La mondialisation heureuse remise en question
Pour combien de temps ?
La soudaine prise de conscience de la nécessité d'activités non rentables, des répercussions de la délocalisation à outrance, sera-t-elle oubliée sitôt le virus sorti de notre quotidien ?
Même Emmanuel Macron, champion de la mondialisation heureuse, de la casse du service public et des acquis sociaux s'y est mis dans son premier discours sur l'impact en France du Coronavirus. « Ce que révèle d'ores et déjà cette pandémie, c'est que la santé gratuite sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe ». Il y a là comme un aveu ou sorte de prise de conscience, la santé n'est pas un coût.
Un coût... Le mot est important. Depuis le mitan des années 80, tout est considéré, par principe comme un coût. Dans tous les domaines d'activités, tout est regardé comme un coût... à réduire bien entendu.
De ce changement de paradigme, est née une horde de cost-killers, des gens chargés de réduire les coûts. Les coûts humains, les coûts de production, tous les coûts. Armés de fichiers Excel, ils ont contribué à détruire allègrement des savoir-faire, des vies, une infrastructure. N'est-il pas plus « rationnel » de remplacer les correcteurs dans la presse par le correcteur orthographique de Word ? Plus « rationnel » d'envoyer les journalistes chercher de la doc sur Internet plutôt que de conserver un service de documentation ? Plus « rationnel » de délocaliser la production de tous les biens possibles et imaginables dans des pays où le droit du travail est tellement plus coulant que le coût de la main...