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par shaman

G7 : Sous la chape de plomb

Glacis policier, dissensions militantes et psyop au Pays Basque

Pour Macron, ce G7 était le test de rentrée. Une tribune internationale pour prouver que le mouvement social était bel et bien achevé. L'état "en marche" avait jeté toute ses ressources dans la bataille, pas question que se reproduisent les événements de Hambourg.

Voilà les choses telles qu'elles devaient se passer - G20 à Hambourg en 2017 - barfi.ch

Le dernier coup d’œil à Twitter avant de partir pose le décor. Le mouvement anarchiste Indar Beltza a annoncé sa sortie de la plateforme G7 EZ dénonçant un événement minutieusement organisé par l'Etat. Un compromis "pacifique", dont la plateforme se voit imposé la responsabilité par les autorités. Un compromis qui élude "les paramètres de dangerosité de l’événement dû au déploiement extraordinaire des forces de répressions de l’État sur le territoire basque". Une zone d’exclusion s’étend de Dax jusqu’aux Pyrénées. Tous les campings loués le sont par l'état du 15 août au 15 septembre. Bayonne mise sous cloche, des caméras haute définition récemment installées sur tout le territoire. Des bases militaires sur les hauteurs et des réseaux de téléphonie mise sous "étouffoir". Quelque 700 places dans le centre de rétention à Hendaye. Un lieu du contre-sommet complètement enclavé dans le dispositif. Sur Waze des képis apparaissent sur toutes les routes de la région. Le ton est donné. Mais curieusement, on ne nous mettra pas de bâtons dans les roues pour rejoindre le camp.

Se rendre du camping au lieu où se tiennent les conférences n'est pas chose aisée. D'abord 20 minutes de marche. Puis 20 longues minutes de bus jusqu'au centre ville. Et 15 minutes supplémentaires pour rejoindre Irun, coté espagnol. Les conférences sont pleines. A la tribune, Aurélie Trouvé d'ATTAC, qui se trouve aussi sur le camp. Philippe Martinez de la CGT, que certains ont prévu de venir chahuter. Jean François Julliard de Greenpeace, Éric Beynel d'Union syndicale Solidaires et Garbiñe Aranburu (LAB) complètent le tableau. Ils sont venus débattre du slogan "Fin du monde, fin du mois, même combat". Et ils sont tous d'accord. Greenpeace bosse sur un agenda d'actions à caractère écologique et sociale. Martinez voit des ponts. Aurélie Trouvé se félicite de la diversité des mouvements dans la plateforme du Contre-G7. On se réjouit de l'émergence de deux nouveaux mouvements contestataires: les gilets jaunes et la génération climat. Mais voici venir les questions du public et celles-ci seront moins policées. Une syndicaliste : "nous, chez nous, les gilets jaunes on les a soutenu dès le départ". Un autre demande comment avance la réflexion sur le rapport de force. Quid de la grève générale ? Un jeune militant climatique et gilet jaune déclarera "Je n'ai pas la même vision que vous sur vos organisations et elle n'est pas positive. En gros qu'est-ce que vous proposez de concret ?". ATTAC se défendra d'avoir soutenu les gilets jaunes dès le départ. Martinez concédera un "mon conseil ? prenez-vous en main".

Votre révolution, vous la prendrez bien avec un nuage de lait ?
Votre révolution, vous la prendrez bien avec un nuage de lait ?

Sur le camp, l'ambiance n'est pas meilleure. Le jeudi matin, un tag est apparu sur un box du centre Pierre et Vacances : "Le pacifisme collabore". Le vendredi une assemblée doit statuer sur une manifestation sauvage, une action de blocage économique. Sur lundi.am, un témoignage : "des membres des organisations font un discours pour culpabiliser les gens participant à cette action, en leur disant que participer à des actions radicales, c’est ne pas respecter la situation et l’histoire politique du Pays basque". Quelques 400 manifestants décideront néanmoins de partir pour bloquer l'autoroute. Ils chemineront jusqu'à leur cible, seront détournés et rentreront par la nationale. C'est alors que leur route croisera deux motards. Perdus selon les uns, sortant d'un camping suivant les autres. Chahuté pour les uns, roué de coups pour les autres. Un moto rayée et plus de peur que de mal : "Ils ne sont pas blessés physiquement [...] Ils auraient pu être tués".

