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par Antoine Champagne - kitetoa

Faits marquants d'un quinquennat : Palomita de mi corazon

Allez, plus que trois semaines. Trois semaines avant la possibilité de tourner la page du quinquennat le plus terrible de la cinquième république. A chacun son George Bush, n'est-ce pas... L'occasion donc, de faire un petit exercice de mémoire. Car la présidence Sarkozy a été marquée par le concept du saut permanent en avant. A chaque jour, quasiment, sa déclaration fracassante, le scandale et les discussions qui lui sont liées.

Allez, plus que trois semaines. Trois semaines avant la possibilité de tourner la page du quinquennat le plus terrible de la cinquième république. A chacun son George Bush, n'est-ce pas...

L'occasion donc, de faire un petit exercice de mémoire. Car la présidence Sarkozy a été marquée par le concept du saut permanent en avant. A chaque jour, quasiment, sa déclaration fracassante, le scandale et les discussions qui lui sont liées. Mais à l'instant où la discussion commence à prendre forme, une nouvelle déclaration fracassante la brise. On passe en permanence à autre chose. La rupture omniprésente en quelque sorte.

Le travail de mémoire est singulièrement empêché par cette stratégie du Zébulon hystérique.

Notre premier article n'évoquera pas le Fouquet's. Il analysera l'escapade de Nicolas Sarkozy sur e Yacht de Vincent Bolloré, le Paloma.

Rompu aux dernière techniques du marketing politique, Nicolas Sarkozy avait laissé entendre, avant l'élection présidentielle de 2007 que, s'il était élu, il se retirerait quelques jours dans un monastère pour prendre la mesure de la charge présidentielle. C'était beau. C'était profond. C'était faire preuve d'une large capacité d'introspection. Las... Ce n'est pas dans un monastère qu"il se retira. Mais sur le yacht de luxe de Vincent Bolloré : le Paloma.

Une petite virée offerte au nouveau président par un industriel, pour une valeur de 180.000 euros... Une paille. Et une nouveauté surtout.

La presse s'émeut doucement. Que dit Nicolas Sarkozy ? Qu'il ne s'excusera pas.

Le ton du quinquennat est donné : je fais ce que je veux. Ca ne vous plaît pas ? Cassez-vous pov'cons, je m'en contrefout et je ne m'excuserai jamais de rien.

Mais comme l'histoire ne retombe pas, le nouveau président tente de se justifier :

« Vincent Bolloré est un des grands industriels français. Il n’a jamais travaillé avec l’Etat. Il fait honneur à l’économie française. »

Et en écho, Vincent Bolloré précise : « Nous n’avons aucun contrat avec la puissance publique ».

Read my lips : no new taxes

En 1988, papa Bush, alors candidat républicain à la présidence fixait la caméra et laçait cette phrase célèbre : « Read my lips : no new taxes ». La belle promesse électorale que voilà... Bien entendu elle ne fut pas tenue.

Cette fois, en France, nous avons une variante : "écoutez bien ce que je vous dit : Vincent Bolloré n'a jamais travaillé avec l'Etat". Sous-entendu, il l'y a là aucun conflit d'intérêts possible.

Sauf que...

A bien y regarder, le groupe Bolloré qui est une terrible nébuleuse de sociétés, travaille main dans la main avec l'Etat français. L'influence de la France en Afrique est à la base de la réussite du groupe sur ce continent et les pressions informelles et amicale de la diplomatie française ne peuvent que favoriser cette société dans la région.

