L'autonomie de la police judiciaire menacée
Des commissaires craignent l'intervention des préfets dans leurs enquêtes
Le ministre de l'Intérieur prépare une départementalisation de la police. Une organisation qui menace l'efficacité et l'autonomie de la police judiciaire. Des commissaires s'inquiètent de l'ingérence de l’État dans des affaires politico-financières.
Ce sont quelques mots, passés inaperçus dans une table ronde consacrée au management dans la police du Beauvau de la sécurité, qui ont réveillé les craintes d’officiers de la Police Judiciaire. Dans cet échange sans grand intérêt entre Claude Onesta, l’entraîneur de l’équipe de France de Handball venu en guest star, le directeur général de la police nationale, Frédéric Beau, et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ce dernier lâche l’air de rien: «S’il y a un patron par département de la police, les élus savent à qui ils parlent, les préfets savent à qui ils parlent.(…) Il faut que l’expérience, après le Pas-de-Calais, la Savoie et les Pyrénées-Orientales, puisse être généralisé à l’été, qu’il y ait des DDPN (Directeur départemental de la police nationale, NDLR) partout, pour éviter ces tuyaux d’orgue sur le terrain. Après, qu’il y ait nationalement des filières métiers, du moment que ça reste sous l’autorité du DGPN (Directeur général de la police nationale, NDLR), je n’y vois pas beaucoup d’inconvénients.» (vidéo intégrale ici)
Les conséquences sont pourtant importantes. L’objectif est d’arriver à un schéma de la sécurité intérieure : préfet, directeur départemental de la police, maire, comme le présente le Livre Blanc 2020 de la sécurité intérieure. Un des objectifs affichés est de «mener à bien la réforme profonde et nécessaire de la gouvernance de la Police nationale».
«L’application des principes de décloisonnement et de déconcentration prend tout son sens...