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par bluetouff

Liban : Arrestation de l'ancien ministre Michel Samaha

Dans le sac de noeuds syrien qui agite tout le moyen-orient, il est une information qui est passée quasi inaperçue chez nous, il s'agit de l'arrestation, jeudi dernier, de l'ancien ministre libanais Michel Samaha. Du moins, si la dépêche de l'AFP a bien été relayée par de nombreux confrères, les raisons de son arrestation, et ce que cette dernière implique, ont, au final, peu été traitées.

Dans le sac de noeuds syrien qui agite tout le moyen-orient, il est une information qui est passée quasi inaperçue chez nous, il s'agit de l'arrestation, jeudi dernier, de l'ancien ministre libanais Michel Samaha. Du moins, si la dépêche de l'AFP a bien été relayée par de nombreux confrères, les raisons de son arrestation, et ce que cette dernière implique, ont, au final, peu été traitées.

Alors qu'en Syrie les cartes des soutiens des deux parties commencent à se découvrir, le Liban, pays frontalier et aux liens encore très forts avec le régime de Bachar al Assad a été secoué avant hier par cette arrestation. Secoué non pas parce que les libanais découvraient ses accointances avec le régime syrien, mais comme le rapporte l'Orient Le Jour, secoué et surpris par l'efficacité des FSI (Forces de Sécurité Intérieures). Soupçonné d'être directement impliqué dans un trafic d'explosifs en préparation d'attentats dans le nord Liban, Michel Samaha et le général Ali Mamlouk ont été interrogés par des enquêteurs des FSI à Beyrouth. Aux dernières nouvelles ils comparaissent devant un tribunal militaire.

Bachar Al Assad en personne aurait tenté d'intervenir en la faveur de l'ancien ministre, ce que dément formellement son homologue libanais, le président Sleiman. Un démenti qui toujours selon l'Orient Le Jour sonerait comme une sorte d’aveu.

Si, comme le fait finement remarquer Marianne2, Michel Samaha, à facilité le rapprochement entre Nicolas Sarkozy et Bachar al Assad, l'affaire est hautement plus grave que la pichenette mise dans la tête de l'ancien président de la république française après que ce dernier ai trouvé fin de placer ce qui reste de l'ordre d'un bon mot de néo-opposant à l'encontre de François Hollande sur la question syrienne. Mediapart a également publié des notes confidentielles de Ziad Takieddine qui ridiculisent définitivement les propos de l'ancien président français. Rappelons nous simplement que si Nicolas Sarkozy ne s'était pas empressé d'aller "nettoyer" le sol libyen de son dictateur et de ses propres magouilles avec le même dictateur (et là, c'est une fois de plus, pas de chance pour Nicolas Sarkozy, attendu qu'on prend les mêmes et on recommence... Michel Samaha est un proche de Ziad Takieddine), comme une sombre histoire de mallette à 50 patates, la vente d'armes électroniques et d'armes tout court (...) russes et chinois ne se montreraient peut être pas aussi peu enclins à adopter une résolution au conseil de sécurité des nations unies pour montrer qu'ils existent et qu'ils méritent le respect qui leur est dû.

La crainte des FSI libanaises est de voir resurgir des tensions déjà perceptibles dans le nord Liban, notamment à Tripoli où quelques heurts ont fréquemment lieu depuis plusieurs mois entre pros et antis régime syrien. L'hypothèse que le régime syrien s'oriente vers une extension du conflit dans le nord Liban pour y trouver quelques soutiens n'est pas délirante, notamment celui du Hezbollah, que la Syrie, à l'instar de l'Iran, a abondamment financé. Les Etats-Unis qui mettaient en garde l'Europe de possibles attaques terroristes du Hezbollah sur son territoire (Royaume-Uni et France en tête de liste), font actuellement pression sur les banques libanaises sur des transactions bancaires mêlant des intérêts syriens, iraniens, et bien évidemment libanais. Des mises en gardes qui coïncident assez étrangement avec la découverte de la propagation d'un virus, Gauss, apparemment une variante de Stuxnet, dans le proche et le Moyen-Orient. Sauf que cette nouvelle petite bête ne s'en prend pas cette fois à une centrale nucléaire mais aurait pour objet de surveiller des transactions bancaires. Au doigt mouillé, comme ça, il semblerait que beaucoup de services s'intéressent au Hezbollah, véritable glu entre l'Iran, le Liban et la Syrie...

L'affaire Samaha est donc particulièrement grave car elle n'est probablement pas l'oeuvre isolée d'un seul homme mais bien d'un réseau libano-syrien, bien implanté, puissant, et qui pourrait à tout moment impliquer de graves conséquences sur l'ensemble de la région, et au-delà.

La capacité que le Liban aura à rester intérieurement soudé et extérieurement neutre aura, c'est certain, un impact sur le dénouement du conflit syrien et sa possible propagation hors des frontières syriennes.

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