Sur le camp, on prépare l'action du lendemain à Bayonne, l'Acte 41 des gilets jaunes. Certains proposent de rejoindre directement une plage proche de Bayonne pour être sur place le lendemain. On étudie les cartes. Et puis soudain : annulez tout ! Une membre de l'organisation a été prise à photographier un peu trop ostensiblement des gens. Son téléphone est saisi alors qu'elle s’apprêtait à envoyer un message très cryptique "téléphone HS" au groupe Telegram de l'organisation du contre G7. Le téléphone révèle des photos et des comptes rendus envoyés à un numéro inconnu. Mais surtout, cette personne était très impliquée dans l'organisation de l'acte 41. Que faire ? On s'interroge. Et puis nouvelle alerte : la manifestation a été attaquée.

Après l'épisode des motard égarés, les voltigeurs sont entrés en action contre les manifestants. "J'en ai fait des manifs, mais j'ai rarement vu quelque chose d'aussi violent", indique une personne croisée sur place. Certains sont poursuivis le long des falaises, d'autres traqués par la BAC à travers les champs. Les journalistes sont empêchés de filmer. Au camp, la défense s'organise, on ne peut pas laisser seuls les camarades. Certains apparaissent masqués, d'autres enfilent leur capuche en public. Des barricades sont constitués jusqu'à l'entrée du complexe de Pierre et Vacances. Des pierres sont jetées sur la police qui est sur la route aux abords du chemin : "Cassez vous, Cassez vous". L'action s'intensifie et les caillassages aussi. La police charge. Les manifestants sont gazés, contournés et les forces de l'ordre avancent, pénètrent dans le complexe et se retrouvent au contact de la barricade qui défend l'entrée du camping. Des membres de l'organisation, au milieu de l'émeute, sont en contact avec le préfet : ils veulent faire cesser l'opération. Finalement, après quelques longues minutes, la police se retire. Elle sera harcelée jusqu'à la barricade du bas.

Les mulots ont en pris pour leur grade
Les mulots ont en pris pour leur grade
Une dernière photo tant qu'il y a encore un peu de lumière
Une dernière photo tant qu'il y a encore un peu de lumière

Notre infiltrée profitera de cette confusion pour s'échapper. Elle se réfugiera probablement dans les locaux de Pierre et Vacances puis sera extradée par son contact au moment de l'attaque du camp. Dans l'Express on apprendra qu'il ne s'agissait pas d'une policière mais d'une "informatrice" d'un "service". Elle-ci faisait partie des gilets jaunes Toulousain depuis Janvier, avait assisté aux AG, aux commissions et s'était rapprochée des branches les plus "deter" du mouvement. Elle participait à la Legal Team et se servait de ces positions pour se rapprocher d'autres groupes. Elle faisait partie de l'organisation du Contre-G7 et avait organisé la venue de nombreux toulousains. Elle co-organisait l'acte 41 du lendemain à Bayonne.

