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par Yovan Menkevick

Indignés of the world : pas de bras, pas de chocolat…

(ou comment on ne peut avoir le trader, l'argent du trader et la gonzesse du trader) Si l'on parle de révolution, qu'elle soit globale ou non, il y a des constantes dont on ne peut s'émanciper. C'est pourquoi les révolutions arabes ne sont pas des révolutions en tant que telles (et ne le seront probablement jamais) : rien ne permet d'affirmer aujourd'hui que l'insurrection des peuples tunisiens, égyptien ou libyens aura permis de parvenir à une "véritable révolution".

(ou comment on ne peut avoir le trader, l'argent du trader et la gonzesse du trader)

Si l'on parle de révolution, qu'elle soit globale ou non, il y a des constantes dont on ne peut s'émanciper. C'est pourquoi les révolutions arabes ne sont pas des révolutions en tant que telles (et ne le seront probablement jamais) : rien ne permet d'affirmer aujourd'hui que l'insurrection des peuples tunisiens, égyptien ou libyens aura permis de parvenir à une "véritable révolution". Pour l'heure, deux despotes ont été obligés de quitter le pouvoir dans le cas de la Tunisie et de l'Egypte,et le troisième a été tué en Libye grâce à l'aide d'une coalition militaire occidentale auparavant cliente du même dictateur. Mais dans ces 3 cas de figure, de révolution, point. Ce qui ne réduit en rien le courage et la grande efficacité de ces peuples entrés en insurrection, particulièrement les deux premiers, puisqu'aucune puissance étrangère n'est venue les aider.

Une révolution, comment ça marche ?

Pour qu'il y ait révolution, il faut qu'il y ait changement radical de système politique. Pas simplement le départ d'un dirigeant aussi féroce et corrompu soit-il. Pas simplement l'amélioration ou la régulation d'un système parti à la dérive. La révolution française, pour prendre cet exemple, n'est pas au final la simple mise à bas d'un monarque pour en mettre un meilleur en place ou basculer de la monarchie absolue à la monarchie parlementaire. Non, la révolution française, malgré trois monarchies constitutionnelles, deux républiques et deux empires, avant d'aboutir à une république stable et durable, a été dès le départ une volonté d'abattre un système jugé devenu insupportable par la population pour le remplacer par un autre, plus équitable. C'est cet aspect de changement complet de valeurs, de repères, contenus dans des revendications politiques, revendications portées par des leaders d'opinion qui font qu'une révolution en est une. Et surtout qu'une révolution peut advenir, c'est-à-dire permettre le passage d'un système, obligatoirement politique, à un autre.

Les indignés ne sont pas des révolutionnaires (jusqu'alors)

Alors, qu'en est-il des indignés (largement occidentaux) promoteurs de la "global révolution" et occupant les places (boursières entre autres) ? La revendication principale des indignés n'est pas révolutionnaire puisqu'elle ne comporte aucune demande pour changer le système politique en place : seulement réguler, redonner du pouvoir décisionnaire aux peuples, empêcher les abus, la corruption… Aucune théorie politique, ancienne ou nouvelle ne ressort du discours des indignés. Pas de leaders d'opinion prêts à en découdre avec les politiques en place, pas de penseurs d'un nouveau monde imaginé par les indignés, si ce n'est le monde actuel, le système politique en un peu moins pire, en mieux géré. Le principe de la démocratie moderne n'est pas contesté, juste "amélioré", le capitalisme n'est pas remis en cause, simplement critiqué dans ses excès actuels. Ce n'est pas une révolution que veulent activer les indignés, c'est une réforme. Le terme de "global politic reforming" serait donc plus approprié.

Comment muter vers une véritable révolution ou disparaître

L'indignation est une émotion, pas une théorie politique. Elle est souvent le ferment de départ des révolutions mais ne peut être le cœur de la pensée politique d'un mouvement révolutionnaire. S'indigner, le faire savoir, demander aux "maîtres" d'améliorer votre sort ne vous met pas en position de changer les choses mais vous met uniquement dans la position de "quémandeur de solutions". Et dans cette situation, le "maître" sait très bien comment faire pour vous obliger à capituler : il jouera sur le temps, avec l'essoufflement du mouvement, la répression (bien dosée), alliés à une manipulation médiatique démontrant l'inanité de vos actions basées sur une critique de vos revendications déclarées non-constructives et quelques miettes de gâteaux qu'il jettera en pâture pour apaiser tout ça. Le référendum grec (qui n'aura certainement pas lieu) en est une démonstration flagrante, même s'il peut donner l'apparence d'une reprise en main du pouvoir par la population, n'est en réalité qu'une piètre consolation et certainement pas une victoire de changement du système. Pour muter vers une véritable révolution il faut un "parti révolutionnaire mondial des indignés". Avec des propositions radicales de changements politiques, de nouveaux principes de gouvernance, de citoyenneté, de gestion économique. Le parti mondial des indignés devra présenter des hommes et des femmes à des élections et les gagner. Pour prendre les élites en place à leur propre jeu. S'il ne le fait pas, il sera alors obligé, à un moment, de passer par l'insurrection, avec la majorité des populations y participant, ce qui paraît improbable et potentiellement perdu d'avance. Ou bien il devra accepter de disparaître.

Rentrer en politique, pour un parti révolutionnaire, est possible, même pour changer les règles du jeu politique, refondre un système. Le seul point incontournable est qu'il ne peut remettre en cause les règles universelles des démocraties modernes, c'est-à-dire celles des droits de l'homme. A partir de cette base, tout est possible. Même un nouveau monde avec de nouvelles règles, plus humain, moins injuste, plus équitable : mais pour ça, il faut garder à l'esprit que "si pas de bras…pas de chocolat". La traduction pourrait être : "si pas d'engagement politique…pas de changement…politique".

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