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par Antoine Champagne - kitetoa

La langue de Nicolas Sarkozy

Comme Aporismes l'avait fait en son temps, il nous a semblé utile de passer le discours de Toulon (version 2011) au traducteur automatique de novlangue de droite décomplexée. Ce traducteur insère les paragraphes en gras dans le texte.     DISCOURS DE M.

Comme Aporismes l'avait fait en son temps, il nous a semblé utile de passer le discours de Toulon (version 2011) au traducteur automatique de novlangue de droite décomplexée. Ce traducteur insère les paragraphes en gras dans le texte.

 

 

DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE Toulon (Var) – jeudi 1er décembre 2011

 

Madame et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Monsieur le Maire de Toulon, cher Hubert, Mes chers concitoyens,

 

Et mes amis du Fouquet's et tous les buisnesseurs qui vont mettre le paquet pour essayer de me faire réélire

 

Il y a trois ans, le 25 septembre 2008, au pire moment de la tourmente financière qui allait plonger l’économie mondiale dans la plus grande crise depuis la deuxième guerre mondiale, c’est dans cette même salle que je me suis adressé aux Français.

 

A cette époque, j'ai annoncé une refondation du capitalisme. Fini les paradis fiscaux, la dictature des marchés, des agences de notation, fini les bonus astronomiques, fini, fini, fini. J'ai levé très haut mes petits poings, j'ai l'épaule qui s'est soulevée compulsivement, ma colère était terrible. Aujourd'hui, trois ans après, il me faut l'avouer, les marchés sont toujours aux commandes, le High Frequency Trading part en vrille et invente les fantasecondes. Les paradis fiscaux sont toujours là, ils signent même des accords de coopération entre eux pour sortir des listes de paradis fiscaux, les agences de notations sont toujours au top et moi même je ne crains qu'un truc, que la France perde son triple A, ce qui compromettrait sérieusement mon élection. C'est dire si je tiens compte de ce qu'elles disent. Les bonus et salaires vont toujours aussi bien dans le secteur bancaire. Les salaires des patrons du CAC 40 ont explosé (+24% en 2011)

 

Je n’ai pas écouté ceux qui me conseillaient de ne rien dire de peur qu’en disant la vérité, on créât la panique. J’avais la conviction que pour sauver la confiance, pour éviter la peur, il fallait au contraire dire la vérité aux Français.

 

Vous avez entendu la conjugaison du verbe créer au subjonctif du je ne sais pas quoi, ça vous en bouche un coin, hein ?

 

Cette vérité, les Français étaient prêts à l’entendre. Leur dire la vérité, c’était leur dire que la France ne pouvait pas rester à l’abri d’une crise planétaire. C’était leur dire que cette crise était grave, qu’elle allait durer, qu’elle aurait des conséquences sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d’achat.

 

Et pourtant, je n'ai pas toujours eu cette "Eagle vision" comme disent les Américains. Je vous ai déjà dit qu'aux USA on m'appelait "Sarko l'Amercain" ? Par exemple, en janvier 2008, l'année de mon discours de Toulon, qui est déjà enseigné en cours d'histoire au Japon, aux Etats-Unis et en Grande Bretagne, je disais ceci : « On n’est pas dans une récession, la France tient mieux que les  autres, on est dans une croissance autour de 2%, nous avons des chiffres  d’emploi qui sont excellents et un taux de chômage qui n’a jamais été aussi bas ». OK, bon, je m'étais un peu planté sur l'étendue de la crise. Ah, oui, tiens, j'en avais sorti une autre pas mauvaise en janvier 2008 :  à propos de la loi Tepa (Travail, emploi, pouvoir d’achat, également appelé « bouclier fiscal »), que tout le monde critiquait chez les anarcho-gauchistes, les terroristes intellectuels, j'expliquais que :  « ce qui a été décrit comme de l’argent gâché, tout le monde reconnaît que c’était nécessaire et que c’est pour ça que l’économie tient bien ». Paf, il y a quelques mois je suis revenu sur cette réforme aussi, comprenant enfin que ça foutait la merde plus qu'autre chose. Ne parlons pas de l'effet "image" qu'elle avait produit, hein. Il y a plus de pauvres que de riches et nous sommes en année d'élections tout de même. Je n'ai peut-être pas la "Eagle vision" en économie, mais en politique... Oui, oh, pour l'économie, je ne l'ai jamais caché, hein, je me souviens de cette déclaration que j'avais faite : “inutile de réinventer le fil à couper le beurre. Toutes ces  théories économiques… moi-même, parfois je suis un peu perdu. Ce que je  veux c’est que les choses marchent”. Marrant, non ? Allez, relisez-là cette déclaration et maintenant, lisez la suite de mon discours en y repensant à chaque ligne...

 

Leur dire la vérité, c’était leur dire que tout le système bancaire était menacé, que leurs économies déposées dans les banques étaient menacées mais que nous ne laisserions aucune banque faire faillite, que nous ne permettrions pas qu’un seul Français perdît un seul centime de ses dépôts.

 

Et là, j'ai tenu ma promesse hein, aucune banque n'a fait faillite, du coup, les dépôts sont encore là. Bien sûr ils ont fondu. Mais ça... chuuuut... Vous aviez des actions ? Ah, votre épargne a fondu de moitié ?  Pas ma faute hein. Oui, bon, toutes mes décisions qui ont accentué la crise ont peut-être joué un rôle, mais les banques n'ont pas fait faillite. J'ai débloqué plein de sous pour elles. Et ce n'est pas fini : vous allez encore raquer pour les banques, je vous rappelle juste que votre pognon c' est p'têtre votre pognon mais le pognon de l'Etat, c'est le mien et c'est moi qui l'gère. J’en fais ce q’j’veux.

 

Pas une seule banque n’a fermé ses portes, pas un seul centime de dépôt n’a été perdu grâce au plan de sauvetage bancaire et aux garanties apportées par l’État.

 

Et les banquiers  me disent merci tous les jours ! C'est bien la preuve que j'ai bien agi. Non ?

 

Ce ne sont pas les banquiers qui ont été secourus. Ce ne sont pas les actionnaires des banques qui ont été protégés. Ce sont les économies des Français qui ont été sauvées ainsi que leurs emplois car la faillite d’une banque aurait entraîné celle de toutes les autres et c’est l’économie tout entière qui, privée de crédit, se serait effondrée.

Et cela n’a pas coûté un centime au contribuable.

 

Bon écoutez, je ne vais pas vous cacher que sans l'aide désintéressée de l'Etat, les banques auraient fait faillite. Effet domino, risque systémique, tout ça... Du coup, oui, selon comment on regarde les choses, on peut dire que les banquiers ont été secourus, que les actionnaires des banques ont eu chaud aux fesses. Ca n'a pas coûté un centime au contribuable si l'on parle des prêts aux banques. Mais le sauvetage de l'euro, pris dans son ensemble, c'est un peu autre chose. D'ailleurs, la montée en flèche de la dette française en témoigne.

