« Il y a une victoire politique et culturelle de l'extrême droite »
Stéphane Gatignon, l'ancien maire de Sevran appelle à un sursaut de la gauche
Alors que la ministre de l'Enseignement supérieur veut faire la guerre à « l'islamo-gauchisme » à l'université, nous avons demandé à l'ancien maire de Sevran qui avait démissionné de son mandat pour protester contre l’insuffisance des politiques publiques en banlieue, comment il analysait les crispations et la crise que nous traversons.
La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s'obstine à vouloir demander une «enquête du CNRS» sur l’islamo-gauchisme dans l’université «afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme». Comment réagissez-vous?
Stéphane Gatignon : C’est un anathème qui empêche les chercheurs de travailler sereinement. Elle choisit de cliver pour empêcher les analyse de la crise que nous traversons. Le but des recherches en sciences-sociales est d’analyser la société telle qu’elle est. Point. Ceux qui tiennent l’appareil d’État aujourd’hui ont peu de formation politique. Mais ils ont le pouvoir...
Comment analysez-vous la crise que nous traversons?
Entre Paris et les banlieues, on est dans des mondes différents.
Géographiquement très proches, mais en fait très éloignés. J’ai habité à Sevran, maintenant je loge à Paris. Vu de Paris, c’est flagrant. Les déclassés sont aujourd’hui dans les banlieues et ils n’ont pas voix au chapitre dans la société. Le périphérique marque cette rupture.
Concernant la province, les habitants ne se sentent pas appartenir au même groupe social que les parisiens. Il y a un centre unique aujourd’hui: Paris. Le mouvement des Gilets Jaunes est parti d’une simple augmentation du prix du carburant. En province, pour les plus pauvres, l’essence représente une part importante du budget. Sans voiture, on ne peut rien faire.
Le monde du travail se reconstitue. Comme le statut des jeunes et des moins jeunes...