L'ONU a déclaré officiellement que Gaza souffrait de la famine
Le rôle d'Israël est déterminant et le silence de la communauté internationale, inconcevable
Dans la bande de Gaza, la recherche de nourriture devient une priorité qui occupe une grande partie des journées. Israël, de son côté, militarise la maigre distribution et tire sur les Palestiniens qui s'y rendent. Que fait la communauté internationale ? Où sont les sanctions ?

Le gouvernement israélien a imposé une politique de famine systématique en assiégeant la population civile dans la bande de Gaza et en empêchant l’entrée de milliers de camions de nourriture et d’aide. Ce choix délibéré a provoqué une catastrophe humanitaire qui menace la vie de plus de 2,3 millions de personnes, dont plus d’un million d’enfants qui sont sur le point de mourir de faim. La situation sur place est désespérée. « J’essaye de me réconforter en étant généralement aussi optimiste que possible », explique un habitant de la bande de Gaza. « Mais ce n’est plus possible. On compte les jours. Chaque nuit, quand on s’endort, on sait que l’on a passé une journée, mais on ne sait pas si l’on survivra à la prochaine », poursuit-il. En raison du blocus imposé par Israël, la recherche de nourriture occupe une grande partie des journées.
« On passe beaucoup de temps à rechercher de quoi manger. Et quand on en trouve, il faut faire des économies. Vous savez que vous en avez pour aujourd’hui. Mais demain ? Il faut en garder un peu au cas où », témoigne un autre habitant. Du coup, on ne mange évidemment pas à notre faim », explique-t-il.
Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), soutenu par les Nations Unies, a confirmé qu'environ 500.000 palestiniens à Gaza vivent dans des conditions « catastrophiques », et que ce nombre pourrait atteindre 641.000 fin septembre.
L’état de la bande de Gaza est clair et il est décrit par les instances internationales. Le secrétaire général adjoint de l’ONU aux Affaires humanitaires, Tom Fletcher, a ainsi considéré ce qui se passait comme « une famine qui aurait pu être évitée », accusant Israël d’entraver l’entrée de l’aide qui « s’accumule à la frontière ».
Pour sa part, la Directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell, a déclaré que « les signes étaient clairs : des enfants si faibles qu'ils ne pouvaient ni pleurer ni manger, et des nourrissons mourant de faim. »
Le Programme alimentaire mondial, par la voix de son directeur de l'analyse de la sécurité alimentaire, Jan-Martin Bauer, a quant à lui indiqué que la classification adoptée « est la référence en matière d'évaluation des catastrophes alimentaires ».
En tant que Palestinien de Gaza, je pense que cette annonce tardive intervient après des mois d’avertissements répétés et de rapports de terrain qui dressent un sombre tableau de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, après que les taux de faim et de mortalité ont atteint des niveaux catastrophiques sans précédent dans l’histoire moderne.
La déclaration comporte également de profondes dimensions politiques et juridiques, car elle représente une condamnation implicite du comportement de l’occupation israélienne, responsable du blocus de la nourriture et des médicaments pour la bande de Gaza.
Cela met la communauté internationale devant un nouveau test quant à son engagement envers les principes du droit international humanitaire.
D'autre part, je crois que cette déclaration officielle des Nations Unies selon laquelle la bande de Gaza est une région de famine catastrophique, est une confirmation de l’étendue du crime méthodologique commis par l’occupation israélienne contre les civils palestiniens dans le cadre de sa politique de guerre génocidaire.
Le fait que plus d’un demi-million de palestiniens risquent de mourir de faim et que 30 % des enfants palestiniens de la bande de Gaza souffrent de malnutrition aiguë révèle l’horreur du blocus et la privation méthodologique de nourriture, de médicaments et de carburant, ainsi que l’utilisation continue de la famine comme arme de génocide par le gouvernement israélien.
Celui-ci continue de fermer les passages, de détruire les systèmes alimentaires et les sources d’eau et d’empêcher l’arrivée de l’aide humanitaire. En outre, il militarise l’aide et attaque les civils à ses points de distribution.
Tous ces comportements et pratiques ont créé une réalité humanitaire tragique et catastrophique qui a fait souffrir tous les habitants de la bande de Gaza à des degrés divers de famine et de privation.
Jusqu’à présent la famine a causé la mort de 411 Palestiniens, dont 142 enfants selon les dernières données du ministère de la Santé de Gaza.
Sans oublier que selon des données internationales, il existe plus de 55.000 femmes enceintes dans le territoire qui souffrent d’une forte détérioration de leur santé en raison de la disponibilité limitée d’aliments adéquats et nutritifs. Ce qui affecte négativement au développement des fœtus et augmente les risques d’accouchement prématuré et de malformations congénitales.
Par ailleurs, le manque de matériel médical pour les accouchements et de soins de santé de base accroît les défis auxquels sont confrontées les femmes enceintes dans la bande de Gaza assiégée.
La question qui vient à l’esprit devant cette réalité, décrire par l’ONU elle-même est la suivante : quand la communauté internationale, les Nations Unies et les pays qui ont signé les Conventions de Genève et la Convention sur l'interdiction de génocide forceront-ils Israël à ouvrir tous les points de passage sans restriction ni chantage et feront venir de la nourriture, des médicaments, du carburant et des équipes médicales pour sauver la vie des enfants, des femmes et des malades ?
En d’autres termes, combien de civils, enfants, femmes, nourrissons et personnes âgées, Palestiniens de la bande de Gaza doivent mourir, victimes de cette famine avant que la communauté internationale n'intervienne et mette fin à cette honte pour l'humanité ?
Making of :
Islam Idhair était le correspondant de Reflets à Gaza. Fin 2023, sa maison a été la cible d'un bombardement israélien. Lui et sa femme ont perdu leurs 4 enfants. Islam et Heba ont finalement pu quitter Gaza et rejoindre la France. Mais leurs familles sont toujours plongés dans l'enfer de la guerre. Vous pouvez les soutenir ici.