 

Dire la vérité aux Français, c’était leur dire que l’État ne pouvait pas indéfiniment financer ses dépenses courantes et ses dépenses de solidarité par l’emprunt, parce qu’un jour, il faut payer ses dettes.

 

C'est fini la fête du slip social.  Je le dis et le fait dire depuis avant mon arrivée. Le programme du conseil de la résistance, c'est des trucs à la papa. Nous on détricote. Sans réfléchir, parce que comme disaient Fillon et Lagarde, on a plus le temps de réfléchir. Les mauvaises langues diront qu'en siphonnant les aides sociales on crée de la pauvreté et que in fine la pauvreté coûte cher à la collectivité, mais nous on s'en fout. Ben oui, on ne fait pas partie des pauvres. D'ailleurs, je vous ai déjà dit que ma femme est très riche ?

 

 

Dire la vérité aux Français, c’était leur dire que la crise était une crise structurelle qui nécessitait des réponses structurelles, qu’elle appelait à accélérer le rythme des réformes, non pas à l’arrêter ou à le ralentir.

 

Toujours plus vite, toujours plus fort, vers le mur, en klaxonnant. Les TINA et autres théories rigolotes de Reagan ont fait leurs preuves: les 1% qui nous intéressent ont gagné beaucoup d'argent. Continuons sur cette bonne voie.

 

Dire la vérité aux Français, c’était leur dire que pour sortir de la crise il faudrait travailler davantage et non pas moins.

 

Je rappelle juste à ces couillons de socialistes que je m'occupe toujours d'eux et que les 35 heures ça me permet de vous faire croire que c'est ce qui vous a mis dans la merde

 

Je sais que la vie d’un grand nombre de Français est plus difficile aujourd’hui, après trois ans de crise.

 

Un grand nombre, mais pas tous. Il suffirait que ces Français prennent exemple sur moi. Regardez, j'ai été augmenté de près de 200%. C'est pas rien, hein. Alors, dites-moi, qu'est-ce qui les empêche de faire comme moi ?

 

Je sais que malgré toutes les mesures qui ont été prises, beaucoup de Français ont souffert et continuent de souffrir.

 

Allez, vous avez compris, je suis en totale empathie avec ceux qu'en bavent, hein. J'visite des usines qui vont fermer moi

 

Chacun a dû faire des efforts, chacun a dû faire des sacrifices.

 

Moi le premier. Au début de mon mandat, je partais en vacances sur le Yacht de mon ami Bolloré, j'utilisais ses avions privés. Maintenant, je suis obligé de passer mes vacances chez ma belle-mère et de m'occuper de sa fosse septique et de prendre un bête avion normal.

 

Mais prenons le temps de regarder autour de nous dans quelle situation se trouvent les pays européens qui n’ont pas pris à temps la mesure de la crise, qui n’ont pas fait à temps les efforts nécessaires. Ils ont été obligés de baisser les salaires et les retraites et d’augmenter massivement les impôts.

 

Moi, je suis plus malin. Je dis que je n'augmente pas les impôts. Je ne baisse pas les salaires. Mais c'est juste que je vis à crédit parce qu’il ne me reste plus que quelques mois à tenir...

 

En 2008, j’ai dit que le capitalisme devait être refondé. J’ai dit qu’il fallait moraliser la finance.

 

J'adore dire des conneries de gauche en pensant le contraire, ça ratisse large

 

Le G20 que la France avait voulu, contribua à sauver la confiance qui se trouvait partout ébranlée.

 

Et le G20, c'était qui l'chef, hein, c'était qui ?

 

On peut toujours déplorer qu’il ne soit pas allé assez vite ou assez loin. Mais si nous regardons d’où nous venons et ce qui a été accompli depuis 3 ans, c’est une véritable révolution qui a commencé : pour les rémunérations des traders, pour les paradis fiscaux, pour les banques, pour les marchés de matières premières, rien ne sera plus comme avant.

 

Regardez les paradis fiscaux, ils ont été contraints de signer des accords de coopération fiscale pour sortir des listes grises et noires. Et ils l'ont fait. En signant des accords entre eux.

 

En septembre 2008, ici, à Toulon, au cœur de la tourmente, j’avais tracé une perspective : celle d’un capitalisme de production, d’une mondialisation régulée, d’une finance encadrée, d’un développement durable, d’un nouveau rôle pour l’État dans l’économie, d’une nouvelle gouvernance européenne et mondiale.

 

Regardez où on en est. Nulle part ? Si, les agences de notation continuent de dicter leur loi, au service des marchés qui gouvernent et nous forcent à prendre les décisions qu'ils veulent que l'on prenne. Régulés... Les politiques. On a été régulés par les marchés. La nouvelle gouvernance mondiale des marchés est en route.

 

Au-delà de l’urgence à laquelle le gouvernement de François Fillon a dû, avec courage et une détermination auxquelles je veux rendre hommage, faire face jour après jour, pour protéger les Français, la politique de la France s’est résolument inscrite depuis quatre ans dans cette perspective. Pas un jour je n’ai renoncé à un seul de ces objectifs.

 

Si vous m'élisez à nouveau, je vous laisse entendre que je vais le faire. Ça vous laisse cons, hein, que je vous rappelle ça et qu'aujourd'hui je recommence à faire les mêmes promesses ? Peur de rien. Je suis le leader des Carpates de la droite dé-com-ple-xée...

 

Mais aujourd’hui, la peur est revenue. Cette peur qui détruit la confiance. Cette peur qui paralyse les consommateurs, qui empêche l’investisseur d’investir, l’entrepreneur d’entreprendre, le patron d’embaucher, le banquier de prêter.

Cette peur porte un nom : c’est la peur pour la France de perdre la maîtrise de son destin.

 

La peur que j'ai surtout de ne pas me faire réélire et que j'aille me faire éclater la tronche par les juges dans les affaires qui me collent aux basques.

 

Et la peur que j'entretiens avec Guéant, Guaino pour que vous ne bougiez pas une oreille.

 

La seule façon de conjurer cette peur c’est de dire la vérité.

La vérité, c’est que la crise n’est pas finie et qu’il ne peut pas y avoir de projet politique qui ne procède d’un diagnostic de la crise et de son ampleur. Nier la crise c’est s’interdire toute perspective d’avenir.

 

Bon, bien sûr personne ne la nie cette crise. Sauf moi qui dit que j'ai sauvé l'euro et l'Europe tous les mois. OK, ça ne marche pas bien longtemps, mais en mettant en scène le truc on gagne du temps. Exemple : on pousse des cris en annonçant la fin du monde, de l'euro et du reste, on se tape une bouffe avec Angela, on annonce qu'on est d'accord tous les deux pour agir et on gagne deux semaines. Pas cher et ça rapporte gros dans les sondages.

 

Ce que l’on appelle la crise de la dette souveraine qui frappe l’Europe de plein fouet, c’est la même crise qui se poursuit. C’est la crise de la dette privée qui se prolonge en crise de la dette publique. C’est la même crise, qui après avoir frappé les banques, frappe les États.

