Le numérique serait un puissant antivirus : la piqûre du Sénat qui fait très mal
Un rapport qui manie très bien la désinformation et le solutionnisme technologique
La délégation sénatoriale à la prospective a pour mission d'éclairer les consciences sur les transformations de la société et de l'économie. L'un des derniers rapports présenté vient d'élever le numérique au rang de solution vaccinale. Décryptage d'une vision très décomplexée de la pandémie…
Recours aux outils numériques dans la prévention et la gestion des pandémies, le titre de l'étude initiale ne laissait planer aucun doute sur l'angle choisi ou la teneur du débat. Un singulier avant-propos en précisait même les contours: « Le recours à des techniques plus intrusives (…) serait la contrepartie d'une liberté retrouvée plus vite ».
Sitôt présentée à la presse, sitôt revue et corrigée, cette version V1 fut remplacée par une V2 grand public, à peine moins agressive. Les sénateurs ayant sans doute jugé utile d'ajouter un peu d'eau dans leur vin pour éviter d'enflammer les réseaux sociaux. L'intitulé du rapport s'est adouci de vertus libertaires : Crises sanitaires et outils numériques, répondre avec efficacité pour retrouver nos libertés. Et chacun s'empressa de rappeler que si la délégation à la prospective prospectait, les prospectives n'avaient aucune portée législative.
Conscients des limites de l'exercice, les trois rapporteurs, Véronique Guillotin, Christine Lavarde et René-Paul Savary, ont malgré tout souhaité frapper haut et fort: « Nous avons fait le choix d’une proposition volontairement provocatrice ». Reste que quelques esprits chagrins de la presse n'ont pas compris de quoi il retournait vraiment. Mais enfin, comment fallait-il leur expliquer à tous ces...