La faim, peine sans fin des prisonniers à Madagascar
Plongée dans les prisons de l'île
Dans l'un des pays où l'on condamne encore à des travaux forcés, la situation des personnes détenues peine à émouvoir une population durement affectée par l'envolée du prix des produits de première nécessité et à mobiliser une classe politique entièrement tournée vers l'échéance présidentielle à venir. « L'enfer carcéral » malgache ne cesse pourtant de s'aggraver. Et la faim, une des souffrances les plus insidieuses infligées aux prisonniers, de s'amplifier.
À Antsirabe en ce mois de janvier, l'air du soir est frais. Il fait bon flâner le long des larges ruelles de cette ville moyenne de Madagascar, la troisième en taille, située à 170 kilomètres au sud de la capitale Antananarivo. Ici, le temps semble s'être arrêté. L’hôtel des Thermes ne propose plus de cures depuis longtemps. De l'autre côté de la large Avenue de l'indépendance, la gare n'accueille plus de voyageurs depuis des décennies. Un ensemble de bâtiments datant de l'époque coloniale n'a en revanche jamais fermé ses portes. A lui seul, il illustre tristement le système concentrationnaire dans lequel sont plongés des milliers de personnes incarcérées à Madagascar.
Construite pour accueillir 248 détenus, la prison de la ville, délabrée et insalubre, en accueille près de 1.300. Les conditions de vie y sont effroyables, la détresse partout perceptible. Les prisonniers occupent chacun des mètres carrés disponibles. Dans les cellules sombres et crasseuses de quelques dizaines de mètres carrés s'entassent plusieurs centaines de personnes, enfermées pendant plus de douze heures par jour. Pour faire ses besoins, un seul WC par cellule. On dort serrés les uns aux autres à même le bois, ou pour les derniers arrivés et les miséreux, ceux-là même qui sont parfois contraints de fournir des prestations sexuelles pour survivre, le ciment à même le sol. A l'extérieur, pendant que certains s’affairent à cuisiner du manioc sec, d'autres détenus «...