La liberté d’informer devant la justice
L'audience en appel de Reflets contre Altice se tiendra ce mercredi 23 novembre
Peut-on censurer des articles qui ne sont pas encore écrits ? En première instance, le Tribunal de commerce de Nanterre a répondu oui. Mercredi, la cour d'appel de Versailles doit statuer à son tour. Et le 15 décembre, Reflets retourne au tribunal de commerce de Nanterre pour une audience au fond. Le Syndicat National des Journalistes s'est joint à l'affaire pour contrer cette attaque contre toute la profession.
Rappel des faits : le 6 octobre, le tribunal de commerce de Nanterre statuait en référé sur la demande de trois entreprises du groupe Altice. Au nom de la protection du secret des affaires, elles demandaient le retrait de plusieurs articles publiés par Reflets sur la base de documents diffusés sur Internet par le groupe de ransomware Hive. Altice souhaitait également que nous ne puissions plus écrire d'articles à son sujet. Dans son ordonnance, rendue en référé, le tribunal a considéré que nous n'avions pas violé le secret des affaires, que nous ne devions pas retirer les articles déjà publiés, mais nous interdit toute nouvelle publication, sans précision de temps et de champ d'application.
Devant cette décision de justice, l'ensemble de la profession s'est mobilisée à l'appel du Fonds pour une presse libre. Plus de 100 médias indépendants et organisations de journalistes s’indignaient de la décision de justice obtenue par le milliardaire Patrick Drahi et son groupe Altice.
Cette attaque de Patrick Drahi est en effet un terrible révélateur de l'idée du journalisme que se font les milliardaires propriétaires de groupes de presse. Le buzz, le clash, l'enquête, pourquoi pas, tant que cela rapporte, mais surtout, que l'on ne parle pas de moi et de mes affaires. Cela donne à voir ce que devient la presse et les limites imposées aux journalistes. Les propriétaires de journaux n'ont même plus besoin de « faire pression » sur leurs...