Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Yovan Menkevick

Krach chinois, récession, réfugiés, propagandes et verrouillage mondial

Le monde est parvenu à une charnière importante. Les systèmes économiques et politiques en place se craquèlent de toutes parts, avec une rapidité jusque là inconnue, sous le regard des dirigeants des grandes puissances… plus ou moins impuissants. Petite balade dans le grand chaos de "fin de civilisation capitaliste" en cours. Chine : ça ne tiendra pas Le plus grand pays stalinien du monde a joué…

Le monde est parvenu à une charnière importante. Les systèmes économiques et politiques en place se craquèlent de toutes parts, avec une rapidité jusque là inconnue, sous le regard des dirigeants des grandes puissances… plus ou moins impuissants. Petite balade dans le grand chaos de "fin de civilisation capitaliste" en cours.

Chine : ça ne tiendra pas

Le plus grand pays stalinien du monde a joué… et perdu au casino boursier, en laissant près de 100 millions de petits porteurs tenter leur chance pour payer, qui ses retraites, qui sa sécurité sociale. La bulle boursière et immobilière générée avec l'aide du shadow banking qui finance 50% de la richesse du pays, est l'une des plus grosses que la planète capitaliste n'ait jamais vu.

Le shadow banking est alimenté par l'épargne, un trait saillant de l'économie chinoise. A plus de 50% du PIB, le stock d'épargne brute de la Chine est parmi les plus élevés du monde (source : bsi-economics.org)

Il ya 20% de logements construits inhabités en Chine, comme dans d'autres pays d'Asie du sud-est, et une pyramide de Ponzi géante en train de s'effondrer. L'économie chinoise réelle a ralenti, le monde entier commence à en ressentir les effets. Un pays qui contribue de 25% à la part de croissance de la planète et représente 15% de la production mondiale a tendance a créer des troubles économiques globaux lorsqu'il s'affaisse, surtout quand son système financier est parfaitement opaque et vérolé. La Chine va retrouver un rythme de croissance qui correspond à sa réalité sociale, économique, politique : faible, instable. La consommation intérieure chinoise est de 35%, ce qui dans le cadre de l'économie de marché, oblige aux exportations. Et les exportations chutent. Il n'y aura pas assez de demande intérieure pour compenser les pertes…

Toute l'inquiétude de la planète capitaliste réside en deux mots : le soutien et la confiance. Si le gouvernement Chinois arrête d'acheter de la dette américaine, perd la confiance des investisseurs de toutes sortes, le risque d'un effet de cascade est plus que réel. Il est probable que l'économie chinoise ne tiendra pas ses promesses. Les grandes puissances, Etats-Unis en tête, vont se retrouver très ennuyées : qui donc va acheter leur dette, et booster leur croissance en investissant chez elles ?

Un système infini, pour un monde fini

Le Brésil est en récession, et c'est un grand émergent— qui lui aussi tirait vers le haut la croissance capitaliste — qui flanche. Les effets de ce début de déprime mondiale ne sont pas encore parfaitement visibles, mais ne vont pas tarder à se faire fortement sentir. Tout le problème de la mondialisation — ou globalisation économique — est concentré dans la période actuelle : les économies sont intriquées et la finance, plus volatile que jamais, fuit de places boursières en places boursières, de plus-values sur les cours de change, en investissements refuges. Ce système est en train de s'asphyxier par lui-même, puisqu'il nécessite, pour perdurer et se maintenir, de pouvoir toujours aller vers : de nouveaux marchés, de nouveaux investissements, de nouveaux territoires, de nouveaux produits financiers, de nouvelles croissances. Pas de chance, la planète a une taille finie, et l'argent qui circule est majoritairement fabriqué par des banques centrales qui ne savent plus comment faire pour en créer plus et en prêter plus à des banques qui ne savent plus où donner de la tête sur les marchés financiers. Parce que dans le monde réel, on sent bien que la fête est un peu finie…

Endettement privé en Chine : sans commentaires…

Rendre le monde instable a un coût humain

Les médias français sont entièrement focalisés sur la "crise des migrants", devenus en quelques jours, des réfugiés. Ils l'étaient depuis le début, des réfugiés, mais personne n'avait vraiment envie de le dire. Tant il est vrai qu'il est plus facile de pointer du doigt des pseudo-envahisseurs du Sud, que de se questionner sur la réalité des ces hommes, ces femmes et ces enfants qui n'ont d'autre choix que de fuir leurs terre natales devenues invivables par la faute des politiques des grandes nations, celles-là mêmes qui les stigmatisent.

L'instabilité en Irak n'est pas le fruit du groupe djihadiste "Etat islamique". l'EI n'est que la conséquence d'une politique occidentale désastreuse, débutée en 2003.

Réfugiés syriens passant la frontière pour entrer au Kurdistan irakien. (Archives : REUTERS/Azad Lashkari)

La Syrie, dont Assad, grand ami de la France, a été cernée par des troupes sunnites financées par d'autres grands amis de la France : l'Arabie Saoudite et le Qatar. Ce massacre syrien, tant du côté des rebelles que des troupes gouvernementales était prévisible et évident : les grandes puissances occidentales ont détourné la tête. Appuyé certains protagonistes ? 5 ans plus tard, le monde riche du Nord s'inquiète de voir arriver des gens qui ont tout perdu, par la faute des gouvernements de ce même monde riche du Nord.

