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par Antoine Champagne - kitetoa

La société Générale et les 1,8 milliard de dollars de la Libye

Mais qu'allaient-ils faire dans cette galère... Après les subprimes, après l'affaire Kerviel... Pourquoi s'encombrer de fonds Libyens ? Nous en avions parlé dans un tweet il y a quelques jours, c'est désormais officiel. La Société Générale avait reçu 1,8 milliard de dollars de la Libye pour les faire fructifier.

Mais qu'allaient-ils faire dans cette galère... Après les subprimes, après l'affaire Kerviel... Pourquoi s'encombrer de fonds Libyens ? Nous en avions parlé dans un tweet il y a quelques jours, c'est désormais officiel. La Société Générale avait reçu 1,8 milliard de dollars de la Libye pour les faire fructifier. Ce qu'elle a au passage été incapable de faire puisqu'il ressort des dernières informations publiées sur le sujet que les fonds montés par la SocGen avaient fait fondre le pactole du colonel Kadhafi à 740 millions d'euros. Le coup de pouce bien connu de la banque en question.

Selon le Financial Times qui a pu consulter les documents évoquant ces investissements, les Libyens ont investi plus d'un milliard de dollars un mois après la déconfiture de la banque dans l'affaire Kerviel. Des fonds qui tombaient à pic.

"Documents from the bank explicitly identify the Kerviel fraud and the fall in SocGen’s shares as having created a buying opportunity for the LIA", précise le FT.

Quel mauvais esprit... Perfide Albion !

Depuis le début des événements en Libye, Reflets.info interroge régulièrement Bercy et l'Elysée via twitter pour savoir où l'on peut consulter la liste des avoirs libyens saisis en France. De même, nous avions interrogé la Fédération bancaire française. Bercy et l'Elysée n'ont jamais répondu à nos messages. De fait, il est plus facile d'envoyer des militaires se faire tuer au dessus du sol ou sur le sol libyen que de saisir ces avoirs. Pourquoi ?

Probablement parce que si ces avoirs sont saisis, comme cela a immédiatement fait en Suisse, les banques vont se retrouver avec un petit souci dans leurs comptes. Et puis de l'argent qui ne sera pas réclamé avant longtemps, c'est toujours bon de le laisser fructifier. La seule action de Bercy sur ces sujets a été de publier un communiqué de Tracfin, invitant les établissements bancaires à signaler tout mouvement suspect lié à la Libye. Voyons voir... Ah, non, de l'argent placé, ça ne bouge pas de manière suspecte. Ça ne bouge pas. Du tout.

Étonnamment, plusieurs pays, comme le rapportaient à l'époque RFI et le site de Jean Quatremer, s'étaient lancés dans une opération de gel d’avoirs libyens. Même ceux qui ne bougeaient pas...

La Fédération bancaire française nous avait répondu avec cette ingénuité propre au secteur bancaire que la Fédération n'avait aucune information sur les avoirs libyens en France et qu'il fallait poser la question aux banques.

Initialement publiée par Global Witness et relayée par Reuters, cette information twitée par Reflets, a mis quelques jours à atterrir en France...

 

 

Et même maintenant que le Financial Times s'est saisi de l'affaire, que les journaux français ont timidement relayé, la Société Générale ne semble même pas ressentir le besoin de communiquer sur le sujet. Le site de la banque dédié aux journalistes ne fait pas mention de ce sujet pourtant assez intéressant et que les insurgés de Misrata auraient sans doute besoin et envie d'approfondir.

 

Les informations qui ont fuité font mention du fonds d'investissement libyen qui a placé ces montants auprès de la Société Générale. Il s'agit de la Libyan Investment Authority (LIA), déjà mentionnée par Reflets. Petit rappels de nos articles :

Selon le Figaro, "La majeure partie de l'argent du fonds souverain soit 19 milliards de dollars, est toutefois placée auprès d' institutions arabes, comme l' Arab Banking Corporation du Bahreïn ou la British Arab Commercial Bank".Tiens...? L'Arab Banking Corporation. Voici un nom de banque qui n'est pas inconnu des lecteurs de Reflets. Nous en parlions dans cet article :

l’Arab  Banking Corporation est détenue majoritairement par la Libye, ce qui n’était pas le cas à sa création. Cette banque est présente à Paris depuis de très nombreuses années, ce que Bercy sait parfaitement. L’ABC s’est empressée de publier un communiqué de presse pour expliquer qu’elle n’était pas concernée par l’executive order de Barak Obama ou la décision de l’ONU.Le Président de l’ABC est M. Farhat Omer Bengdara, par ailleurs, gouverneur de la Banque centrale de Libye et membre du directoire d’UniCredit (vice Chairman). Mais il est aussi au directoire de la LIA.Entre autres postes, comme l’indique sa fiche Wikipedia http://en.wikipedia.org/wiki/Farhat_Bengdara. _Loin de nous l’idée de mettre en cause M. Bengdara et l’ABC, mais il faut avouer que l’idée qu’un gouverneur de banque centrale soit par ailleurs président d’une banque privée a de quoi intriguer. Imaginons un instant que Christian Noyer soit également au board de BNP Paribas…__ Le communiqué de l’ABC est tout de même un peu étonnant.  Cette banque appartient à la Libye. On voit mal au nom de quoi elle ne ferait pas l’objet de toute l’attention des autorités américaines et européennes._

Se limitant à son maigrichon communiqué de Tracfin, Bercy ne semble pas s'être intéressé aux avoir de l'ABC pourtant présente en France depuis des années. Dommage pour un pays qui annonce vouloir tant faire pour les insurgés libyens. Au point d'envoyer des avions bombarder la Libye du colonel Kadhafi. A n'en pas douter, les insurgés ont besoin de fonds. Ne serait-ce que pour aider les réfugiés.

SocGen, un petit coup de pouce pour les insurgés ?

Virez ces fonds, les insurgés ont une banque centrale à eux...

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