Législatives : tournée inédite du Cirque Zavaglione
C'est reparti, les clowns tristes se surpassent
Cela avait commencé joliment avec des « Ne nous trahissez pas » lancés par le peuple de gauche aux politiques qui avaient fait mine de s'unir. Et puis l'élection est passée par là et puis la promesse des ors de la république a repris le dessus. On continue de marcher vers la fin du vivre ensemble et de la Démocratie. En chantant.
Neuf millions cent quarante-cinq mille personnes étaient considérées comme pauvres en France en 2022 par l'INSEE et vivaient avec moins de 1.216 euros par mois. Faut-il chercher dans ce chiffre l'explication de l'effet aimant qu'exerce le Rassemblement national depuis quelques années, attirant à chaque élection plus d'électeurs ? Être pauvre est déjà une grande violence. Mais être pauvre dans un système où l'on peut suivre sur Instagram les délires de gens qui n’auront pas assez de 100 vies pour dépenser le début de leur fortune, c'est un cocktail explosif. Surtout quand les politiques élus ne font rien pour changer la situation et que les plus riches regardent les autres s’enfoncer chaque jour un peu plus dans la mélasse de cette société inégalitaire, violente, qui exclue plus qu’elle n’inclue. Bref, une société qui a perdu le nord.
Ce nord, c'est le « vivre ensemble ». Normalement, chacun fait des concessions, accepte de limiter ses droits dans le cadre d'un contrat social. Je ne tue pas, je ne vole pas, je respecte tous les autres comme s'ils étaient moi-même, en échange de quoi, le groupe, la société, régie par ce contrat social, m'apporte la capacité de m'instruire, de me soigner, la sécurité... Pour « faire société », il faut que tout le monde trouve son avantage à faire partie du groupe.
Plus le temps avance, plus la société est fracturée, polarisée. Il faut bien se rendre à l'évidence, si évidemment, le camp de la haine, celui de l'extrême-droite, fait tout pour aggraver la situation, le camp d'en face, tous partis confondus, ne fait rien pour l'améliorer. Pas faute d'avoir été au pouvoir (Hollande et Macron) pourtant... Il reste les Insoumis crieront en chœur les fans de Mélenchon. « On n'a pas essayé », n'est-ce pas ? Jean-Luc Mélenchon, lui, est un pro de la politique depuis quarante-six ans et a été aux affaires plusieurs fois comme sénateur, député, député européen ou ministre… Marine Le Pen a repris la PME familiale et vit de ses rentes politiciennes depuis trente-trois ans, Emmanuel Macron grenouille dans la politique (et apparemment peu lui importe le parti) depuis plus de vingt ans... Qu'ont-ils fait de notable pour le bien commun ? Rien.
Ils ont simplement fait de la gestion du bien commun un boulot comme un autre, mais beaucoup mieux payé et avec d'innombrables passe-droits.
Et peu à peu, leurs egos ont grossi jusqu'à être boursouflés. Comme nous l'écrivions en mars, il est mystérieux de constater que le peuple continue d'élire ces hommes et femmes cramoisis et gonflés d'orgueil, de leur déléguer son pouvoir sans rien obtenir en contrepartie, au contraire. Et plus le temps passe, plus les politiques se révèlent être médiocres, parfois même incapables.
Parmi les incapables, Emmanuel Macron s'est distingué par une dissolution juste après les européennes, qui avaient été marquées par un très bon score du Rassemblement national. Engendrer le chaos, au détriment du vivre ensemble et au plus grand profit du camp de la haine, comment peut-on qualifier une telle action ?
C'était sans compter sur quelques bonnes volontés qui ont permis la naissance du Nouveau front populaire, une alliance visant à faire barrage au Rassemblement national. Le peuple de gauche s'est pris à rêver et à crier « ne nous trahissez pas » à l'adresse des dirigeants des partis de gauche. L'alliance a porté ses fruits. Les électeurs ont été au rendez-vous, il reste encore en France assez de monde pour se boucher le nez et voter pour n'importe qui (de droite ou de gauche) plutôt que de voir le Rassemblement national accéder au pouvoir.
La suite est plus compliquée et nous ramène à la problématique des politiques qui ont tous fait de leur rôle un métier, oubliant complètement le bien commun, la prépondérance de la construction du « vivre ensemble » sur leurs carrières. Nous voici donc dans une situation où le président est tellement persuadé d'être la réponse à toutes les questions qu'il tend à vouloir imposer un premier ministre ne sortant pas des rangs de Nouveau front populaire (le groupe ayant le plus de députés). C'est le sens de plusieurs éléments de langage diffusés dès le résultat connu et qui prenaient à peu près cette forme dans la bouche de tous les relais Renaissance sur les réseaux sociaux « je suis prêt à participer à un gouvernement, mais qui n'inclurait pas de membres de LFI et du RN ».

Qui leur a demandé de participer à un gouvernement ? Personne. Alors pourquoi ce discours si ce n'est pour préparer les esprits à un choix un peu incongru de la part du président ?
Côté Nouveau Front populaire, impossible de trouver un nom pour un premier ministre le 15 juillet, soit une semaine après le résultat des élections. Il n'y a pas à dire, les politiques ne déçoivent jamais. Entre incompétence, ego surdimensionné, choix de leur carrière et des passe-droit qui vont avec avant le bien commun... La suite s'annonce bien sombre.