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Dossier
par Antoine Champagne - kitetoa

Manifestation de soutien aux Palestiniens le 15 mai 2021 à Paris

Quelques centaines de manifestants, des milliers de policiers...

Le dispositif était totalement surdimensionné. Quel but recherchait l'exécutif ?

Métro Barbès, le lieu de rendez-vous où rien ne se passera faute de pouvoir créer un cortège - © Reflets

Sans doute moins de 1000 personnes ont défilé dans les rues de Paris, en dépit de l'interdiction décidée par le préfet, pour soutenir les Palestiniens. Un nombre démesuré de forces de l'ordre (4.200 selon Gerald Darmanin) a scindé les manifestants avant même qu'un cortège ne se forme. Quelques groupes de 10 à un peu plus d'une centaine de personnes se sont déplacés dans le quartier de Barbès sans pouvoir à aucun moment former une manifestation. Les gaz et les canons à eau ont dispersé tout le monde pendant quelques heures, les BRAV-M venues en renfort ont soudain "interpelé" des gamins alors qu'il n'y avait pas de troubles particuliers. Ces interpellations seront sans doute mises sur le compte de l'interdiction de manifester.

Il n'y avait probablement pas eu autant de forces de l'ordre dans les rues de Paris depuis la manifestation qui avait suivi les dégradations de l'Arc de triomphe pendant la période gilets jaunes. Il ne manquait que les blindés de la gendarmeries sortis à l'époque pour impressionner les foules.

L'exécutif a visiblement souhaité instrumentaliser la peur. Valeurs Actuelles qui tweetait depuis Barbès, a vu des "pro-palestiniens" qui défilaient "dans les rues de #Paris aux cris de "Allah akbar"". Daesh à nos portes en quelque sorte ? Gerald Darmanin avait donné le ton la veille en annonçant qu'il refusait - avant que quoi que soit se soit passé façon Minotity Report - de "revivre les scènes ignobles de 2014 dans les rues de Paris". Le ministre faisait référence à une manifestation de soutien aux Palestiniens qui se serait transformée en manifestation antisémite.

Edwy Plenel avait réagi à cette déclaration :

Reflets a suivi plusieurs groupes de manifestants dans le quartier de Barbès avant de rejoindre la place de la République par le boulevard Magenta. A aucun moment nous n'avons entendu de déclaration antisémite. Nous n'avons pas non plus constaté de pancartes contenant des attaques antisémites. Le seul slogan entendu était invariablement "Israël assassin, Macron complice". A aucun moment nous n'avons constaté de dégradations de mobilier urbain, encore moins de magasins, comme le craignait la préfecture qui leur avait demandé de baisser leurs rideaux dès 12h pour "éviter au maximum les dégradations", et que "des éléments de mobilier" puissent être utilisés contre les forces de l'ordre. Rien de tout cela n'est arrivé.

Soit l'exécutif avait peur, comme pendant la période des gilets jaunes et craignait réellement d'être dépassé par la rue, ce qui est fort improbable, soit il a choisi sciemment d'agiter des chiffons rouges alors que les discours se radicalisent dans les deux camps depuis plusieurs jours, jetant ainsi de l'huile sur le feu.

Vers 14h30 quelques stations de métro au dessus de Barbès - © Reflets
Vers 14h30 quelques stations de métro au dessus de Barbès - © Reflets

Les forces de l'ordre étaient massivement présentes dans la rue - © Reflets
Les forces de l'ordre étaient massivement présentes dans la rue - © Reflets

Les manifestants étaient généralement assez jeunes - © Reflets
Les manifestants étaient généralement assez jeunes - © Reflets

Le nombre démesuré de camions de police bouchaient la circulation des boulevards au point d'empêcher un camion du SAMU de circuler - © Reflets
Le nombre démesuré de camions de police bouchaient la circulation des boulevards au point d'empêcher un camion du SAMU de circuler - © Reflets

Exemple de rue bouchée par des dizaines de camions. La situation était similaire sur le boulevard Magenta de Barbès à République... - © Reflets
Exemple de rue bouchée par des dizaines de camions. La situation était similaire sur le boulevard Magenta de Barbès à République... - © Reflets

Grosse activité des canons à eau ce samedi - © Reflets - CC BY 2.0
Grosse activité des canons à eau ce samedi - © Reflets - CC BY 2.0

Gros cortège... de 100 ou 200 personnes. Il fera 300 mètres avant d'être dispersé - © Reflets
Gros cortège... de 100 ou 200 personnes. Il fera 300 mètres avant d'être dispersé - © Reflets

Que d'eau... - © Reflets
Que d'eau... - © Reflets

Deux jeunes face au gaz lacrymogène - © Reflets - CC BY 2.0
Deux jeunes face au gaz lacrymogène - © Reflets - CC BY 2.0

Ça pique - © Reflets
Ça pique - © Reflets

Les BRAV-M décident tout à coup d'interpeler (voir la vidéo), sans raison particulière - © Reflets
Les BRAV-M décident tout à coup d'interpeler (voir la vidéo), sans raison particulière - © Reflets

L'abus de police peut mener à un État policier. Méfiance.  - © Reflets
L'abus de police peut mener à un État policier. Méfiance. - © Reflets

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