L’avenir du mouvement des Gilets Jaunes se joue dans les prochaines semaines
Les 17 novembre et 5 décembre seront deux dates cruciales
La date anniversaire des premières actions des Gilets Jaunes et la date retenue pour la grève générale sont des points pivots pour le mouvement qui compte bien se rappeler au bon souvenir du gouvernement.
Les participants de l’Assemblée des assemblées des Gilets Jaunes qui vient de s’achever à Montpellier le savent : les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir du mouvement. Ils viennent de lancer un appel à rejoindre l’appel à la grève générale reconductible du 5 décembre. « Macron nous offre deux énormes opportunités de redynamiser notre mouvement : la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage, lance un participant. Sans compter toutes les mouvements sociaux en cours dans la santé et l’éducation nationale. » « Le premier anniversaire de notre mouvement le 16 novembre et l’appel à la grève générale lancé par plusieurs syndicats sont deux opportunités pour mobiliser massivement, estime Christelle, Gilet Jaune de la région nantaise. Les syndicats ont la logistique, nous on a les couilles (sic). Au départ, on s’est rejeté mutuellement avec les syndicats, mais on a dépassé ça. On les a épaté en tant le mouvement depuis un an. » Un projet d’appel a rejoindre la grève du 5 décembre circule. Il sera débattu et adopté en séance plénière peu après. « L’heure est à la convergence avec le monde du travail et son maillage de milliers de syndicalistes qui, comme nous, n’acceptent pas. L’Assemblée des assemblées de Montpellier appelle les Gilets jaunes à être au cœur de ce mouvement, avec leurs propres revendications et aspirations, sur leurs lieux de travail ou sur leurs ronds-points, avec leurs gilets bien visibles ! », est-il écrit dans cet appel. « Nous devons en amont aider à structurer des assemblées générales pour que la grève du 5 décembre soit reconduite et ne soit pas qu’une simple journée de mobilisation », déclare un participant à l’assemblée. Les GJ espèrent aussi que les grévistes du 5 décembre les rejoindront le samedi 16 novembre, date du premier anniversaire de leur mouvement. Ils promettent de nombreuses surprises pour cette date emblématique, mais ces discussions sensibles se sont tenues en l’absence des médias.
De l’avis général des participants, l’Assemblée des assemblées de Montpellier a été un succès. Laure, assistante d’éducation scolaire pour des enfants handicapés, venue de l’Aude, est très heureuse de cette première expérience de rencontre nationale. « Le mouvement se structure bien. C’est une expérience exceptionnelle. On met une colonne vertébrale à un corps. Et bientôt, ce corps sera champion de rugby ! On a donné et on a pris de bonnes idées. J’espère que ça va nous rebooster. Un grand bravo aux organisateurs. »
« J’ai senti une intelligence collective qui nous dépassait, qui s’emparait de notre assemblée, raconte Françoise, du groupe Convergence 34. C’est une énergie qui me porte, qui me donne de l’espoir. Il y a un lien qui dépasse nos différences. » « J’étais venue chercher des contacts, des exemples d’actions, partager sur nos expériences. Je l’ai trouvé dans nos discussions informelles, déclare Pascale, une Gilet Jaune du rond-point de Crolle (Isère). _Nous sommes une terre de Résistance, avec le Vercors, Belledonne… On essaie nous aussi d’entrer dans l’Histoire. »
Un mouvement horizontal
La séance plénière du dimanche matin a montré que les Gilets Jaunes sont devenus pour beaucoup anticapitalistes. « Une évolution s’est faite, constate un participant qui était présent à la toute première assemblée à Commercy (Meuse). Beaucoup ont découvert que notre système touchait à sa fin en raison de l’accroissement des inégalités, du partage de la richesse de la crise écologique. Cela ne veut pas dire que cette assemblée dit tout le mouvement des Gilets Jaunes. Il est beaucoup est plus divers. Cette assemblée de 450 personne doit représenter entre 10 et 15.000 personnes. Or nous sommes heureusement beaucoup plus nombreux. L’Assemblée des assemblée est là pour faciliter le mouvement qui reste d’abord horizontal. »
« C’est fluide ici, ça change de l’assemblée de Montceaux-les-mines (Saône-et-Loire) qui était cadenassée, bureaucratique. On a réussi a faire un vote consultatif sur des appels intéressants. On a bien conscience qu’on ne représente pas tous les Gilets Jaunes, mais c’est représentatif et ça donne des perspectives aux groupes locaux. »
Cette Assemblée des assemblées semble aller dans le sens d’une structuration du mouvement dans la durée. Signe de cette motivation, deux groupes se sont proposés pour les prochaines assemblées. La cinquième devrait se tenir à Toulouse et la suivante pourrait être en région parisienne. Les Gilets Jaunes réussiront-t-il a rassembler largement dans les semaines à venir ? Là est la grande interrogation. Et beaucoup savent bien que le découragement pourrait gagner s’il n’y a pas une nouvelle dynamique, même si ces 51 semaines de manifestations sont déjà exceptionnelles dans l’histoire du mouvement social français.