 

C'est pas moi qui suis responsable de la crise, hein, c'est ces cons de ricains. Qui c'est qui a inventé les subprimes à la con là ? C'est moi peut-être ? Oui, bon j'avais dit pendant la campagne qu'il fallait en créer en France mais c'était avant que l'on découvre ce que ça faisait. Pouvais pas savoir. Il est où ce con de conseiller économique qui m'avait soufflé ça ? Quelqu'un a vu mon croc de boucher ?

 

Cette crise frappe tous les grands pays développés, quelles qu’aient été les majorités de gauche ou de droite qui les ont gouvernés et les politiques qu’elles ont menées au cours des dernières décennies.

Il faut chercher les causes communes qui ont conduit le monde dans la situation où il se trouve aujourd’hui.

C’est dans l’instauration, à partir de la fin des années 70, d’une mondialisation sans règle autre que celles qui garantissaient la liberté du commerce que se trouve l’origine des difficultés actuelles.

 

Ca ça vous laisse encore cons, hein ! Je dénonce le système libéral que j'ai toujours encensé et que j'ai appliqué ! Ca, les vieux gaullistes de plus de 70 ans, ils vont aimer et comme ils perdent la mémoire, dans 6 mois, ils votent pour moi.

 

A la fin des années 70, par une sorte de retour du balancier, l’idéologie du laisser-faire a triomphé au point de faire oublier au monde toutes les leçons qui avaient été tirées de la Grande Dépression des années 30. La globalisation financière s’est installée pour compenser artificiellement les ravages que la mondialisation sans règle provoquait dans les économies des pays développés.

C’était nécessaire pour que les excédents des uns puissent financer les déficits des autres.

C’était nécessaire pour que l’endettement puisse compenser la baisse inacceptable du niveau de vie des ménages dans les pays développés.

C’était nécessaire pour financer un modèle social qui croulait sous les déficits.

 

C’était inéluctable pour que le capital financier puisse aller chercher ailleurs les profits qu’il ne pouvait plus espérer dans les pays développés.

 

C'est de la merde aujourd'hui la mondialisation, mais à l'époque on y croyait, hein, et pis on était obligés, allez, cherchez pas, je sais lire les sondages, alors vous gobez ça et on passe à autre chose. Surtout que au fond, si vous regardez bien, mes "réformes" du pays, en profondeur, elles vont exactement dans ce sens.

 

Ainsi s’est mise en place une gigantesque machine à fabriquer de la dette.

Ainsi les pays développés ont-ils cherché leur salut dans la seule voie qui leur restait : la fuite en avant dans l’endettement.

Dans certains pays comme la France, c’est l’État qui s’est endetté. Pas un seul budget en équilibre depuis 1974 !

 

 

Moi, j'ai fait que récupérer un truc pourri, hein, c'est les autres, je vais pas vous parler des + 25% de dette en 4 ans que j'ai fait, faut pas me prendre pour un con non plus !

 

Dans d’autres pays comme l’Angleterre ou l’Espagne ce sont les ménages qui pendant longtemps se sont endettés. Dans d’autres encore, comme aux États-Unis, les ménages et l’État se sont endettés en même temps.

 

Avec moi, c'est moins pire. C'est que l'Etat.

 

La croissance extravagante du secteur financier qui a disséminé d’invraisemblables quantités de dettes a eu pour conséquence la financiarisation de l’économie. Elle l’a mise sous la domination exclusive de la logique spéculative et l’obsession du court-terme. On en connait les conséquences dramatiques sur l’industrie, sur l’environnement, sur les inégalités et sur la dégradation de la valeur du travail.

 

C'est les traders! Salauds. 

 

Dès lors que la fuite en avant dans l’endettement devient impossible parce que les prêteurs ne veulent plus prêter, parce que l’immense pyramide des dettes jusque-là dissimulée par la complexité et la sophistication de la finance globale apparait aux yeux de tous comme un risque énorme, alors commence un nouveau cycle économique.

 

Il est pédagogue Guaino, hein ? Bon, sans rire. Qu’est-ce qu'il a marqué en  marge de son discours, là ? Ah, oui : "surtout ne pas parler du High Frequency Trading", des CDS, des... Putain, c'est quoi ces mots savants ?

 

Ce nouveau cycle sera bien différent du précédent. Le cycle qui s’annonce sera un cycle de désendettement qui ramènera le balancier de l’économie vers le travail et la production que les pays développés avaient eu tendance à trop sacrifier.

 

C'est parce que vous allez dire amen à mes mesures de rigueur que ça va aller mieux, même si j'en sais rien.

 

Le passage d’un grand cycle d’endettement à un grand cycle de désendettement va s’accompagner d’un ajustement auquel toutes les politiques économiques des pays développés vont se trouver confrontées.

Je ne crois pas qu’il serait économiquement juste, ni moralement acceptable d’imputer aux Français les difficultés que nous vivons.

 

Ni à moi

 

Nous ne sommes pas à la fin des Trente Glorieuses. Nous ne sortons pas de trente ans de prospérité dont il faudrait corriger les excès.

Nous ne sortons pas de trente années où les Français auraient refusé de faire le moindre effort pour faire face à la concurrence des pays émergents.

 

Ca va saigner, pas comme avant.

 

Depuis trente ans les Français ne consomment pas plus qu’ils ne gagnent. Au contraire, ils épargnent. Les ménages français sont parmi ceux qui dans le monde épargnent le plus.

 

Va falloir penser à nous filer un peu de votre pognon parce que l'état, comme l'a dit mon pote Fillon, est en faillite. Allez, sortez vos bas de laine, éventrez vos matelas.

 

Depuis trente ans, dans leur immense majorité, les Français subissent plus de stress, plus de tensions, plus de fatigue. Ils ont, de plus en plus de mal à se projeter dans l’avenir. Je pense, en particulier, aux jeunes générations qui ont des difficultés de plus en grandes pour entrer dans la vie active.

 

Regardez mon fils. Il y avait ce poste à l'EPAD, là, tout bien taillé à sa mesure. Et paf, ça n’a pas marché. Alors c'est dire, hein, si un garçon plein de promesses et de qualités comme lui n'y est pas arrivé, imaginez les autres.

 

 

Cette situation a été d’autant plus mal vécue que depuis 30 ans les efforts des Français pour être plus productifs ont été considérables. Ils ont été courageux.

Et surtout, depuis trente ans, ceux qui travaillent et qui sont proportionnellement de moins en moins nombreux ont vu peser lourdement sur leurs revenus la charge de ceux, de plus en plus nombreux, qui vivent plus longtemps, de ceux qui font des études de plus en plus longues, de ceux qui sont au chômage, de ceux que les accidents de la vie ont plongé dans la détresse.

 

Restez chez vous, je vais vous expliquer que vous n'y êtes pour rien, moi non plus mais qu'il faut que vous en fassiez plus, et moi, moins

 

Dire la vérité aux Français c’est leur dire que cette situation, insoutenable dans la durée, se trouve aggravée si brutalement par la crise qu’il est impossible de continuer ainsi.

 

C’est pour cette raison que la réforme des retraites ne pouvait plus être différée et qu’il a fallu en accélérer le calendrier. Contester cette réalité, c’est mentir gravement aux Français. La réforme que nous avons mise en œuvre qui garantit le financement des retraites des Français pour l’avenir était une décision socialement juste. Permettre la retraite à 60 ans sans financement était une décision socialement injuste.

