Les ports francs, ces hangars sécurisés où les milliardaires cachent leurs tableaux
Patrick Drahi y planque un tiers de ses œuvres
On le surnomme « le plus grand musée du monde ». Près de Genève, un immense entrepôt permet de stocker des œuvres d’art sans payer de droits de douanes. Un système opaque régulièrement dénoncé. Patrick Drahi y stocke des tableaux, parfois depuis des années.
Au Sud-Ouest de Genève, dans la zone industrielle de la Praille, un grand bâtiment se dresse entre une voie ferrée et une large route. De l’extérieur, personne ne peut se douter que ce hangar de 150.000 m2 aux façades gris clair et blanc cassé cache des trésors estimés à 92 milliards d’euros : des œuvres d’art, des lingots d’or, des bouteilles de vin et même des voitures de luxe.
Cet entrepôt géant installé en zone franche permet aux ultra-riches de stocker leurs biens inestimables en bénéficiant d’avantages fiscaux. Il en existe plusieurs dans le monde. Le port franc de Genève est spécialisé dans la conservation des œuvres d’art. D’après les documents issus d’une fuite de données que les médias indépendants Reflets, StreetPress et Blast ont pu consulter, le milliardaire Patrick Drahi y laisse dormir dans des boîtes en bois environ un tiers de ses tableaux et sculptures (1). Certaines de ces œuvres (des trésors signés Picasso, Chagall, Giacometti ou Bacon) y sont depuis plusieurs années. Bienvenue au port franc de Genève.
Des trésors dans des boîtes en bois
De l’intérieur, le lieu ressemble plus à une prison - chaque porte est fermée à clé - qu’à une galerie d’art. Pourtant ce serait « le plus grand musée du monde ». Environ un tiers de la collection Drahi, estimée à 750 millions d’euros selon le média suisse HeidiNews, serait déposée dans des ports francs, principalement dans celui de Genève. En avril 2021, plus de 60 œuvres y étaient stockées, sur un peu plus de 200...