Justice : la colère historique des magistrats
#JusticeMalade, un hashtag pour des manifestations le 15 décembre 2021
Fatigués, dépités, les magistrats, rejoints par les greffiers et les avocats, ont dit leur colère ce 15 décembre. Colère de voir la Justice manquer de moyens, colère d'anticiper un effondrement contre lequel l'exécutif ne fait rien, comme pour l'hôpital public ou l'éducation...
Ce n'est plus ta cité va craquer, c'est ton État va craquer. Après l'hôpital public, après les profs, c'est au tour des magistrats de crier leur colère. Ils sont un peu plus de 8.000 en France à gérer des millions d'affaires. Le manque de moyens humains, les palais de justice délabrés, les imprimantes sans encre, tout fait défaut. Pas simplement pour travailler plus sereinement, mais pour rendre la « justice dignement », selon les mots de Lucille Rouet, juge aux enfants et secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, croisée devant Bercy ce mercredi. Il y a chez tous les magistrats interrogés un sens du devoir et du rôle sociétal de leur fonction. Chacun insiste sur l'importance de mettre en place des moyens qui permettent aux usagers de la Justice d'être correctement pris en charge.
« On ne roule pour personne, on roule pour les justiciables », expliquait dans un mégaphone un juge, devant Bercy. Certains slogans sur les pancartes traduisaient cette volonté de fournir un service digne de ce nom aux Français. Comment juger et être jugé correctement à une heure avancée de la nuit, interrogeait l'un des panneaux.
« C'est un mouvement historique, explique Lucille Rouet, il y a un consensus entre magistrats, greffiers, avocats, tout le monde se retrouve sur un constat, une souffrance au travail qui s'est manifestée par la tribune publiée dans Le Monde : ce n'est plus tenable. Si l'on ajoutait 50 magistrats par an, il...