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par Nicolas Margerand

La répression a fait 5 morts au Chili

Paroles de manifestants

Les Chiliens sont encore dans la rue, de deux semaines après le début du mouvement. Le président Piñera exclut de démissionner. Il se dit ouvert à la discussion et n'écarte pas une réforme de la Constitution. Nous donnons la parole aux manifestants.

Carlos a perdu un oeil pendant une manifestation. Il a reçu des plombs. - © Reflets

Après trois semaines de manifestations, 20 personnes ont perdu la vie au Chili. Nous sommes allés à la rencontre des manifestants.

Tel un homme sandwich, Mario, 70 ans, apostrophe les carabiniers retranchés derrière une barrière. Sur sa pancarte, on peut lire trois lettres au cœur du conflit social qui secoue actuellement le CHILI : AFP. Les Administrateurs de fonds de pension (AFP) sont des institutions privées chargées de gérer les fonds de pension. Ces fonds de pension procurent aux travailleurs des retraites minimalistes et des bénéfices importants aux six entreprises privées qui les gèrent. Ce système de retraite par capitalisation mis en place sous Pinochet promettait aux Chiliens un solde correspondant à 70% de leur salaire. A la place, ces derniers reçoivent en réalité 35%.

Lundi 28 Octobre, Avenue Vicuña Mackenna, Santiago Sur une des avenues qui mène à la plaza Italia, lieu phare des contestations, Augustin est déterminé,10 jours après le début de la contestation engendrée par la hausse du prix du ticket de métro mais révélatrice d'un mal bien plus profond. La commission d'enquête de ONU est arrivé ce jour-là à Santiago et va rester un mois dans le pays. Si le couvre feu a pris fin la veille, la ville est encore sous tension, rythmée par les affrontements entre manifestants et carabineros. L'annonce de remaniement du président Piñera n'a pas calmé les ardeurs du peuple chilien. Un centre commercial a brûlé ce jour-là.

Depuis le début des manifestations, 136 personnes ont été blessées gravement aux yeux dont 18 ont perdu la vue (chiffres de la Société Chilienne d’Ophtalmoolgie). Parmi eux, Carlos Vivanco Morada, 19 ans, qui participait le 20 octobre dernier à une manifestation pacifique dans son quartier de la Pintana (Santiago). Les forces spéciales et la police d’investigation sont arrivées et ont commencé à tirer des gaz lacrymogènes et des billes de plomb pour disperser la foule.

Victoria a 27 ans, cette artisane indépendante manifeste pour changer la Constitution qu'elle trouve trop favorable aux entrepreneurs et aux chefs d'entreprises qui possèdent la majorité des ressources au Chili. Elle réclame une Constitution qui soit garante des droits sociaux des Chiliens et leur assure un salaire digne pour les travailleurs ainsi qu'une retraite juste pour les plus anciens. Mère de famille, elle souhaite un changement de système en profondeur où l'Etat s'impliquerait davantage dans la santé et l'éducation. Elle réclame aussi davantage d'égalité de salaires car elle estime que pour le même travail, un homme est payé 100 fois plus. Elle se bat également pour une meilleure reconnaissance des artisans qui ne sont pas reconnus par l'Etat (il n'y a pas de loi sur l'artisanat). Ce dernier les considère comme des mendiants ou des vandales.

Edit du 16 novembre 2019 : Nous avons modifié le titre. Il y a bien eu une vingtaine de morts au Chili mais seuls 5 sont attribués clairement à la répression policière. Edit du 18 novembre : ajout de la vidéo de Victoria

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