Les aides publiques à la presse: un serpent de mer qui se mord la queue?
Eric Fottorino confie ses impressions sur la situation
Vitamines ou morphine, quel avenir pour les aides à la presse écrite… Telle est l'ultime réflexion portée au Sénat par la commission des finances. Un titre et un discours qui gagneraient en pertinence à user d'un style plus en phase avec réalité du jour: quel avenir pour la presse?
Enquête sur la franc-maçonnerie, palmarès des grandes écoles ou classement des meilleurs hôpitaux, la saison des marronniers en fleurs s'inscrit toujours en rouge au calendrier des rédactions. Battu et rebattu de la première virgule jusqu'au dernier centime, ce genre de papier s'affiche périodiquement en couverture de tous les journaux. Il en va un peu différemment pour cette récurrente affaire d'aides financières allouées à la presse. Certes le sujet est tout aussi vendeur, mais ce serpent de mer-là ondule plus volontiers en eaux profondes. Le milieu de l'information semble toujours étrangement gêné d'aborder cette histoire. On ne serait pas davantage précautionneux s'il s'agissait d'enfouir un lourd secret de famille dans le placard. A contrario, on ouvre largement le tiroir à souvenirs du côté des organisations syndicales alors que la classe politique en profite également pour crier haro sur le baudet. Qui de se fendre d'une petite mission d'information, et qui de diligenter la rédaction d'un volumineux rapport parlementaire. Chacun analyse la forme et le fond, les uns comptabilisent, les autres abondent de recommandations, et tous finissent par avouer, pour des raisons très opposées, que rien ne va plus, mais plus du tout-du tout dans le bon sens. L'info de première, et la bonne nouvelle, c'est qu'à ce moment-là tout le monde est d'accord. Le véritable scoop, et le scandale aussi, c'est que cette belle...