 

Mieux : avec cette réforme des retraites, la France va renouer avec l'excédent budgétaire, la croissance va repartir en flèche et la zone euro sera sauvée. Elle est pas belle la vie ?

 

Dire la vérité aux Français c’est ne rien leur cacher des conséquences de la crise et des efforts qu’elle implique pour tous.

 

Vous gagnez moins, vous vous soignez moins, vous travaillez jusqu'à en crever et nous on s'occupe du reste.

 

Si les Français éprouvent un malaise quand ils s’interrogent sur leur avenir et celui de leurs enfants c’est qu’ils ont le sentiment que leur vie est ballotée par des crises dont ils ne sont pas responsables, qu’ils ne sont plus maîtres de leur avenir.

 

En même temps, ça ne change pas avec le temps. Même cinq ans de présidence par le sauveur du monde, que dis-je, de l'univers n'y ont rien changé...

 

Pour rendre aux Français la maîtrise de leur avenir, il faut rendre à la France la maîtrise de son destin. Et pour cela elle doit entrer de plain-pied dans le nouveau cycle économique. Elle doit s’y préparer.

 

La maîtrise, c'est moi

 

Il y a trois façons de répondre à la crise.

La première, c’est de la nier. Expliquer que ce n’est pas grave, que la crise n’est qu’un prétexte. C’est mentir aux Français et préparer des catastrophes dont la France ne se remettrait pas.

 

Je ne nie jamais (petit rire intérieur).

 

La seconde, c’est de faire le choix exclusif de l’austérité, de la rigueur, de la déflation. Ce serait le choix de la baisse des salaires et des retraites. Ce serait le choix de faire porter tout le poids de la crise sur le pouvoir d’achat. Ce serait le choix qui tirerait tout vers le bas, un choix qui prendrait le risque de plonger l’économie dans la récession et même dans la dépression.

 

C'est ce que je fais, mais je dis que je ne le fais pas, comme ça je laisse croire autre chose. Je sais c'est compliqué, mais les leaders, c'est fait pour penser à des trucs compliqués. Ayez confiance, j'ai 6 cerveaux bien irrigués.

 

Il y a un autre choix possible. Celui de répondre à la crise par le travail, par l’effort et par la maîtrise de nos dépenses. C’est un ajustement par le haut. C’est un choix qui préserve le niveau de vie. Entre la baisse des retraites et travailler plus longtemps, je choisis la deuxième solution. Entre gagner moins et travailler davantage, je suis convaincu que la deuxième solution est préférable à la première, qu’elle est plus juste et qu’elle nous permettra de sortir de la crise au lieu de l’aggraver. Ce choix de l’effort, du travail, c’est la politique que suit avec constance le gouvernement.

 

Nous on bosse, on vous demande de faire pareil, pas comme ces feignants de socialos, et je vous remets une couche du travailler plus pour gagner plus, ça mange pas de pain.

 

Dans le monde tel qu’il est, avec les défis que nous avons à relever, avec ce que sont les tendances de la démographie, la retraite à 60 ans et les 35 heures ont été des fautes graves dont nous payons aujourd’hui lourdement les conséquences et qu’il nous a fallu réparer.

 

C'est à cause d'eux, on vous dit. La cause de tous les maux. Les 35 heures. D'ailleurs, j'en parlais avec Barack pas plus tard que l'autre jour : si la crise des subprimes a explosé, c'est la faute aux 35 heures. La crise de la dette souveraine ? La retraite à 60 ans. La folie du secteur de la finance ? Les deux. 

 

La crise est d’abord un révélateur de nos faiblesses. Mais pour peu que nous sachions en tirer les leçons, les crises nous indiquent aussi la voie à suivre pour reconstruire et elles donnent à la politique une responsabilité et un champ d’action au fond sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale parce qu’il faut tout imaginer, tout réinventer.

 

Et pour inventer des trucs, comptez sur moi. Ça ne marche pas ? M'en fout, quoi qu'il arrive, je serai plus président, je gagnerai plein de pognon en faisant des conférences ou au board d'une des boites d'un de mes amis. Au pire, je siroterai un cocktail sur le Paloma de Bolloré au soleil en vous imaginant, bossant jusqu'à 80 ans, sans couverture sociale, avec des incitations fiscales pour les licenciements.

Il nous faut d’abord de nouveau parer à l’urgence, en évitant de devenir une cible pour la spéculation en brisant le doute sur notre capacité à maîtriser notre endettement et à rembourser nos dettes. Car le doute nous fait payer plus cher notre dette.

 

Le doute et la hausse vertigineuse du volume de la dette grâce a mon action ciblée depuis cinq ans.

 

En réduisant nos déficits, nous diminuons l’emprise que les marchés exercent sur nous, nous préservons la maîtrise de notre destin.

Pour réduire nos déficits nous devons éliminer nos mauvaises dépenses, celles qui sont inutiles, celles que l’on peut supprimer sans diminuer la qualité du service public, celles que l’on peut compenser par un effort raisonnable de productivité, celles qui sont le fruit d’une mauvaise gestion, d’un mauvais contrôle, celles que l’on a laissé dériver par manque de courage pour réformer ou par défaut d’anticipation.

Depuis des décennies, nous dépensons trop et souvent mal. Cela ne peut plus durer.

 

Et ne venez pas me dire que je suis dans des gouvernements depuis des décennies, je ne suis président que depuis cinq ans. En cinq ans, on peut rien faire.

 

L’habitude qu’avait prise l’Etat d’être un guichet où l’on répondait oui, non pas à ceux qui en avaient le plus besoin mais à ceux qui pouvaient protester le plus et bloquer le plus. Cela ne peut plus durer.

 

D'ailleurs, ça ne dure plus puisque comme je l'avais dit, en France maintenant quand il y a une grève, ça ne se voit plus. J’ai gagné, j'ai gagné, j'ai gagné, putain de gauchistes stalinistes.

 

Nous devons diminuer nos dépenses courantes, en étant plus attentifs à l’utilité de la dépense publique. Nous devons continuer à réduire les effectifs de la fonction publique en maintenant la règle du non renouvellement de un départ sur deux à la retraite. Nous devons le faire avec détermination. Mais aussi avec sang-froid, raisonnablement, sans nous laisser gagner par la fébrilité et les emballements des marchés.

 

C'est pourquoi, avec Angela, nous ne prêtons aucune attention à l'évolution des marchés depuis des mois. Nous, on s'inscrit dans la durée.

 

C’est pour cela que, dans le même temps que nous économisons, nous devons continuer d’encourager le travail et donc les heures supplémentaires, préserver les allègements de charge et nous devons continuer d’investir, car la clé de notre avenir est dans la productivité et dans la compétitivité.

 

Tout comme avant. On ne change rien. Et ça c'est important parce que les méthodes ont montré qu'elles aidaient à résoudre la crise.

