L'éducation nationale veut « Acculturer les jeunes à la défense »
L’école terrain de militarisation de la société
Après le discours va-t-en-guerre d'Emmanuel Macron le 27 novembre, voici « Acculturer les jeunes à la défense », un guide circulant depuis quelques semaines dans nos écoles. Présenté comme un outil pédagogique, il s’agit d’un document stratégique, pensé pour multiplier les points de contact entre les élèves et les institutions militaires et installer l’armée dans le paysage éducatif. Derrière le vocabulaire rassurant, se dessine une véritable entreprise de militarisation de la société.
Dans un discours au ton militariste, voire chauvin, le 27 novembre 2025, Emmanuel Macron a annoncé une réforme du service national avec la création, en 2026, d’un service militaire volontaire. Dix mois d’engagement « pour la patrie », car, selon le chef de l’État, d’un côté « les jeunes ont soif d’engagement » et, de l’autre, nous rappelle le général Mandon, nous devons « accepter de perdre nos enfants ». L’objectif final de cette mobilisation, qui rappelle évidemment les discours des acteurs des régimes autoritaires, est, pour Macron, d’atteindre une mobilisation de 50.000 jeunes d’ici 2035. Une mesure censée répondre aux besoins des armées face à la menace russe et aux nouveaux risques de guerre.
Les débats sur les chaînes d’information en continu n’ont pas manqué. La menace russe s’est imposée comme la principale justification avancée pour défendre l’idée d’insuffler aux jeunes une idéologie de guerre. Une guerre qu’il faudrait certes garder à l’esprit, puisqu’elle pourrait advenir, mais qui se déroulerait, si elle survenait, à 5 840 km de Paris (à vol d’oiseau), soit la distance séparant la capitale française de la frontière russe.
Petite nuance absente de la rhétorique et de la sémantique largement employées par les acteurs de la défense : la France ne serait, très probablement, jamais engagée dans une guerre ouverte avec la Russie. Elle ne deviendrait belligérante qu’au titre de l’OTAN ou pour soutenir un autre pays, comme elle le fait pour l’Ukraine, si, vers 2030,...