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par Antoine Champagne - kitetoa

Les alternative facts de Trump : un instant dans une évolution

Selon les observateurs, il y avait bien peu de monde pour assister à l'investiture de Donald Trump. Qu'importe, selon Sean Spicer, le porte-parole de la Maison-Blanche, c'est "la plus grande audience à avoir assisté à une investiture. Point final", indique-t-il à la presse intriguée. Le lendemain, Kellyanne Conway, conseillère du président péroxydé, explique les propos du porte parole en les qualifiants de "faits alternatifs".

Selon les observateurs, il y avait bien peu de monde pour assister à l'investiture de Donald Trump. Qu'importe, selon Sean Spicer, le porte-parole de la Maison-Blanche, c'est "la plus grande audience à avoir assisté à une investiture. Point final", indique-t-il à la presse intriguée. Le lendemain, Kellyanne Conway, conseillère du président péroxydé, explique les propos du porte parole en les qualifiants de "faits alternatifs". La presse s'émeut et un journaliste lui répond même que "les faits alternatifs ne sont pas des faits, ce sont des mensonges". Voici donc les Etats-Unis et le monde avec eux, replongé dans des débats métaphysiques sur la Vérité et le Mensonge. Ma vérité n'est pas forcément celle d'un autre...

 

Les faits alternatifs, qui sont une forme de mensonge ou d'embellissement de la réalité pour coller à la vision que se fait Donald Trump de lui-même et de sa présidence, ne sont ni une invention de Kellyanne Conway, ni de Donald Trump. Cette équipe a simplement poussé un peu plus loin la tradition. Tout le monde utilise des faits alternatifs.

La presse qui ment depuis des décennies sur son nombre de lecteurs ou de visiteurs sur ses sites Web, les politiques qui maquillent les chiffres fournis au public (économie, chômage, déficit, on en passe). Les entreprises qui vantent leurs produits via une publicité pour le moins trompeuse.

 

Le secteur du tabac a toujours fait ce qu'il a pu pour attirer de nouveaux consommateurs, jeunes de préférence, tout en sachant qu'il leur vendait un produit dangereux pour leur santé. L'armée vous invite à vous engager pour vous dépasser et vivre une vie extraordinaire pleine d'aventure, qui peut très facilement finir dans un cercueil, les labos pharmaceutiques prétendent qu'ils ont des difficultés pour produire et livrer des vaccins alors qu'ils fonctionnent en flux tendus en délocalisant dans des pays où la production est à la fois moins chère et largement moins encadrée... Un euphémisme.

Les politiques ont toujours enjolivé la réalité quand ils n'ont pas simplement menti. Ce qui change cette fois c'est que le mensonge porte -pour l'instant- sur des détails insignifiants : est-ce qu'il y avait 900.000 personnes ou plusieurs millions pour l'investiture. Pleuvait-il ou pas ce jour-là ?

On a vu pire. George Bush et ses équipes mentant effrontément au point de déclencher une guerre en Irak dont le bilan humain est désastreux. On a vu Nicolas Sarkozy énoncer des excuses humanitaires pour déclencher un conflit en Libye qui a été lui-aussi, dévastateur.

Doit-on évoquer les millions dépensés pour mettre de l'huile dans le grand processus de dérégulation mondiale du secteur financier ? Avec toujours les discours évoquant la reprise, l'abondance, la baisse du chômage ? La réalité — pour ne pas dire la Vérité — est toute autre. Mais ce sera l'occasion d'un prochain article.

Les faits alternatifs de Donald Trump, les fake news, ne sont finalement qu'un petit pas dans une longue évolution de l'humanité qui se ment à elle-même et l'accepte. Il y a bien entendu les menteurs patentés, mais aussi ceux qui acceptent ces mensonges comme une vérité qui leur convient. Les élections de Donald Trump et d'Emmanuel Macron sont là pour le démontrer... Qui est le plus coupable des deux ? Quant à ceux qui ne sont pas convaincus par cette vérité arrangée, ils sont contraints à un rôle de spectateurs impuissants.

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