 

La France a des atouts exceptionnels pour affronter toutes les concurrences et toutes les épreuves. De tous les grands pays développés, il est celui dont le système institutionnel a le mieux résisté à la crise.

 

Mieux que l'Allemagne. Non, je rigole. Mais bon, faut bien que je fasse croire que j'ai mieux fait que les autres, hein?

 

Grâce à ses institutions il peut être gouverné même quand les temps sont difficiles.

 

La preuve, je ne fais pas grand-chose à part un pas en avant, un pas en arrière, et ce, depuis cinq ans. 

 

Ce n’est pas en passant à la VIe République qui ne serait en réalité qu’un retour à la IVe que la France maîtrisera mieux son destin. Nous avons connu l’époque des marchandages entre partis. Le résultat, ce fut l’impuissance, l’abaissement et la confusion. Dans un monde où il faut décider vite et avec sang-froid, sans à priori idéologique, c’est une fantaisie coupable que la France ne peut pas se permettre.

 

Sans a priori idéologique. J'ai dit ça, moi ? Sans rire... Les conneries que je peux sortir moi... Allez, plus c'est gros mieux ça passe. Et là c'est du très gros...

 

Quand l’économie mondiale est entrée en récession, le modèle social français s’est révélé efficace pour amortir le choc. Il a contribué à ce que l’économie recule moins en France qu’ailleurs.

 

En fait j'arrive à faire mieux, tiens... Non, parce qu'avec ce que j'ai critiqué le modèle social français..., Mai 68, l'héritage du Conseil national de la résistance... Avec tout ce que j'ai fait pour déglinguer ce modèle social, dire qu'il nous a aidé à passer le cap de la crise, ça, c'est fort.

 

Mais qui peut penser le maintenir sans l’adapter aux conditions qui sont celles de notre époque ?

 

Bon, faut pas pousser non plus, continuons à le déglinguer.

 

On n’éduque pas, on ne soigne pas comme hier. La délinquance n’est pas la même qu’hier. Les inégalités ne sont pas les mêmes. Et surtout, il est apparu une nouvelle inégalité celle qui fait la vie plus difficile à ceux qui travaillent au bas de l’échelle par rapport à une minorité qui voudrait profiter du système sans assumer sa part des devoirs.

 

Des gens qui ne payeraient pas d'impôts en France, qui délocaliseraient des fortunes dans les paradis fiscaux, des gens qui... Qui dineraient au Fouquet's si je les y invitais.

 

On ne peut pas financer notre protection sociale comme hier en prélevant uniquement sur les salaires quand les frontières sont plus ouvertes et qu’il faut faire face à la concurrence de pays à bas salaires. La réforme du financement de notre modèle social est devenue urgente.

 

Pétons tout ça, ça aidera ceux qui sont en bas à moins souffrir... Mouahahahahaha....

 

Nous ne pouvons pas garder la même organisation de notre protection sociale que celle de l’après- guerre

 

Putain de conseil national de la résistance, infiltré par des gauchistes comme De Gaulle ou le PCF...

 

alors que ceux qui changent plusieurs fois d’entreprise, de secteur, de métier, tout au long de leur vie active sont de plus en plus nombreux.

 

Face à la tourmente économique et financière, disposer comme la France d’un État fort adossé à une longue tradition administrative est apparu comme un atout considérable, tandis qu’un État faible, dépourvu de toute autorité, est apparu comme l’une des causes principales qui ont conduit bien des pays à être emportés par la tourmente.

 

La France a des atouts que bien des pays dans le monde lui envient. Elle a une démographie dynamique, une jeunesse nombreuse, des entrepreneurs, des chercheurs et des ingénieurs de talent, une main d’œuvre de grande qualité, travailleuse, bien formée. Elle a une longue tradition industrielle et agricole, des savoir-faire qui sont issus du travail de plusieurs générations.

 

Ce n’est pas en renonçant à notre indépendance énergétique et en boudant l’énergie nucléaire dans laquelle la France a investi depuis un demi-siècle tant d’intelligence et d’argent qu’elle valorisera au mieux ses atouts.

 

Et puis ça ennuierait mes amis. Et je vous le demande... Comment je ferais sinon pour essayer de vendre des centrales nucléaires à mes amis comme Mouammar Kadhafi ? Hein ?

 

Ce n’est pas en choisissant une politique de partage du travail qui a échoué partout dans le monde que la France tirera le meilleur parti de ses ressources.

 

Cette voie tourne le dos au progrès. C’est le travail qui crée le travail, c’est l’investissement qui engendre l’investissement.

 

Je vous l'assure, c'est la poule qui fait l'oeuf. Et même... L'oeuf qui fait la poule !

 

Travailler plus et mieux, se former plus et mieux, investir massivement et mieux, ce sont les principaux leviers par lesquels la France se mettra en phase avec le nouveau cycle économique.

 

C'est pour cela que je vais faire des plans d'austérité. Pour casser un bon coup la croissance. Après moi, le déluge.

 

Alors qu’en France comme dans la plupart des grands pays développés frappés par la crise mondiale, le chômage augmente, nous avons le devoir de chercher toutes les solutions pour créer des emplois. La crise ne doit pas nous faire baisser les bras. Et ce n’est pas parce qu’il y a une élection présidentielle qu’il faut attendre.

 

C’est dès à présent qu’il faut se battre pied à pied, qu’il faut mobiliser toutes les intelligences, toutes les bonnes volontés. Nous ne gagnerons pas la bataille de l’emploi sans les chefs d’entreprise, sans les partenaires sociaux. C’est pourquoi en janvier prochain j’inviterai tous les partenaires sociaux à participer à un sommet sur l’emploi pour que chacun puisse apporter des solutions, faire des propositions. Il faudra avoir le courage d’affronter les grandes questions et de lever les tabous sur les freins à la compétitivité française.

 

Et quand je dis lever les tabous, je sais de quoi je parle. Ca va déménager... Déjà que j'étais décomplexé... Mais alors là, sans tabous...

 

Sur l’emploi on n’a pas tout essayé. Quand on voit monter le chômage, on n’a pas le droit de dire qu’on y peut rien, même si tout ne dépend pas de nous. Mais à la fin il n’y a que la croissance qui viendra à bout du chômage de masse.

 

A l’entrée d’un cycle de désendettement qui porte en lui-même des tendances récessives, l’action en faveur de la croissance doit être plus vigoureuse que jamais. Ce moment crucial où se dessine un nouveau modèle de croissance, c’est celui qu’il ne faut pas manquer.

 

La triple révolution du numérique, de l’écologie et de la connaissance change tout. Elle bouleverse les modes de production. Elle fait glisser la croissance du matériel à l’immatériel, de la quantité à la qualité, de la standardisation à l’innovation.

 

Vite, vite, un peu plus de désindustrialisation, on l'a vu, ça marche au poil.

 

A côté du capital et du travail, elle donne une importance nouvelle à ces facteurs de production que sont l’intelligence, le savoir, l’imagination. L’autonomie des universités, le Grenelle de l’Environnement, le crédit d’impôt recherche, les 35 milliards d’investissements d’avenir dans l’enseignement supérieur, dans la recherche, dans les technologies du futur préparent cette immense révolution. Il faut persévérer.