Bayonne, justement... nous y sommes. Nous avons passés un premier contrôle sur l'autoroute où la voiture a été entièrement fouillée. Puis croisé des agents aux ronds points ou mangeant dans les restaurants en périphérie de la ville. Les ponts qui défendent l'entrée du centre ville sont entièrement occupés. Mais il faut passer. Devant moi : "Non monsieur l'agent je ne me fout pas de votre gueule, je veut juste me balader à Bayonne et j'ai un gilet jaune dans mon sac.". Plus loin, dans les ruelles du centre ville, on relève nos identités. La BAC rode et menace "si on vous revoit, on vous casse la gueule". La ville est morte, on croise des journalistes de chaines étrangère qui ne savent plus trop quoi filmer : "Monsieur vous avez mis cette dame mal à l'aise en la filmant sans autorisation". Pourtant l'image était belle, quelques vieilles dames sur un banc, et en contre plan, des voltigeurs garés à l'ombre de l'église. Puis la nasse géante va commencer à se refermer. On ne sort plus si facilement des ponts. Un petit cortège va finir par se former. Environ 500 personnes à l’intérieur et quelques 1000 autres à l’extérieur sur la berge. La rumeur parlera d'une centaine d'arrestations. Et puis ce point de rendez-vous, cet objectif fou : le supermarché Castorama pour "le piller, se servir en masques et affronter la police", tout ceci à l’intérieur de la zone la plus sécurisée de France. Au final ce ne seront que quelques jets de cailloux et une manifestation bien vite nassée. Dans le ciel, c'est maintenant trois hélicoptères qui tournent et semblent vous suivre lorsque vous passez les ponts.

Vous pensez qu'on en a mis assez là ?
Vous pensez qu'on en a mis assez là ?
Attention mesdames, messieurs, c'est rentrée définitive
Attention mesdames, messieurs, c'est rentrée définitive
La presse étrangère qui ne sait plus quoi se mettre sous la dent
La presse étrangère qui ne sait plus quoi se mettre sous la dent

Une première série de tweet tombe :

Tweet du 24 août 4:42
Tweet du 24 août 4:42
Une nouvelle action à venir ?
Une nouvelle action à venir ?

Retour sur le camp de Hendaye. L'atmosphère de petit village gaulois qui résiste encore et toujours, s'est transformée en atmosphère de siège. Le camp n'est plus que rumeurs bruissantes et préparations pour des buts incertains. Aux alentours du camp les routes sont occupées. Nous avons croisé une compagnie de CRS au rond-point de sortie de l'autoroute, puis un barrage au dernier rond-point avant le camp. Mais curieusement encore, on nous laisse passer sans encombres. Une AG a eu lieu et le mot est passé : ce soir le camp va être envahi. Des personnes capuchonnées vont et viennent. Aux entrées, de nouveau ,des barricades. Certains s'équipent pour aller se fondre dans la nature et aller harceler le police là où elle se trouve. D'autres s’endorment persuadés qu'on en est pas là. Le réveil sous les lacrymogènes n'aura pas lieu.

A 5h du matin, une nouvelle serie de tweets :

Tweet du 25 aout à 5:16 du matin
Tweet du 25 aout à 5:16 du matin
Des arrestations dans l'organisation
Des arrestations dans l'organisation
Circulez, il n'y a plus rien à voir
Circulez, il n'y a plus rien à voir

Les associations déplorent plusieurs arrestations, mais l'une d'entre-elles a fait particulièrement mal. Le militant basque espagnol Joseba Alvarez, est contrôlé aux alentours de 1h du matin et la police découvre subitement qu'il est sous le coup d'une interdiction de territoire français. Il est derechef raccompagné au pays basque sud. C'était le responsable de l'action "mur populaire", l'action de la dernière chance. Dans Libération, Eñaut Arramendi, membre de G7 Ez s'insurge :

«Cette arrestation est surréaliste. Comment une personne qui a participé à toutes les réunions préparatoires, qui a participé à des débats, organisé les rassemblements pacifiques a pu être arrêté comme ça, lors d’un simple contrôle où il découvre cette interdiction de territoire» «Nous ne comprenons pas cette réponse de l’Etat, qui met de l’huile sur le feu»

Mais les dés sont jetés et le camp sombre. Un agitateur passe encore dans le camp, en gilet jaune, tapant sur une casserole "Tous à la plage de Bidart. On part de là et on marche sur Biarritz". Une amie s'approche quelques minutes plus tard : "Il ne faut pas y aller. Ils sont 50 et nassés par 300 CRS." L'hélicoptère s'est maintenant nettement rapproché et il tourne, en cercles concentriques, autour du camp.

