La haine en bandoulière

Elle remplace les idées, tue les débats, déshumanise

La venue en France de Greta Thunberg a fait exploser en vol bon nombre de figures du landerneau médiatique. Ou peut-être a-t-elle seulement servi de révélateur.

La démocratie, en tout cas chez les Athéniens, c'était la prise de parole, le débat, la discussion. Les idées s'affrontent. L'éloquence fait ou défait les projets. Dans le nouveau monde, visiblement, on porte sa haine en bandoulière. On l'affiche, elle supplante la réflexion, évidemment, mais surtout, prenant la forme d'insulte et d'attaques, elle remplace la discussion, le débat d'idées. Les récentes manifestations d'encoprésie verbale sur les réseaux sociaux, à propos de la venue en France de Greta Thunberg traduisent l'esprit de l'époque.

Il ne s'agit pas de débattre pour savoir si Greta Thunberg apporte quelque chose ou pas au débat sur le réchauffement climatique. Si ce qu'elle dit est pertinent ou pas. Il s'agit de l'attaquer sur son physique, son âge, une supposée maladie mentale, on en passe tant les attaques sont basses et haineuses.

Comment en arrive-t-on a attaquer aussi violemment une enfant de seize ans ? Mystère.

Laurent Alexandre, le gourou auto-proclamé, puis proclamé par la presse, de l'intelligence artificielle, a ainsi osé :

Je suis pas jaloux de @GretaThunberg ! J’aimerais pas avoir des TOC graves, une dépression infantile, un mutisme sélectif, un Asperger avec monoideation et des troubles alimentaires graves me conduisant à être minuscule! Je respecte l’enfant malade mais regrette sa manipulation.

Et bien entendu, il ajoute une inversion des rôles pour se dédouaner de ses attaques haineuses : « Je rappelle que ce sont les parents de @GretaThunberg qui ont révélé son dossier psychiatrique (pas moi). Et je pense que cela devrait être un délit de révéler le dossier médical de son enfant mineur ! ». S'est-il seulement relu ? Il ne dit pas que Greta Thunberg a un syndrome d'Asperger. Il la disqualifie en raison de ce syndrome. Il est peu probable que les parents de Greta Thunberg évoquent son Asperger pour la rabaisser.

Onfray pas pire...

Encore une fois, il ne s'agit pas de savoir si Greta Thunberg est un personnage construit par la presse ou pas, qui a quelque chose à apporter ou pas à la lutte contre la destruction de la planète. Il s'agit dans l'esprit de Laurent Alexandre et d'autres, de déverser des paroles de haine, comme s'il était désormais impossible de confronter des idées, de les défendre, sans verser dans la violence des mots.

Et Laurent Alexandre n'est pas seul. Michel Onfray, également victime d'encoprésie verbale, a rapidement atteint des niveaux stratosphériques. Extraits :

Wikipedia donne plusieurs définitions de la haine. Et certaines collent assez bien avec la prose de Laurent Alexandre ou de Michel Onfray. Lorsque ce dernier écrit : « Quelle âme habite ce corps sans chair ? On a du mal à savoir », il nie l'existence de l'objet de sa haine (qui n'aurait ni corps, ni âme).

Pour la psychanalyste Marie-Claude Defores, citée par Wikipedia, « Il est important de distinguer l'agressivité, qui est une pulsion de vie, de la haine, qui est une force de dépersonnalisation… ».

Et le site de poursuivre : « il est possible de définir la haine comme la négation radicale d'une personne. Elle correspond à l'intention de détruire l'autre, en l'attaquant dans son être et son humanité. Un prétexte fréquent donné à la haine est d'accuser la partie adverse d'en être elle-même animée. En tant qu'accusation, elle est en ce sens un outil de manipulation des masses ».

Dans un autre registre, Xavier Gorce s'essaye à la sexualisation d'une gamine de 16 ans...

L'homo sapiens a visiblement un petit souci d'évolution...