 

Ce n’est pas le moment de nous décourager, de nous rétracter, de nous replier sur nous-mêmes, de nous réfugier dans l’immobilisme, dans la précaution, de rejeter le progrès.

 

C’est le moment de travailler, d’investir, d’entreprendre. C’est le moment où l’État doit redevenir innovateur, entrepreneur, investisseur, où il doit entraîner ceux qui inventent, qui créent, qui entreprennent. OSEO, le Grand Emprunt, le Fonds Stratégique d’Investissement, ce sont des outils de financement de cette révolution de long terme. Il faut persévérer dans cette voie.

 

Aaaah, le FSI et ses investissements dans Amesys et Qosmos... Un avenir radieux...

 

Mais nous ne reprendrons pas la maîtrise de notre destin tout seul. Nous ne domestiquerons pas la finance tout seul. Nous ne changerons pas les règles de la mondialisation tout seul. Nous ne retrouverons pas le chemin de la croissance tout seul.

 

D'ailleurs, je ne devrais pas vous le dire, mais rien de tout cela ne se fera. Cela ne s'est pas fait depuis 2008, date de mon précédent discours sur les mêmes thèmes, ici-même. Alors si vous pensez que ça se fera dans les quelques mois précédent la présidentielle...

 

Chacun doit comprendre que la France est tellement engagée dans le monde, que son économie est tellement plongée dans l’économie mondiale, qu’il n’y a pas de différence entre la politique intérieure et la politique extérieure, entre la politique nationale et la politique européenne, Au-dedans et au dehors, c’est une seule et même politique qu’un pays comme le nôtre doit mettre en œuvre pour faire face à une seule et même crise qui est mondiale.

Dire la vérité aux Français c’est leur dire que l’isolement n’est pas une solution, que nous n’avons pas le choix entre l’ouverture et la fermeture parce que la fermeture serait mortelle pour notre économie, pour nos emplois, pour notre niveau de vie. Les sociétés fermées n’ont qu’un destin possible : le déclin. Le déclin économique, intellectuel, moral.

 

C’est cette lucidité, cette acceptation du réel qui nous permettra de peser en Europe et dans le monde et d’être capable de fixer les limites que nous n’entendons pas voir dépasser.

Ainsi, nous refuserons d’effacer nos frontières. Elles sont la condition de notre liberté, de notre démocratie, de notre solidarité.

 

Ainsi, nous défendrons notre identité, notre culture, notre langue, notre façon de vivre, notre modèle social.

 

Enfin, le nouveau. Celui que je construis.

 

Ainsi, nous n’accepterons pas une immigration incontrôlée qui ruinerait notre protection sociale, qui déstabiliserait notre société, perturberait notre façon de vivre, bousculerait nos valeurs. L’immigration est féconde si elle est maîtrisée pour que ceux que nous accueillons puissent être accueillis dans les meilleures conditions possibles, pour qu’ils prennent en partage notre histoire, nos valeurs, notre façon de vivre.

 

Excusez-moi, ça m'a échappé, c'est mon côté droite décomplexée. Mon petit démon fhainèsque qui me démange régulièrement.

 

Régulariser tous les étrangers en situation irrégulière, c’est la certitude de créer un appel d’air incontrôlable.

 

Ainsi nous ne pourrons tolérer la persistance des dumpings, des concurrences déloyales, le pillage de nos technologies qui détruisent nos usines.

 

Alors que les délocalisations ne détruisent pas, elles, nos usines. Elles participent à la création de la richesse. De la richesse… des actionnaires.

 

Au fond la seule façon de nous protéger est d’être les artisans d’un changement avec les autres plutôt que de nous engager dans une aventure solitaire qui serait sans issue.

Ayons conscience que si nous échouons à changer ensemble les règles du jeu, le monde risque de sombrer dans le chacun pour soi et le protectionnisme et nous irons à la catastrophe, parce qu’alors nous risquons de refaire pas à pas le chemin tragique qu’a emprunté le monde dans les années 30.

 

Un peu comme ce qui va se passer après que toutes les décisions débiles que l'on prend avec Angela aient échoué, ce qui ne maquera pas d'arriver. Mais je ne serai plus au pouvoir. Donc... Ranafout'

 

Il y a une réalité que chacun doit comprendre, que chacun doit accepter : la souveraineté ne s’exerce qu’avec les autres.

 

L’Europe, ce n’est pas moins de souveraineté, mais davantage de souveraineté parce que c’est davantage de capacité d’agir.

 

On défend mieux sa souveraineté avec des alliés, que tout seul. C’est la grande leçon de l’histoire du XXème siècle. Renoncer à notre place de membre permanent du conseil de Sécurité et à notre droit de véto ne serait ni plus ni moins qu’une faute. Nous n’aurions pu aider les peuples de Lybie et de côte d’Ivoire à se libérer.

 

Nous n'aurions même pas pu vendre un système d'écoute global au dictateur sanguinaire Libyen qui avait fait péter un avion d'UTA. Et ce dictateur n'aurait même pas pu repérer ses opposants. C’est dire...

 

La France et l’Allemagne, après tant de tragédies, ont décidé d’unir leur destin, de regarder ensemble vers l’avenir. Revenir sur cette stratégie serait impardonnable.

 

L’histoire et la géographie ont fait l’Allemagne et la France rivales ou partenaires. En faisant le choix de l’amitié le Chancelier Adenauer et le Général de Gaulle ont fait un choix historique.

 

L’Allemagne et la France unies, c’est l’Europe toute entière qui est unie et forte. La France et l’Allemagne désunie, c’est l’Europe toute entière qui est désunie et qui est affaiblie. Je recevrai lundi prochain à Paris la chancelière Merkel et ensemble nous ferons des propositions pour garantir l’avenir de l’Europe.

 

Chacun a son histoire, chacun a ses blessures. Quand on parle de la monnaie, l’Allemagne se souvient de son histoire. Nous devons la comprendre et nous devons la respecter.

 

Chacun a ses institutions, sa culture politique, sa conception de la Nation. L’une est fédérale, l’autre est unitaire. Il faut comprendre cette différence. Il faut la respecter.

 

La France et l’Allemagne ont fait le choix de la convergence. Je ne reviendrai jamais sur ce choix. Cela ne veut pas dire que l’une veut se mettre à la remorque de l’autre, ni que les deux veulent renoncer à leur identité jusqu’à se confondre.

 

Le choix de la convergence, ce n’est pas celui de l’imitation mais celui des leçons tirées en commun de l’expérience de chacun. Le choix de la convergence c’est celui du travail en commun, de l’effort partagé pour construire au cœur de l’économie européenne une zone de stabilité et de confiance qui sera le moteur de la compétitivité européenne. Je ferai tout pour qu’il en soit ainsi.

 

L’Europe n’est plus un choix. Elle est une nécessité. Mais la crise a révélé ses faiblesses et ses contradictions. L’Europe doit être repensée. Elle doit être refondée.

 

Un peu comme le capitalisme que je voulais refonder et qui nous a tous fondus...