ContreG7 et G7 crient victoire, seraient-ils tous deux à coté de la plaque ?

L'annonce des annulations provoque l'explosion d'une bonne partie de la tweetosphère militante. La trahison de ce fameux "consensus d'action" prenait corps devant leurs yeux. Les citoyennistes , les pacifiques étaient compromis ! Il fallait s'empresser maintenant de couper la branche morte. L'état s'empressa d'appuyer dans leur sens.

Dans Le Point d'abord avec ce "Il faut saluer les organisateurs des rassemblements qui ont tout fait pour maintenir les éléments violents à distance, notamment concernant le choix des parcours. L'ultra-gauche et ses black blocs ont été marginalisés par des militants tout aussi hostiles qu'eux au G7". Mais plus loin, s'empressant d'engranger la victoire : "Les renseignements – SCRT et DGSI – ont pourtant compté près d'un millier d'activistes prêts à en découdre durant ces trois jours" "Tous nos objectifs étaient bien présents sur zone". Mais où était la fameuse "armée fantôme", le fameux black-bloc ? Était-ce cette grosse centaine de militants du vendredi soir, visage masqués et tatouages découverts, prêt à caillasser la police qui attaque de façon ultra-violente une manifestation. Où alors était-ce cette centaine d'interpellés, dont 3 observatrices de la LDH, parqués dans un centre prêt à en accueillir 700 ? Où alors ces 3 allemands, envoyés directement en prisons, car "ils avaient de la littérature gauchiste".

La fameuse armée fantôme. A droite le centre Pierre & Vacance où s'était réfugié l'infiltrée.
La fameuse armée fantôme. A droite le centre Pierre & Vacance où s'était réfugié l'infiltrée.

Le red block est venu en soutien au black block. Toutes les cibles effectivement sur site.
Le red block est venu en soutien au black block. Toutes les cibles effectivement sur site.

Et pourtant l'état choisit de ne pas en rester là. Le 29 août, le Canard enchaîné publie une brève qui en fait bondir plus d'un. Ainsi, "En échange d'une annulation des sept action de désobéissance civiles, les responsables des deux groupes d'activistes locaux ont obtenu l’autorisation officieuse de défiler le dimanche lors de la marche dites "des portraits"". Le pavé est lancé dans la mare. Enfin la goutte de trop qui fera déborder le vase ? Les principales associations visées vont formellement démentir toutes négociations . Et enfin le vernis va commencer à se fissurer.

C'est d'abord Laurent Thieulle, un militant ATTAC du pays basque nord qui va publier une tribune. Il décrit deux groupes opposés dans la plateforme du Contre G7 : les institutionnalistes adeptes des conférences et du combat des idées. Et les altermondialistes plus épris d'indépendance et décidés à perturber le sommet. Les premiers l'emportant et détruisant au passage le consensus qui prévalait jusqu’alors. Est aussi dénoncé l'amateurisme financier et cette surprise du mois de juin : le lieux où doivent se dérouler les conférences passant subitement de 4000 euros à 16 000 euros siphonnant, au passage toutes les ressources financières prévues pour le camp. Enfin cette commission action, "réduite à la portion congrue", envahie par "des militants pacifistes hors-sol qui ont produit des protocoles d’action tellement complexes qu’ils en devenaient inapplicables". Un consensus d'action "devenu de fait un consensus d’inaction". Et finalement une annulation des actions du dimanche peu surprenante, compte tenu que celles-ci avaient été opportunément oubliées sur les tracts diffusés en juin. Et puis cerise sur le gâteau, ce démenti à la brève du Canard Enchainé dont la teneur n'aurait pas été du goût de tout le monde mais qui aurait été imposé et passé en force.

