie. Y compris d'énormes pavés de plusieurs kilos. Le cercle nasse, lancer de projectiles, riposte a fonctionné à plein. Pourquoi la préfecture a-t-elle autorisé un départ de manifestation sur une place en plein chantier ? Alors qu'elle avait refusé d'autres parcours... Mystère.






