 

Il y a urgence. Le monde n’attendra pas l’Europe. Si l’Europe ne change pas assez vite, l’Histoire s’écrira sans elle.

 

C’est la conviction de la France et de l’Allemagne. L’Europe a besoin de plus de solidarité. Mais plus de solidarité exige plus de discipline.

 

C’est le premier principe de la refondation de l’Europe. Car la solidarité ne doit pas être un encouragement au laxisme. L’Europe a besoin de plus de politique. Je veux dire de plus de responsabilité politique.

 

L’Europe sans politique, l’Europe en pilotage automatique qui ne fait qu’appliquer aveuglément les règles de la concurrence et du libre-échange est une Europe qui ne peut pas faire face aux crises.

 

Et attention hein, c'est un chantre de l'ultra-libéralisme qui vous le dit...

 

C’est une Europe désarmée. C’est une Europe qui est condamnée à subir. Cette Europe-là, nous n’en voulons pas.

 

L’Europe a besoin de plus de démocratie. Parce que l’Europe est une entreprise qui ne peut pas réussir sans les peuples. Parce que si les peuples se méfient de l’Europe, l’Europe reculera. L’Europe plus démocratique, c’est l’Europe où ce sont les responsables politiques qui décident.

 

Ceci dit, a force décider des plans de rigueur dictés par des marchés aveugles et Armageddoniens, il a des chances pour que les peuples se méfient des politiques qui décident et de l'Europe qui les appauvrit. 

 

Plus de politique, c’est le deuxième principe de refondation de l’Europe.

La refondation de l’Europe, ce n’est pas la marche vers plus de supranationalité. Ce n’est pas la réouverture des vieilles querelles entre les partisans de l’Europe des nations et de l’Europe fédérale.

 

L’Europe se refondera en tirant pragmatiquement les leçons de la crise.

 

Elle se refondra comme j’ai refondé le capitalisme. Vous êtes patients j’espère…

 

La crise a poussé les Chefs d’États et de gouvernements à assumer des responsabilités croissantes parce qu’au fond eux seuls disposaient  de la légitimité démocratique qui leur permettait de décider.  C’est par l’intergouvernemental que passera l’intégration européenne parce que l’Europe va devoir faire des choix stratégiques, des choix politiques.

 

Au sein de la zone Euro, il nous faut décider maintenant aller sans crainte vers davantage de décisions prises à la majorité qualifiée.

 

L’Europe ouverte à tous les vents, l’Europe qui ne se protège par contre les dumpings, l’Europe qui ouvre ses marchés sans exiger la réciprocité de la part de ses concurrents, l’Europe qui laisse entrer des produits de pays qui ne respectent pas les règles sociales ou environnementales, ça ne peut plus durer. L’Europe doit négocier pieds à pieds la défense de ses intérêts commerciaux.

 

Je sais, j'ai l'air de me réveiller après cinq ans comme président. Mais bon, faut que je trouve des arguments, la présidentielle approche. Et le caca de taureau, ça paye, généralement.

 

L’Europe qui fait appliquer à l’intérieur le principe de la libre circulation et qui ne contrôle pas ses frontières extérieures, ça ne peut plus durer. Schengen doit être repensé.

 

Hop, je refourgue un petit coup sur l'immigration  parce que comme vous le savez, le FN monte, que l'on est en année électorale et que ça, c’est un bon sujet pour rameuter le vote FN vers l’UMP. Déjà testé en 2007. Au poil.

 

L’Europe qui tolère le dumping social et le dumping fiscal entre ses États membres, l’Europe qui supporte que les subventions qu’elle verse à certains de ses membres pour les aider à combler leur retard sur les autres puissent servir à baisser leurs charges et leurs impôts pour faire aux autres une concurrence déloyale, ça ne peut plus durer.

 

Vous me direz qu’à six mois de la fin de mon mandat,  il est temps de me réveiller sur le mode « ça ne peut plus durer ». Oui, mais bon hein, mieux vaut tard que jamais et puis ça ne mange pas de pain d’en parler, c’est comme mon histoire de refonder le capitalisme, impossible à réaliser, mais électoralement payant. Hop, un coup à droite, un coup à gauche, ratissons large. Je suis le nouveau rassembleur…

 

L’Europe ne peut pas laisser ses groupes industriels à la merci de tous les prédateurs du monde, parce qu’elle leur interdit de se regrouper au nom d’une fausse conception de la concurrence, L’Europe ne peut plus ignorer la nécessité absolue d’une politique industrielle, pour soutenir nos filières et nos exportations.

 

Pourquoi ferions-nous comme les Américains qui ont un système de protection contre la formation de trusts faussant la concurrence ? Hein ?

 

L’Europe doit défendre sa politique agricole commune car dans un monde de ressources rares, la sécurité alimentaire est un élément essentiel de l’indépendance.

 

Et puis repasser les chemises et faire le café. Mais là, c’est un petit message à mes amis agriculteurs (qu’ils se cassent ces pov’cons ).  C’est combien d’électeurs les agriculteurs Claude, toi qui es à l’Intérieur ?

 

L’Europe va devoir faire des choix cruciaux dans les semaines qui viennent. Ces choix ne peuvent plus être ceux des années 80.

 

Allez, fini le libéralisme, vive Jaurès ! J’en pense pas un mot mais 2012 est une année clef. Je dois parler à tout le monde m’a dit Alain Minc.

 

La crise est un accélérateur.

 

Vroum-Vroum… Attention aux sorties de route quand même. C’est pas Gran Torino non plus…

 

La crise est un défi majeur pour l’Europe. Le plus grand défi sans doute qu’elle ait eu à relever depuis qu’elle existe.

 

Ne nous le cachons pas, l’Europe peut être balayée par la crise si elle ne se ressaisit pas, si elle ne change pas.

 

Mais dans l’Europe, il y a l’Europe à 27 et il y a l’Europe de l’Euro.

 

Et devinez qui on va larguer en route ?

 

Au cœur de la crise européenne, il y a la crise de l’Euro. C’est la plus grave. Elle peut tout emporter. Que restera-t-il de l’Europe si l’Euro disparaît, si le cœur économique de l’Europe s’effondre ?

Au moment de faire le choix de l’Euro, nous nous sommes divisés entre partisans du oui et partisans du non. Chacun avait ses raisons, ses arguments qui étaient respectables.

Mais le débat est derrière nous. L’Euro existe. Sa disparition aurait des conséquences dramatiques pour les Français. Elle rendrait notre endettement ingérable.

 

Ah, je vous vois venir. Je sais, j’ai déjà rendu notre endettement ingérable en augmentant la dette comme personne. Mais bon, pas la peine de le rendre encore plus ingérable qu’ingérable, non ?

 

L’effondrement  de la confiance paralyserait tout. Les Français s’appauvriraient... Nous n’avons pas le droit de laisser se produire un tel désastre.

 

Et si on avait de nouveaux pauvres en plus des 370.000 pauvres supplémentaires entre 2007 et 2009 (Insee), on serait mal. 