Et puis cet article dans lundi.am. L'auteur dénonce lui la "gauche indépendantiste institutionnelle" basque changeant "soudainement de comportement" en mai, prenant ses distances avec les autres tendances contestataires et poussant à la "dissolution de la dynamique jeune contre le G7 « Oldartu »" (mouvement de jeunesse basque). Il dénonce l'irruption tardive dans l'organisation, en juillet, des mouvements Bizi et Alternatiba, une arrivée qui fut fortement médiatisée et ceci autour de la seule question de la non-violence. Et l'auteur d'affirmer : "La gauche indépendantiste n’a jamais voulu de ce contre-sommet. [...] Elle a réussi à démontrer qu’elle tiendrait le territoire pacifique, qu’elle éviterait tout débordement. On peut s’attendre à certains cadeaux du gouvernement dans les mois qui viennent." Un cadeau qui pourrait prendre, si l'ont en croit les rumeurs du camp, la forme d'un rapprochement des prisonniers basques. Un premier a été transféré il y a quelques jours.

Mais l'auteur ne s'arrête pas là et renvoie dos-à-dos ceux qui cherchent un bouc émissaire parmi leurs alliés. Ainsi les associations altermondialistes "après des mois d’inexistence médiatique" ont voulu "marquer le coup". Mais "tout le monde ressent la fadeur et l’artificialité de ces actions". Les radicaux anti-capitalistes, eux, ont "l'incapacité à réfléchir à une stratégie et à une analyse pertinente de la situation." "Dans sa branlette d’adrénaline émeutière" ils n'ont "vu les enjeux de ce contre-sommet que dans une gigantesque émeute". Enfin les gilets jaunes "ont délégué toute organisation tactique et stratégique à un allié imaginaire et fantasmé", "le fameux « black bloc » arrivant en sauveur pour sauver toute mobilisation". Un constat qui fait dire à l'auteur "Alors que tout le monde est persuadé que la rentrée sociale de septembre sera l’occasion de revivre la révolte de décembre de manière prolongée et artificielle, cette mobilisation n’a fait que démontrer une vérité bien âpre : Rien ne se fera sans prise de risque, aucun mouvement ne viendra seul."

Si le contre G7 aura déjà permis cette prise de conscience, alors il aura été couronné de succès. A vouloir trop bien faire, l'état "en marche" aura-t-il fourni à ses opposants l'occasion de se renouveler ? Mais ce n'est pas la seule leçon qu'il sera permis d'en tirer. Il aura permis à ceux qui se sont rendus sur place de vivre dans leur chair la réalité de l'état policier. Un sentiment d'ultra surveillance qui accompagnera les manifestants loin et longtemps jusqu'à chez eux.

La crème de la crème
La crème de la crème

Ce sont d'abord 13 000 policier déployés pour l'occasion dans un mouchoir de poche. Autant que dans tout le reste de la France. La police partout, tout le temps. Un aller Hendaye-Bayonne, nous les croiserons pas moins de 13 fois. Aux ronds-points, aux péages, sur l'autoroute, dans le même sens ou dans la direction opposée. La guerre électronique n'était pas en reste. Réseaux de téléphonie mis sous étouffoirs (on ne capte presque pas). Rumeurs de plaques relevées automatiquement par les caméras au péages (un système qui serait déjà mis en place à la frontière avec les Pays-Bas). L'armée dans les hauteurs avec ses moyens de surveillance des ondes. Et puis cette brutale chute de l'audience des médias d’extrême gauche, une audience sur Facebook soudainement divisée par 1000. Parfois dès le début de l’événement, mais plus souvent à la suite de la diffusion de la photo de l'agent des renseignements qui fut démasquée. Dans le ciel, de nombreux drones. Et un, parfois deux, jusqu'à trois hélicoptères volant de concert avec leurs caméras de haute précision.

