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par Jacques Duplessy, Antoine Champagne - kitetoa

Manifestation des gilets jaunes à Paris le 12 septembre 2020 - Acte 96

Opération Bernard Arnault au Bon Marché

Les gilets jaunes faisaient leur rentrée ce 12 septembre. Certains ont déambulé dans le magasin Le Bon Marché avec des masques de Bernard Arnault pour demander une justice fiscale tandis que d'autres battaient le pavé. Les lacrymos ont plu place Wagram.

"Bernard Arnault" en Gilet Jaune pour une opération spéciale au Bon Marché - © Reflets

Les Gilets Jaunes entendent relancer leur mouvement après le confinement et les vacances, à Paris comme en province. « Ce n’est pas “la rentrée” ou “le retour” des “gilets jaunes”, ça, c’est une construction médiatique ! On nous a mis au placard, fracassés, déglingués. Mais la colère est là, dans les foyers, dans les entreprises autour des machines à café. Elle n’est peut-être pas jaune, mais elle est là. Ceux qui ont tenu à bout de bras la France pendant les deux mois de confinement, ce sont des aides-soignants, des caissiers, des éboueurs, ce sont des “gilets jaunes” ! » a déclaré Jérôme Rodrigues, une des figures du mouvement.

Opération Bernard Arnault au Bon Marché

Un des animateurs du groupe Gilets Jaunes opérations spéciale nous a donné rendez-vous dans un square discret du 7ème arrondissement de Paris pour une action, sans plus de détails. A notre arrivée, nous apprenons qu'un groupe de Gilets Jaunes veut s'infiltrer dans la grande surface de luxe "Le bon marché" propriété de LVMH, le groupe de Bernard Arnault.

Gilets jaunes au Bon Marché - © Reflets
Gilets jaunes au Bon Marché - © Reflets

A 11h, coup de sifflet. Les manifestants revêtent leur gilet et un masque de Bernard Arnault. Il sont une bonne trentaine à arpenter les rayons en silence. La sécurité, particulièrement nerveuse, se précipite et tente de les nasser. La police est appelée. Après avoir joué au chat et à la souris avec les agents de sécurité du magasin, les Gilets Jaunes se laissent raccompagner vers la sortie aux cris de « Bernard, rends l'argent ! » et « Libérez les milliards ! » Des clients les regardent d'un air dédaigneux. Deux mondes qui se croisent et qui s'ignorent. Quelques minutes plus tard, une petites dizaines sont interpellés par les policiers qui procèdent à un simple contrôle d'identité.

Ce Bernard Arnault d'un jour ne lâche rien... - © Reflets
Ce Bernard Arnault d'un jour ne lâche rien... - © Reflets

« On veut juste rappeler que Bernard Arnault profite de l'argent public, et demander le rétablissement de l'impôt sur la fortune », explique une manifestante.

Direction place Wagram, point de départ de l'une des manifestations déclarées. Quelques centaines de personnes sont rassemblées. Après quelques échauffourées avec la police et l'incendie d'un scooter, une partie des Gilets Jaunes est dispersée à coup de gaz lacrymogène avant même l'heure du départ prévue à 14h.

Graffiti - © Reflets
Graffiti - © Reflets

Marc est venue d'Etampes dans l'Essonne. Cela fait des mois qu'il manifeste et il reste mobilisé. « Ce gouvernement ne passe toujours pas. C'est une oligarchie qui dirige le gouvernement, pas le peuple. Il faut un gouvernement pour le peuple, pas au service des plus riches. A Etampes, nous avons toujours notre rond-point que nous occupons deux fois par semaine. Même durant le confinement, on organisait des rassemblement "les Gilets Jaunes font leurs courses" puisqu'on n'avait le droit que de faire ça. On se retrouvait avec notre gilet dans une grande surface. Sinon on fait des opérations péage gratuit à Saint Arnoult ou à Tancarville. »

Manifestante place Wagram - ©  Reflets
Manifestante place Wagram - © Reflets

Parmi les manifestants, beaucoup de jeunes, comme Sébastien, un étudiant en informatique, venu pour « davantage de démocratie ».

Anne a les yeux rougis par les gaz lacrymogènes. Cette jeune retraitée, ancienne secrétaire de direction dans la banque, ne décolère pas. « Je suis venue dès l'acte II des Gilets Jaunes le 24 novembre 2018 après la phrase de Macron : "Il y a dans cette gare des gens qui ont réussi et ceux qui ne sont rien." Je voulais qu'il entende le message de ceux qui ne sont rien. Ma colère est aussi contre la fermeture des hôpitaux et des services dans les petites villes de province. J'ai aussi manifesté contre la réforme des retraites. Ce gouvernement privilégie une petite oligarchie. Ce qu'ils attendent de nous, c'est travaille, consomme et ferme ta gueule. C'est cette société-là qu'il faut changer ».

Il y a du monde dans la queue, à la boulangerie, place Wagram - © Reflets
Il y a du monde dans la queue, à la boulangerie, place Wagram - © Reflets

Sur l'ensemble de la journée, la préfecture de police de Paris déclare avoir procédé à 256 interpellations et 90 verbalisations.

Comme ses prédécesseurs... - © Reflets
Comme ses prédécesseurs... - © Reflets

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