Halloween à Montpellier : fascistes et néonazis contre la culture
Et la police laisse faire
Alors que quelques médias d’extrême droite se mobilisent pour empêcher une soirée culturelle, et que les menaces de mort pleuvent, la police laisse fascistes et néonazis intimider l’organisation ainsi qu’inquiéter les personnes venues simplement profiter de la soirée.
Malgré une panique morale déclenchée par des catholiques intégristes, le festival Ex Tenebris Lux se déroule jusqu’au 5 novembre à Montpellier, et la soirée d’Halloween à la Maison des Chœurs, malgré les difficultés, a bien eu lieu le 31 octobre.
Une opération obscurantiste impulsée par le média d’extrême droite Frontières contre le prétendu « satanisme », est venue renforcer une pétition dénonçant une soi-disant « messe noire », ainsi qu’une vidéo des Servants du Christ dans laquelle un des membres du groupuscule accuse la mairie de financer un événement sataniste. La vidéo a dépassé le demi-million de vues, résultat : des menaces de mort adressées aux organisateurs de la soirée.

Malgré toutes les menaces, aucun périmètre de sécurité n’a été mis en place. La police a même laissé les fascistes les plus radicaux perturber la soirée jusqu’à 23 heures. Les militants catholiques intégristes avaient en effet réussi à mobiliser les nervis néonazis du Bloc Montpelliérain, les néofascistes de Jeunes d’Oc, mais aussi des militants de la Ligue du Midi.
Interrogées par Reflets, plusieurs personnes ont exprimé leur peur et leur inquiétude pour leur sécurité : « Je suis très inquiète, mais j’ai payé pour la soirée, donc j’essaye de profiter. », « Mais c’est pas possible, ils sont là, ça fait peur… ». D’autres, plus décontractées, se moquaient des ferventes prières des cathos.
Dans l’équipe de sécurité de l'événement, une femme, qui avait demandé aux militants fascistes de ne pas la prendre en photo, s’inquiète également du sort de ces images, qu’elle craint de voir circuler sur les réseaux d’extrême droite. Si prendre des photos n’est heureusement pas interdit, ce ne serait pas la première fois que des fascistes publient ce type d’images sur les réseaux sociaux pour exercer une pression.
Des militants néonazis identifiés sur place
Plusieurs militants du Bloc Montpelliérain, ayant participé à la marche néonazie du 10 mai à Paris, étaient présents sur place. Parmi les plus connus, et d’ailleurs parmi les porte-parole des néonazis du C9M, figuraient Charly et Louis D. (voir ci-dessous), ce dernier ayant agressé plusieurs journalistes le 27 janvier 2024. Une enquête de police est toujours en cours à ce sujet.

Rappelons que ce même groupuscule néonazi avait déjà attaqué plusieurs personnes lors de la Fête des fanfares en 2024. Le journal local Le Poing avait raconté les suites judicaires de cette attaque : « Le procès a eu lieu le 31 octobre et le délibéré est tombé ce jeudi 7 novembre. Ongwé L. G., membre du Bloc Montpelliérain, groupuscule nationaliste-révolutionnaire, a été condamné à dix mois de prison avec sursis et à une interdiction de port d’arme pendant trois ans, après l’agression d’un syndicaliste à la Fête des fanfares en juin dernier. » Ongwé L. G. a fait appel.

Plus récemment, le 30 mai, lors d’une attaque préméditée et concertée, des militants du Bloc Montpelliérain ont blessé une vingtaine de personnes pendant une soirée organisée dans un bar communiste à Alès.
Dans la soirée d’Halloween à la Maison des Chœurs, plusieurs sources confirment la présence de militants d’extrême droite du groupe Jeunes d’Oc, déjà impliqués dans des agressions lors de la manifestation des agriculteurs en janvier 2024. Leur chef, Tristan V., anti-musulman viscéral, a été poursuivi en justice et a également participé à une manifestation fasciste le 18 septembre 2025 à Montpellier, qui s’est terminée par la suite par des violences dans le quartier des Beaux Arts.
Au-delà de la panique morale fasciste, une belle soirée
Au-delà de la haine, il y avait de la joie et la fête était belle. Couleurs sombres, magie infernale, parfois médiévale, gothique, avec un continuum de performances, de concerts, de feu… dans une chapelle mortellement belle.

C’est déjà la troisième année que les « cultures sombres en lieux insolites et mythiques » investissent des sites historiques, églises, opéras, friches, cryptes donc l’ancienne chapelle de Saint-Charles.

Pour Muriel Palacio, fondatrice du festival « Les réactions des militants d’extrême droite ne sont pas vraiment une surprise. Dès qu’on a vu la vidéo des Servants du Christ, mise à part la question absurde du "satanisme", on a compris que cela avait permis à ces gens-là de lancer un débat sur la politique sécuritaire à Montpellier. On voit bien que la période des élections approche… ».