On ne change pas une équipe qui marche
On ne change pas une équipe qui marche

Les méthodes maintenant. Durant ce sommet nous avons pu voir des observatrices de la LDH mise en garde-à-vue pour empêcher qu'elles observent. Et des journalistes dépouillés pour ne pas qu'ils puissent se protéger. Nous avons vu des jeunes allemands emprisonnés car transportant de la "littérature gauchiste". Et la police mentir pour ne pas qu'ils soient correctement défendus. Nous avons pu voir une police provoquant une manifestation sauvage puis la chassant comme si c'était du gibier. Pourchassant les manifestant à travers champs et le long des falaises alors que le corps de Steve venait à peine d'être enterré. Nous avons pu voir des fuites dans la presse destinées à jouer une part des manifestants contre les autres. Et des négociations secrètes menées tous azimuts par Laurent Nunez pour guider la mobilisation là où l'entendait le gouvernement. Nous avons vu un organisateur toléré pendant des mois, puis arrêté au moment où il déviait du cadre, à un 1 heure de matin lors d'un contrôle routier apparemment anodin. Et puis cette infiltrée, membre de l'organisation et responsable des actions les plus tendancieuse, en contact avec les milieux les plus déterminés. Ayant insisté pour que de nombreux toulousains se déplacent et fichant les manifestants pour qu'ils soient arrêtés. Dans Médiapart, nous pouvons lire qu'elle faisait partie, à Toulouse, du groupe des "huit", une cellule ayant pour objectif de créer des outils de défense (banderoles et fumigènes) Une cellule arrêtée à la suite d'une descente en pleine réunion. Dans ce groupe une autre personne était aussi infiltrée. Poussant au crime, essayant de convaincre ses camarades de "faire sauter des voies de chemin de fer".

A la lumière de ces méthodes, nous sommes en droit de nous poser de sérieuses questions. La violence du mouvement des gilets jaunes a été un repoussoir pour une partie de la population. Alors qu'après neuf mois de lutte, presque la moitié de la population les soutiens encore, quelles auraient été les conséquences pour l'État si l'ensemble des soutiens avait fini par descendre dans la rue ? A Montpellier nous avons pu voir des infiltrés casser des abris-bus pour gagner la confiance du "chef des casseurs". A Paris, au début de mouvement, des policiers infiltrés furent pris la main dans le sac en train de saccager un petit commerce. D'autres arrêtés par leurs collègues alors que ceux-ci pensaient avoir affaire à des manifestant violents. Des méthodes qui ne sont pas nouvelles. Et puis ces techniques dignes de la gestion du terrorisme par le FBI. Pousser au crime les sujets sensibles. Leur fournir les moyens de commettre leurs crimes. Et puis interpeller, placer des interdictions de manifester, de le prison avec sursis, des amendes ... Et voilà le mouvement social qui se réduit à peau de chagrin.

Ce G7 a été un laboratoire et une vitrine de la répression policière, l'Etat a donné tout ce qu'il avait. Il s'agissait d'engranger une victoire et de marquer définitivement la fin du mouvement de contestation. Le gouvernement n'a-t-il pas surjoué sa main, ne se trompe-t-il pas de chemin ? Car contrairement à ce qu'il croit, le mouvement social ce n'est pas simplement un débat d'opinion: ordre contre chaos, légitimistes contre séditieux, extrêmes contre modérés. Les casseurs ne cherchent pas à déstabiliser la démocratie, ils cherchent à faire passer un message politique. Ils dénoncent une situation devenue intenable et qui, jour après jour, ne fait que s'aggraver. Crise des inégalités, crise écologique, crise de notre modèle de développement : face à ces questions, une seule réponse, les enfermer sous une chape de plomb. Mais dessous, la marmite continue de bouillir et un jour elle devra bien finir par exploser.

Pas de justice, pas de paix
Pas de justice, pas de paix
Ce porte là était peut-être un peu trop bien cadenassée
Ce porte là était peut-être un peu trop bien cadenassée
Débats sur les murs
Débats sur les murs

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