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Édito
par Jacques Duplessy

Macron, le président qui emmerde les Français

Ses propos illustrent un quinquennat de mépris et de condescendance

Le chef de l'État a fait le choix de cliver un peu plus notre société alors que la crise sanitaire continue. Ses mots sont non seulement une erreur, ils sont contre-productifs : aucun non-vacciné ne sera convaincu par ses propos. Mais l'attitude de Macron remet en lumière tous les bras d'honneur qu'il a fait aux Français.

Emmanuel Macron dans la cour de l'Elysée. - Vlad (République de la Macédoine du Nord) - Creative Commons Public

« Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça la stratégie. » La phrase d'Emmanuel Macron tourne en boucle. Elle choque. À raison. Oui, la vaccination sauve des vies et elle est absolument souhaitable. Nous l'avons rappelé dans ces colonnes en donnant la parole à des professionnels de santé à de multiples reprises. Mais ce choix du président de provoquer, de cliver encore un peu plus la société, d'hystériser le débat est contre-productif : aucun non-vacciné ne sera convaincu par ses propos. Pour un coup politique, Macron va contre l'intérêt général dans la lutte contre cette épidémie. Ajoutons cette tournure de phrase un peu infantile, « J'ai très envie », comme si gouverner c'était céder à ses envies. Demain ça sera quoi la liste de ses envies ?

Une phrase est encore plus inquiétante : « Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n'est plus un citoyen. » De fait, Emmanuel Macron décrète une classe de sous-citoyens. On n'est pas loin de la déchéance de nationalité.

Une autre manière de penser serait de voir les non-vaccinés en partie comme des victimes de la désinformation. Les théories complotistes sont un rouleau compresseur qui peuvent enfermer des gens dans des schémas irrationnels. Alors s'il faut emmerder quelqu'un, ne serait-ce pas ceux qui distillent ce poison des fake news ?

Dans les faits, il n'y a pas que les non-vaccinés qu'il emmerde. Avec le passe sanitaire et le passe vaccinal, c'est en fait tous les Français qu'il emmerde. Dans le même temps Macron refuse de rendre la vaccination obligatoire, donc de ne pas assumer politiquement cette obligation. Mais il instaure une société de la surveillance de tous par tous où le cafetier, le restaurateur, l'employé du cinéma ou de bibliothèque se transforme en « Little Brother » et contrôle la vie de chacun.

« Il y a derrière le recours à cet état d’urgence, s’il dure, le risque d’affadir et même de créer la résignation chez les Français qui s’habituent à la perte de leur liberté, de leurs droits élémentaires », s’inquiétait Bruno Lasserre, vice-président du Conseil d’État.

Allons plus loin. Dire « Je t'emmerde », c'est aussi faire un bras d'honneur aux Français. Et depuis cinq ans, Emmanuel Macron les multiplie.

Il y a celui du président des riches avec la fin de l'ISF, celui dans l'affaire Benalla, avec cette formule méprisante, « Qu'ils viennent me chercher ! », celui fait aux Gilets Jaunes matés à coup de LBD et de mains arrachées.

Macron emmerde aussi les chômeurs en leur conseillant de « traverser la rue pour trouver du travail » et, plus grave, avec sa réforme inique de l'indemnisation. Et plus largement, ce sont les plus précaires, « ceux qui ne sont rien » selon la formule présidentielle, qui sont dans son viseur, comme le montre la baisse des APL.

Face à l'urgence écologique, même constat. Macron a multiplié renoncements. Il fait un bras d'honneur aux membres de la Convention citoyenne pour le climat et à nous tous, en ne reprenant pas leurs propositions comme il s'y était pourtant engagé.

Même comportement présidentiel méprisant dans la gestion de la pandémie. Cette fois, c'est un bras d'honneur au parlement et à la démocratie avec un pilotage au travers du Conseil de défense sanitaire dont tous les comptes rendus sont classés secret défense. Il est donc impossible aux citoyens de savoir comment sont prises les décisions.

Au-delà des beaux discours, Macron emmerde aussi les soignants. En pleine crise sanitaire, il a continué la suppression de milliers de lits hospitaliers, y compris des lits de réanimation.

Les propos outranciers tenus par le résident dans Le Parisien sont intéressants : ils sont plus largement révélateurs de son rapport condescendant aux Français, et d'un mépris des élites.

Pourtant, Macron déclarait les trémolos dans la voix : « Je pense que dans certains de mes propos j'ai blessé des gens et je pense qu'on peut bouger les choses sans blesser les gens, et c'est ça que je ne referai plus parce que, au moment où je l'ai fait, je n'ai pas mesuré que je blessais. » C'était le 15 décembre sur TF1. Il y a moins d'un mois.

Reste une question : après l'arroseur arrosé, verra-t-on l'emmerdeur emmerdé ?

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