« Les Ehpads deviennent des établissements pénitenciers »
La directrice s'inquiète des conditions de reprise des visites des familles
Décès d'un patient suspecté d'être atteint du Covid, annonce surprise de parloirs pour les familles des résidents, système D pour trouver les équipements de protection : récit d'une semaine épuisante à l'Ehpad de Saint-Paulien (Haute-Loire) par sa directrice, Nathalie Cottier. Episode 5.
Comment allez-vous?
J’étais en colère depuis vendredi car on ne parle que des soignants dans les hôpitaux qu’on applaudit à 20 heures. J’ai l’impression que le personnel des Ehpad est oublié. Alors j’ai écrit un article pour la presse locale (voir encadré), ça m'a calmée. Et puis ma colère a repris écoutant le Premier ministre ce dimanche. J’en ai marre de ces effets d’annonce qui nous épuisent ! Personne n’était prévenu, on n’avait pas le temps de se préparer. L’ARS a été prise de court, on n’a pour le moment aucune consigne.
Sinon on compte toujours nos masques. Maintenant c’est l’armée qui les distribue quand on va à l’hôpital pour prendre nos dotations. On passe au milieu de soldats avec leur mitraillette. Dès fois qu’on voudrait les voler… Je fatigue, nous sommes comme les poissons rouges du bocal: on s’asphyxie.
Comment allez-vous vous organiser pour accueillir les familles?
J’en ai mal dormi la nuit. Je suis venu à 7h00 lundi matin pour gérer ça. Il y avait déjà des familles devant l’établissement! Il y a eu la queue toute la matinée. Et on a du les renvoyer, car nous n’étions pas prêts pour les accueillir. Certains l’ont mal pris, je les comprends. Je n’ai pas de salle dédiée à ces parloirs, nous sommes un petit établissement. J’ai cherché un chapiteau tout le lundi matin pour l’installer sur le terrain de l’Ehpad. S’il fait beau, c’est la meilleure solution pour éviter les contaminations. Quelqu’un d’un village voisin nous le prête....