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Dossier
par Antoine Champagne - kitetoa

Les quartiers défavorisés ne respecteraient pas le confinement

Alors que chez les privilégiés...

L'absence de respect des règles, c'est toujours chez les autres et il y a toujours un parangon de vertu pour accabler le voisin.

Banlieue - D.R.

Ça cogite ferme chez les éditocrates, les toutologues, les nouveaux experts en médecine et en virologie, et même chez les élus. Que faire des « quartiers sensibles » où, c'est une évidence, les gens sont rétifs à toute autorité, à toute règle... Dans ces terrains perdus de la république, où celle-ci a été grand-remplacée par la délinquance, comment faire respecter les règles du confinement ? Certains ont des idées, comme ces élus relayés par le Figaro qui s'adressent au premier ministre : « Afin que ce confinement puisse être pleinement respecté et face aux violences qui ont lieu lors des contrôles, nous souhaiterions connaître votre opinion sur le déploiement d’unités adaptées de l’armée dans un certain nombre de quartiers sensibles pour lesquels les forces de l’ordre ne sont plus assez nombreuses pour permettre à l’ordre républicain d’opérer. L’armée pourrait venir en appui de ces dernières, avec les règles d’engagement qui sont les siennes, tout en prévoyant une présomption de légitime défense pour les militaires, puisque les forces de l’ordre sont manifestement hors d’état de faire appliquer la loi ». Et voilà. C'était simple. Leur balancer l'armée, les chars, l'aviation s'ils résistent. Et s'ils résistent trop, leur tirer dessus en légitime défense...

Bien sûr il y a bien quelques journalopes islamo-gauchiasses pour rappeler que les quartiers pauvres, quelle que soit la ville et le pays, sont toujours les plus touchés par l'épidémie. Que c'est de ces quartiers pauvres, que viennent la majorité des travailleurs qui se relayent dans les tranchées face à l'ennemi (si l'on utilise la phraséologie présidentielle), le coronavirus, qui tente insidieusement de ruiner notre belle économie nationale qu'on a. Mais à quoi bon. Les pauvres, issus de l'immigration, sont forcément peu à l'aise avec les règles, avec le vivre ensemble, l'art de vivre à la française, parce que, chez ces gens-là, monsieur, on sait bien que...

Ces choses là, madame, n'arriveraient pas, en revanche, chez les gens comme il faut. Non, dans les beaux quartiers, on respecte le confinement et l'on a la critique facile vis-à-vis de ces territoires perdus de la république.

Oui.

Sauf que non.

Dans les beaux quartiers, en ce moment, c'est l'été. Tout le monde se balade, tout le monde se pose pour discuter. A un mètre, souvent, mais pas toujours. Tout le monde à la queue-leu-leu pour la promenade du week-end pascal... Il y a bien plus de zones arborées et ombragées dans les beaux quartiers que dans la zone, allez savoir pourquoi... On sort le cabriolet pour faire le tour du pâté de maison dix fois (authentique), on fait la queue devant le fromager bio.

Comment cela est-il possible ? Chez ces gens-là, Monsieur, on a le respect des institutions et des directives qui en émanent, pas comme chez les grand-remplaceurs...

Il faudrait demander à un psy ou à un sociologue (Poke Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot). Mais il y a une piste qui se dégage. Les "privilégiés" pensent probablement que leurs privilèges sont indiscutables.

De la même manière que Gérard ne comprend pas quand on lui dit que son SUV en ville, ça pollue et ça emmerde tout le monde, Simone ne comprend pas pourquoi elle n'aurait pas le droit d'aller se promener et de discuter avec Paulette qu'elle croise pendant la promenade. Le privilège de droit divin. C'est comme ça, ça ne se discute pas. Dans le monde de ceux qui pensent leurs privilèges de droit divin, l'éthique s'arrête là où quelqu'un tente de rogner ces privilèges. C'est pratique parce que du coup on peut tout faire, même au détriment des autres.

Dans le monde en noir et blanc que nous dessinent politiques, toutologues, éditocrates, chaînes d'info en continu, toutes les personnes qui habitent dans des quartiers défavorisés sont des branleurs kakous. Et du côté du peuple qui observe le reste du monde, tous ceux qui vivent dans les quartiers huppés, sont des privilégiés de droit divin qui se contrefoutent des autres et pour qui l'essentiel est que l'argent coule à flot sur leurs comptes en banque.

Fort heureusement le monde n'est ni noir ni blanc, il est multicolore. Appliquer les règles sans réfléchir n'est pas forcément bon pour soi-même ou les autres. Le bon sens, l'autodétermination, de l'empathie et une éthique personnelle élevée permettent de se protéger et de protéger les autres.

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