 

Prenons la crise de l’Euro pour ce qu’elle est : une crise de crédibilité, une crise de confiance. Elle ne peut se résoudre qu’en restaurant la crédibilité, en restaurant la confiance.

 ** Faites-moi confiance, comme générateur de confiance, il n’y a pas mieux que moi. **

 

Si nous voulons que l’Euro survive, nous n’avons pas le choix : nous devons opposer une solidarité sans faille à tous ceux qui doutent de la viabilité de l’Euro et qui spéculent sur son éclatement.

 

Et ça, avec Angela, on le fait depuis le début. Bon, OK, il y a des difficultés, je ne vous le cacherai pas, mais en fin de course, je parviens à imposer ma Eagle Vision et les marchés se calment. Quelques heures au moins.

 

Il doit être absolument clair que tous les pays de la zone Euro seront solidaires les uns des autres. Il doit être clair que ce qui a été fait pour la Grèce, dans un contexte très particulier, ne se reproduira plus, qu’aucun État de la zone Euro désormais ne sera mis en défaut.

 

« Read my lips, no new taxes », comme disait papa bush… Aucun autre pays ne frôlera le défaut. Ni l’Espagne, ni le Portugal, ni l’Irlande, ni l’Italie, ni… Putain, qu’est-ce que je peux raconter comme conneries moi quand même, parfois…

 

Il doit être absolument clair qu’à l’avenir aucun épargnant ne perdra un centime sur le remboursement d’un prêt accordé à un pays de la zone Euro. C’est une question de confiance et la confiance conditionne tout.

 

Regardez… Vous par exemple, vous m’avez fait confiance en 2007. Et vous n’avez pas été déçus. Moi oui un peu. Avec l’histoire de l’Epad par exemple. Mais c’est une autre histoire.

 

Il doit être clair que cette solidarité sans faille, tous les Etats et toutes les institutions y travaillent sans relâche.

C’est la raison d’être du Gouvernement de la zone Euro que la France a voulu et qui réunira les chefs d’État et de Gouvernement pour décider ensemble.

C’est la raison pour laquelle la France a proposé la création d’un Fonds monétaire européen qui sera pour l’Europe l’instrument de sa solidarité, qui sera en mesure de venir en aide aux pays en difficulté. Ce Fonds mobilisera les ressources nécessaires pour offrir un rempart face à la spéculation. Nous le pérenniserons, le renforcerons et je souhaite que nous lui permettrions de décider, à la majorité qualifiée.

 

Evidemment, nous n’avons pas le moindre euro pour mettre dans ce beau projet, mais l’évoquer, c’est déjà un peu lui donner vie.

 

Naturellement, la Banque Centrale Européenne a un rôle déterminant à jouer. Il y a des débats sur ce que lui autorisent ses statuts. Je ne veux pas entrer dans ces débats. La BCE est indépendante. Elle le restera. Je suis convaincu que face au risque déflationniste qui menace l’Europe la Banque Centrale agira. A elle de décider quand et avec quels moyens. C’est sa responsabilité. Nul ne doit douter qu’elle l’assumera, et, d’ailleurs je me félicite de ce qu’elle ait commencé à le faire.

Cette solidarité sans faille n’est pas envisageable sans une discipline plus stricte. Si l’on veut plus de solidarité, il faut plus de discipline budgétaire.

 

Par exemple, ne pas laisser des pays comme la France et l’Allemagne sortir des clous de Maastricht. En clair, ne pas laisser les pays de la zone foutre la zone comme on l’a fait.

 

Nous devons discuter ensemble de nos politiques budgétaires, non pour qu’elles soient les mêmes partout alors que les situations sont différentes, mais pour qu’elles se rapprochent au lieu de s’écarter les unes des autres. Examinons en commun nos budgets. Instaurons des sanctions plus rapides plus automatiques et plus sévères pour ceux qui ne respectent pas leurs engagements.

 

Comme nous, par exemple.

 

Renforçons les dispositifs de prévention pour que les dérives que nous avons connues ne se reproduisent plus. Chaque pays de la zone euro doit adopter une règle d’or qui inscrira dans son ordre juridique l’objectif d’équilibre budgétaire. La France doit l’adopter. L’idéal si chacun faisait preuve de responsabilités, serait de le faire avant la Présidentielle. Si tel n’était pas le cas, il faudrait le faire immédiatement après.

Il ne peut y avoir de monnaie unique sans que les économies convergent. Si les écarts de niveau de vie, de productivité, de compétitivité se creusent entre les pays, l’Euro se révèlera tôt ou tard trop fort pour les uns, trop faible pour les autres ; et la zone euro éclatera.

 

Paf !

 

La convergence, ce doit être le maître mot de la zone euro.

Ce processus sera nécessairement long et difficile.

Depuis le début de la crise de la dette, reconnaissons-le, l’Europe a déçu. Pas assez vite, pas assez loin, pas assez fort. J’entends ces critiques. Parfois, j’ai partagé l’impatience des observateurs. Mais la tâche était si difficile. Le Traité de Maastricht s’est révélé imparfait. Il prévoyait des mécanismes de préventions, mais bien lacunaires, des sanctions, peu appliquées et aucun instrument d’urgence.

Nous avons dû tout réinventer, tout reconstruire, et nous avons redécouvert que parfois nos conceptions de la politique économique ou de l’union monétaire étaient demeurées différentes, en dépit de 10 ans de vie commune.

Maintenant, dans une situation extrême, après le long chemin que nous avons parcouru, nous devons revenir à l’essentiel et le réaffirmer solennellement. C’est pourquoi la France milite avec l’Allemagne pour un nouveau Traité.

Plus de discipline, plus de solidarité, plus de responsabilité assumées devant les peuples un véritable gouvernement économique. Tel est notre vision de l’avenir de la Zone Euro et de la future réforme des Traités.

 

Je vous l’ai dit, j’ai la Eagle Vision !

 

C’est pour que dans le monde de demain l’Europe puisse encore faire entendre sa voix et faire vivre une très ancienne idée de la civilisation à laquelle elle tient par-dessus tout que la France se bat.

C’est pour que dans le monde de demain chacun, en se développant, contribue au développement des autres au lieu que chacun cherche à se développer au détriment des autres que la France se bat.

 

Jaurès for ever !

 

C’est pour que dans le monde de demain la coopération prévale sur la confrontation que la France se bat.

C’est pour que dans le monde de demain ses valeurs, son mode de vie, sa culture ne soient pas condamnées à disparaître que la France se bat.

C’est pour que les Français ne voient pas s’évanouir tout ce qu’à force de travail, d’intelligence, de générosité, ils ont construit de grand, de beau que la France se bat, qu’elle se bat à l’intérieur et à l’extérieur.

 

Ayé, je vous ai tiré une larme ? Comment ça pas encore ?

 

Ce combat, la France le mène sans arrogance,

 

L’arrogance, ce n’est pas mon truc.

 

mais sans relâche, avec la conviction qu’au plus fort de la pire des crises économiques qui n’ait jamais menacé le monde depuis trois quarts de siècle, il porte une espérance qui ne doit pas s’éteindre.

 

Vive la République. Vive la France.

 

Vive moi !

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