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Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

Les déçus du [parti politique] y croient encore en dépit de tous les signaux d’alerte

Comment construire un avenir dans une société fracturée à ce point ?

Et c’est reparti, comme une valse sans fin… Les campagnes aidant, revoici les fans de Mélenchon, de Macron, de LR, de Marine, des sans étiquettes, qui s’étripent en promettant chacun un avenir radieux si leurs champions sont élus.

Le cirque Zavaglione en tournée près de chez vous... - CC

Mais où vont-ils chercher cette foi du charbonnier ? Tous ces déçus du [Insérer ici le nom de n’importe quel parti politique] s’enflamment à nouveau. Cette fois-ci, c’est la bonne, cette fois leur champion va régler les problèmes économiques, le réchauffement climatique, l’égalité hommes-femmes, la corruption, laver et repasser les chemises de tous les Français deux fois par semaine et préparer le café de tout le monde tous les matins.

On pourrait presque penser qu’il y a de nouveaux visages, enfin un espoir de remplacer tous ces politiques qui ont fait de la gestion du bien commun un boulot comme un autre, mais mieux payé et avec des passe-droits. Cela expliquerait le bruit sur les réseaux, à la télé et dans les journaux. Mais non. Emmanuel Macron grenouille dans la politique (et apparemment peu lui importe le parti) depuis plus de vingt ans. Il a été président de la République ces cinq dernières années avec une Assemblée nationale aux ordres. On imagine qu'il aurait donc pu régler tous les problèmes du pays pendant cette période au lieu de promettre de le faire durant les cinq prochaines années... Jean-Luc Mélenchon, lui, est un pro de la politique depuis quarante-six ans… Marine Le Pen a repris la PME familiale et vit de ses rentes politiciennes depuis trente-trois ans. Côté LR, Christian Jacob a été élu pour la première fois en 1994, il y a vingt-huit ans de cela...

Pendant toutes ces années, ils ont tout oublié de la vie d’un citoyen normal. Les président, les ministres, ne savent plus ouvrir une porte, des huissiers le font pour eux, ils ne savent plus conduire, un chauffeur le fait pour eux, ils ne savent plus s’acheter un téléphone ou un ordinateur, l’Assemblée ou le ministère le fait pour eux. Ils ne savent plus payer avec leur carte bleue personnelle. Ils n’ont aucune idée de ce qu’est une discussion constructive pour améliorer leur vision du monde ou leur analyse des problématiques puisque tout le monde leur dit toute la journée qu’ils sont géniaux et que de surcroit, « on va gagner ! ». Ils trouvent leur vie très dure parce qu’ils font beaucoup de déplacements ou que les citoyens ne leur sont pas reconnaissants de tout ce qu’ils font pour eux. Ils n’ont aucune idée de ce que c’est que de se lever à 5h du matin et d’enquiller une ou deux heures de transport glauque pour aller bosser. Ils ne savent évidemment pas ce que c’est que d’être collé au cul d’un camion poubelle puant la mort pendant des heures pour ramasser leurs ordures. Ils ne savent pas ce que c’est que d’être invisible et d'ailleurs, ils ne voient pas la personne qui passe l’aspirateur dans leur ministère ou dans leur bureau de l’Assemblée.

Oh, bien sûr, ils ne sont plus très nombreux, ceux qui y croient encore et qui se déplacent aux urnes. Certains y vont même à reculons, parce que voter est un droit dont il convient de faire usage, d’autant plus que dans certains pays dictatoriaux, ce n’est pas possible. Emmanuel Macron est élu pour son deuxième mandat par 38,5% des inscrits. L’abstention et les votes nuls ont atteint 29,66% des inscrits… D’autres continuent parce qu’il faut absolument « battre » l’autre. Enfin, il reste les éternels optimistes qui pensent dur comme fer que leurs champions vont vraiment réparer la société, régler les problèmes économiques, les terribles disparités sociales, la violence des rapports sociaux, les disparités hommes-femmes, ...

Taux de pauvreté en France depuis 1970 - INSEE
Taux de pauvreté en France depuis 1970 - INSEE

Cette société est tellement fracturée, les discussions qui devraient être constructives, sont devenues des vecteurs de polarisation supplémentaire, boostés par des algorithmes qui enrichissent un peu plus, à chaque post, à chaque like, à chaque partage, des gens qui n’auront pas assez de 100 vies pour dépenser le début de leur fortune. Et qui regardent les autres s’enfoncer chaque jour un peu plus dans la mélasse de cette société inégalitaire, violente, qui exclue plus qu’elle n’inclue. La boucle est bouclée.

L’outrance est telle dans les discours que l’on pourrait s’attendre à un vote massif de rejet des leaders politiques qui s’y abandonnent. Les macronistes qui préfèrent appeler à voter contre la gauche au risque de faire le jeu du Rassemblement National. Et cela, moins d'un mois après avoir appelé les électeurs de gauche à voter pour eux... Ils prédisent l’avènement d’une dictature en cas de victoire des candidats NUPES, c'est dire s'ils sont crédibles. Jean-Luc Mélenchon s’égare quant à lui dans un trip égotique et se proclame premier ministre au sortir de l’élection présidentielle… Tout est ridicule, pour ne pas dire pathétique. Les fake news sont devenues des éléments de langage comme les autres. C’était déjà pas bien joli, cela devient lamentable. C'est le cirque Zavaglione, en tournée permanente...

Mais cette outrance ne décourage ni les macronistes, ni les NUPES, ni les LR, ni les RN. Tous sont comme dans une secte. Incapable du moindre recul, incapables de voir ce qui est devant eux : l’effondrement de la société, la communauté dont ils font partie.

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