Près de 70 000 Nigériens ont fui la Libye pour retourner au Niger début 2011 suite aux bombardements occidentaux

Une partie de la planète est grandement instable, avec la France, superbe donneuse de leçons, en tête des pays ayant provoqué l'instabilité. Le bombardement de la Libye et le chaos qu'il a engendré ne semble pas avoir servi de repoussoir à ces politiques militaires terrifiantes : Hollande réitère en Syrie. Bombarder des innocents forcés de vivre au milieu des djihadistes du groupe EI a un coût humain, mais le président français ne semble pas s'en préoccuper. Ne serait-ce pas le coût politique pour sa propre personne qui serait en jeu, plutôt que la mort de milliers d'innocents ?

Surtout, croyez-bien ce qui est raconté

Dans une rédaction de télévision, le but est de parler du monde, mais sans développer, juste en surface. Montrer des choses, rapidement. En rafales. Si c'est un sujet inquiétant, il faut mettre des images inquiétantes, des commentaires inquiétants. Le montage est important. L'ambiance. C'est une sorte de film court, de 1'30 à 3' au maximum et qui est censé présenter un sujet d'actualité au téléspectateur. Lui présenter, pas lui permettre de comprendre ou de se poser des questions.

Ce système médiatique n'est rien d'autre qu'une forme évoluée de propagande, avec un public désormais tellement habitué à celui-ci, qu'il en est parfaitement inconscient et se pose désormais en analyste. Les Français appellent les chaînes pour donner leur avis, émettre leur opinion sur les réfugiés, alors qu'ils ne savent — pour la plupart — à peu près rien du sujet. Sachant que le problème actuel n'est pas de savoir s'il faut ou non accueillir les réfugiés, mais comment faire pour que le chaos engendré en Libye, en Irak, (et par ricochet en Syrie) par nos propres gouvernements, soit stoppé. Les réfugiés, il n'y a même pas à discuter sur leur accueil : c'est une évidence. Enfin, pour des êtres humains normalement constitués, qui refusent de subir la propagande, et qui ont une conscience correcte de l'histoire…

Le grand verrouillage : phase finale du processus

La Russie de Poutine est un bon exemple de processus de verrouillage politique global. A l'échelle d'un pays, avant tout. Les Russes soutiennent Poutine, dit-on. Pourquoi ne pas soutenir, plus à l'Ouest, des assassins d'Etat, censés protéger les populations de grands fléaux déclarés ? Obama, Cameron, Hollande, Merkel : ces chefs d'Etats ont tous du sang sur les mains et travaillent dans le même sens : verrouiller le système actuel. Le principe du verrouillage est de parvenir à empêcher des systèmes politiques, économiques "jeunes" de parvenir à changer les règles en cours,  excessivement favorables au club du G8. Pour résumer : les anciennes colonies des pays impériaux doivent être maintenues comme de vulgaires vassaux économiques permettant aux pays industrialisés issus de la révolution industrielle débutée au 18ème siècle de continuer à dominer la planète.

Haute technologie, énergie, économie, déstabilisation militaire sont les clés du verrouillage global. La surveillance, poussée à l'extrême, les règles internationales contraignantes (crédits carbone, engagements sur la réduction de CO2, traités commerciaux TTIP (Traité transatlantique), TTP (Traité transatlantique), TISA (Traité mondial sur les services), ventes d'armes, interventions militaires, corruption d'Etat) doublées de méthodes déjà éprouvées, devraient permettre aux "verrouilleurs" de préserver le système en cours.

Ne restent que les populations, devenues réfractaires au fonctionnement politique en place. La propagation de la peur, doublée d'une capacité à restreindre les libertés individuelles sous prétexte de lutte contre des ennemis intérieurs ou extérieurs vont certainement  finaliser le processus. Un processus soutenu politiquement par le maintien (et l'entretien) des parti nationalistes xénophobes, repoussoir électoral des plus pratiques, pour maintenir en place ceux-là mêmes qui les dénoncent.

La seule inconnue reste l'écroulement systémique de la finance/banques : l'hyper-capitalisme est en mauvais état et les cartouches pour le redresser globalement, semblent limitées. A moins que de nouvelles ruses issues du monde des 1% ne parviennent à maintenir l'ensemble, au détriment du plus grand nombre ?

Pour conclure, un extrait d'article de Pierre Sarton du Jonchay, du blog de Paul Jorion :

La contraction de la base économique réelle par rapport à la masse financière de crédit et de monnaie est à l’origine de la dépréciation relative des actifs réels par rapport à leur prix nominal financier. Les banques centrales n’ont pas d’autre moyen pour masquer la bulle des subprimes immobiliers qui n’a jamais été vraiment résorbée, que de créer une hyper-bulle mondiale sur la réalité de la croissance économique. Grâce aux politiques de facilitation monétaire, la croissance serait demeurée forte et solide malgré la montée du chômage, la stagnation des salaires de ceux qui ont conservé un emploi, les déficits publics et les dettes latentes, que les réformes comptables postérieures au krach de 2008 n’obligent plus à enregistrer dans les bilans financiers.

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