Mais si l'on veut du concret, c'est dans la rapport annuel de l'époque, déjà, qu'il fallait aller chercher :

« IER produit des bornes pour les administrations, les collectivités locales et les entreprises permettant des transactions interactives automatisées (libre-service d’affranchissement à La Poste, certificats de non-gage dans les préfectures, CNAM). Il est également présent dans l’intégration de matériels, de progiciels et de consommables dans les domaines de l’informatique mobile, de la traçabilité par code barres et de la distribution de produits d’identification automatique. » _« Le Groupe Bolloré a voulu permettre à IER et à sa filiale Automatic Systems de passer d’un statut de fabricant d’imprimantes mécaniques à celui de concepteur constructeur de bornes, intégrant une forte composante logicielle.__ Les investissements réalisés commencent à porter leurs fruits, et le résultat opérationnel consolidé poursuit son amélioration, même s’il reste négatif de 4 millions d’euros. Il intègre des dépenses de recherche et développement pour 11 millions d’euros. IER a réalisé en 2006 un chiffre d’affaires de 167,7 millions d’euros, en retrait de 3,5 % à périmètre et changes constants par rapport à 2005. Les ventes de terminaux, imprimantes, lecteurs d’embarquement et bornes sont en retrait par rapport à l’exercice 2005, qui avait bénéficié d’importantes commandes. En revanche, les activités de services concernant les terminaux et bornes ont réalisé un chiffre d’affaires de 32 millions d’euros, en nette progression par rapport à 2005.Les ventes de RFID (Radio Frequency Identification, « système d’identification par radiofréquence ») ont à nouveau connu en 2006 une forte croissance, supérieure à 70 %. La mise en service au second semestre 2005 d’une deuxième ligne de production a permis de faire face à la demande d’étiquettes RFID en 2006 ; il est prévu de mettre en place une troisième ligne en 2007.L’activité contrôle d’accès, qui représente plus de 30 % des activités d’IER, a réalisé un chiffre d’affaires de 53,4 millions d’euros, en augmentation de 9 % par rapport à 2005. Les marchés de transports publics ont contribué pour la plus grande partie à cette croissance. »_« La division Distribution d’énergie en France dispose désormais d’un réseau de 99 agences qui assurent la distribution de fioul domestique et d’autres produits pétroliers auprès de 400 000 clients, particuliers et professionnels. La distribution de « détail », qui approvisionne une clientèle de particuliers, d’agriculteurs, d’immeubles et d’administrations, représente 1 000 000 de m3, et l’activité « négoce », qui fournit les transporteurs et les revendeurs-détaillants, représente 1 100 000 de m3. »

Par ailleurs, SFDM est concessionnaire pour 25 ans d’un oléoduc (concédant, pour ceux qui auraient un doute : l’Etat français) et Bolloré Télécom est concessionnaire de licences Wimax pour 20 ans. Aucun contrat avec la puissance publique, donc.

Le Journal officiel regorgeait par ailleurs de contrats remportés par le groupe Bolloré.

Pour les curieux, tout est là :

Document 1Document 2Document 3Document 4Document 5Document 6Document 7Document 8Document 9Document 10

Il n'y a que les anarcho-terro-pédo-gauchistes-nazis pour imaginer un instant que ce cadeau, parmi d'autres, puisque Vincent Bolloré a également beaucoup prêté son avion privé à Nicolas Sarkozy (pour aller à Malte ou en Egypte, par exemple), pouvait constituer un conflit d'intérêts. Patrick Balkany, avait pour sa part comparé l'usage de l'avion privé de Bolloré  à « un ami qui vous (prêterait) sa voiture ». A chacun ses moyens de transport. Et quand la RATP me prête son RER, il y conflit d'intérêts ou pas ?

Nicolas Sarkozy n'y a jamais rien vu de mal non plus. Tout au plus a-t-il mis sur le dos, de manière très élégante, de Cécilia, son ex-femme, le séjour sur le Paloma. Il va pourtant  de soi qu’il est plus facile de faire du lobbying intelligent, un peu fin, auprès d’un président de la république à qui l’on a payé sur ses propres deniers des vols en avion privé et un séjour sur un yacht luxueux de 60 mètres, que sur un président qui n’a, ni relations amicales avec vous, ni n’accepte de vacances tous frais payés de votre part.

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