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Édito
par Antoine Champagne - kitetoa, Jacques Duplessy

Le jeu de Macron avec la mort

Le nombre de décès du Covid depuis septembre est supérieur à celui de la première vague

Pendant que ministres et courtisans se gargarisent de la clairvoyance du Président, la maison Borniol se porte bien. Mais ces morts sont comme transparents. Pas d'image, pas de problème. L’œil était dans la tombe et regardait Macron.

Nombre de nouveaux décès sur 7 jours - Financial Times

Les Macronistes béats louent sa clairvoyance. « Il va finir épidémiologiste, plaisante un ministre. Les chiffres lui donnent raison. Le confinement, ç’eut été la solution de facilité, la mesure de confort. » « Si on avait écouté tous les "Cassandre", on serait en train de travailler avec nos enfants sur les genoux depuis trois semaines », ajoute un participant du conseil de défense sanitaire. « Macron s’est tellement intéressé au Covid, ajoute un conseiller du pouvoir, qu’il peut challenger les scientifiques, poser la question qui les déstabilise ». Mais il y a les chiffres dont on parle très peu : ceux de nos morts quotidiens. Nous en sommes à 300 décès quotidiens en moyenne sur 7 jours entre le 10 et le 16 février. Plus que l’équivalent du crash d’un avion de ligne par jour. Mais ces morts-là, Macron s’en fiche. Ils sont sacrifiés sur l’autel de l’économie et de son génie qui n’entend pas suivre l’avis des scientifiques pour prévenir les contaminations. Si encore, on avait des vaccins en quantité...

Tout est dans la com. Ce que Macron ne veut absolument pas voir, comme on l’a vu dans certains pays, ce sont les images de personnes agonisants dans les couloirs d’hôpitaux ou de files de voitures devant ces même structures transportant des malades en manque d’oxygène. Trop mauvais pour sa réélection en 2022. Mais les morts qu’importe !

Pourtant, depuis septembre, le nombre de morts est supérieur à celui de la première vague. Mais les décès sont plus étalés dans le temps. Donc ça ne fait pas d’images de cercueils entassés dans les frigos de Rungis. Des obsèques, il y en a tous les jours. Un peu plus, un peu moins, qu’importe puisque ça ne sera pas à la télé. Donc ces morts n’existent pas.

« Les semaines qui viennent sont décisives. Celui qui va dicter la marche à suivre, c'est le variant anglais. », affirme l'épidémiologiste Arnaud Fontanet. Ce variant, actuellement présent dans 20 % des prélèvements il y a une dizaine de jours augmente de 50 % chaque semaine. Il va donc devenir majoritaire début mars. Or ce variant est plus transmissible d’environ 50 %. On ne voit pas ce qui peut empêcher une explosion du nombre de cas. Car au niveau élevé de circulation du virus, le couvre-feu et les gestes barrières ne suffiront pas. A près de 20.000 cas par jour, il est impossible d’appliquer la stratégie tester – tracer – isoler.

En refusant que les mesures nécessaires soient prises pour endiguer la propagation, Macron joue avec la mort. Avec la mort de nos concitoyens. Doit-on s’en étonner ? Le mépris et le cynisme sont sa marque de fabrique.

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